Vous avez raison, Jean_Meneault et c'est la sagesse qui s'est exprimée par votre plume.
Hélas, pour mon plus grand malheur, je suis moins sage que vous et mon plaisir n'est que la moitié, tout au plus, de ce qu'il pourrait être lorsqu'il ne m'est servi que par le hasard. Le plaisir me vient au moins autant de cette obstination à chercher à comprendre, sans même savoir si le fait de ne pas trouver ôte quoi que ce soit de ce plaisir.

Par votre réponse, vous confirmez les deux extrêmes que j'évoquais. Ferrer l'un et refuser d'amorcer grossièrement pour attirer l'autre est une attitude que ne pourrait dénier le pêcheur avisé. Il demeure néanmoins cet entre-deux occupant une place si grande que l'on ne puisse s'empêcher de s'interroger quant aux qualités de l'amorce ou de l'appât, voire de la distance de l'hameçon au fond.

Si plumette ne finira pas dans votre bourriche, il me semble que JulieM, Missneko ou Pouet, par exemple, auraient pu pendre au bout de votre ligne si celle-ci n'avait pas cassé lorsqu'ils se débattaient encore dans l'eau.

Avez-vous déjà surpris des conversations de pêcheurs au bord d'un étang lorsqu'ils discutent de leurs techniques ? C'est tordant ! Vous me rétorquerez sans doute que pendant tout le temps qu'ils discutaient, ils ont peut-être loupé un brochet. Mais ils auront passé une bonne journée tout de même. Parfois, même, il se surprennent à goûter à la joie de ramener sur la berge l'anguille qu'il pensaient éviter.

Ce que vous dîtes est très juste, stony. Véhiculé par votre métaphore, votre pensée précise encore ses contours.
La recherche est pour moi aussi une motivation en elle-même, et tout ce que je lis ici nourrit ma réflexion. Je ne peux m'empêcher comme vous de penser aux moyens qui auraient pu satisfaire plus de lecteurs et, bien sûr, certains pourraient basculer si j'avais retravaillé, fouillé, ré agencé certains passages. Peut-être aurais-je dû. Mais de l'autre côté arrive le garde-fou : on ne créé pas ce genre d'objet pour qu'il plaise à tout le monde. On le conçoit car on le croit digne d'intérêt, proposant, apportant quelque chose. Et c'est respecter les lecteurs en quelque sorte que de ne pas dénaturer l'objet, ne pas le polir afin qu'il soit agréable à l'œil. L'agréable n'est pas le Beau, comme disait l'autre. Cela ne veut évidemment pas dire qu'un texte doit être désagréable pour être digne d'intérêt. Mais, procédant ainsi, on perd sans doute des gens au passage. Si déjà on apporte un petit quelque chose, sincère, "engagé" (au sens de pétri d'intention) à quelques personnes, alors on a réussi. Sans compter qu'une chose qui ne nous plaît pas peut aussi nous enrichir.

Mais au final, la réflexion reste ouverte et c'est tant mieux. Il faut toujours chercher et remettre en doute, je le crois.

Merci pour ces échanges, pour le temps accordé à discuter, vos images. C'est un plaisir et c'est dense en matière...à réflexion(s).

Je vous en prie. Je ne lis plus guère et j'ai été content de vous lire. Je vous souhaite encore de nombreux lecteurs, du Vraiment Pas à l'Exceptionnel, peut-être.

Citation :

Bjr,

Certes non.

De plus, je suis assez fan de l'absurde, Beckett je le trouve chouette, pour moi Kafka n'est pas caca et Jarry est mon ami, soyez-en sûr...

Juste j'ai trouvé votre absurde un peu trop appuyé à mon goût. J'ai bien compris que c'était bien là votre intention mais pour ma part je n'y ai goûté que moyennement ce jour-là. Je précise ce jour-là car peut-être que si j'avais lu ce texte à un autre moment ou si je le relisais ultérieurement mon appréciation différerait.
Mais tel ne fut pas le cas...
Un peu absurde me direz-vous?

Sinon le fil dentaire c'est pas mal non plus pour enlever la barbaque récalcitrante coincée entre les chicots...

Bonjour Jean

je vous remercie d'avoir expliqué votre démarche d'écriture qui est singulière et donne un résultat qui ne laisse pas indifférent!
la lecture des commentaires et de vos retours sur ces commentaires m'éclairent et m'incitera à aborder vos prochains textes sans doute un peu différemment.
lorsque j'ai commenté le dentifrice en espace lecture, ce texte m'a vraiment dérangée car je lui ai trouvé une qualité de "style" et je regrettais sans doute de n'avoir à aucun moment pu entrer dans l'univers de l'auteur.

A vous relire!

Plumette

Salut,

C'est juste pour dire que j'ai lu et bien aimé, j'ai renoncé à valider mon commentaire hier car je parlais trop de dentifrice et pas du tout du texte.

Dentifrice, d'un point de vue littéraire, c'est un mot particulier : il ne rime à rien, sa terminaison est un véritable hapax sonore, le souffle qui en produit le son est unique...

Ça ressemblait un peu à ça, donc voilà, j'ai laissé temporairement tombé.

Mes remerciements à :

carbona : Merci pour votre commentaire. Effectivement, votre idée de fin est intéressante, une fin qui relancerait l'histoire en la menant vers une nouvelle quête tout aussi absurde si j'ai bien compris (à la recherche de shampooing par exemple). Cela pourrait être une solution, oui. J'ai opté pour une exagération conduisant jusqu'au chaos, car, parti d'une situation initiale sans relief, il me semblait fou (et matière à développement, emballement) de terminer tout cela avec cette tuerie extrême et ridicule, ce suicide du personnage principal, cette bave qui finit par tout engloutir etc... Il est vrai aussi que le départ de la femme est balayé en quelques mots, je désirais souligner, en cela, la rapidité, l'importance relative peut-être de l'évènement, la fragilité (traitée là-aussi à l'extrême) du couple. Je vous remercie pour cette lecture et vos retours très intéressants.

aldenor : Je suis content que cette nouvelle vous ait amusée. Vous avez, en outre, été sensible à la progression du texte. Comme d'autres lecteurs, vous avez été moins séduit par la débauche de bave, de morceaux du second personnage etc... Je le comprends, nous en avons déjà un peu discuté avec d'autres lecteurs sur le fil. Un grand merci à vous de défendre ce texte avec votre "beaucoup", légitimement tempéré par vos petites réserves. A bientôt!

Cat : C'est un plaisir pour moi de vous "revoir" sur Oniris. J'apprécie votre douceur, qui n'altère en rien votre sincérité. Merci de m'avoir lu alors que vous n'évoluiez pas sur votre terrain de prédilection. Oui, les grandes enseignes, plus impersonnelles, ont remplacé les magasins d'autrefois, témoignage de l'évolution choisie par nos sociétés, et cette constatation, simple mais réelle, va dans le sens du fond du texte. Merci encore d'être passée, et à très bientôt j'espère.

GillesP : Merci à vous d'être venu lire et donner votre avis. Tous les avis sont pour moi précieux et enrichissants. Ce qui attire mon attention dans le votre est que vous n'ayez pas retrouvé de crescendo dans le loufoque ainsi que vous le dîtes, là où d'autres lecteurs aiment le début mais trouvent que le système va trop loin dans le n'importe quoi par la suite. J'aime beaucoup le fait que ces ressentis divergents puissent coexister. Et j'entends bien que vous ayez fortement relevé les éléments déjantés du début, et que, peut-être, vous auriez aimé que tout cela vienne de plus loin, avec une progression plus "allongée". Alors merci pour votre commentaire et pour votre "au plaisir de vous lire" final toujours, humainement, très agréable.

Pouet,

Merci pour votre humour!
Je réalise sans mal l'importance du moment de lecture, de l'impact des circonstances, de l'environnement sur l'appréciation d'un texte. Alors, cette fois, je ne trouve pas cela absurde ;)

Vous dîtes qu'il existe du fil dentaire? Ca a l'air vraiment pratique tel que vous en parlez. Même si je suis sceptique quant à l'existence d'un pareil outil, je vais partir voir s'ils en ont au supermarché...

Plumette,

Je vous remercie beaucoup d'être revenue commenter ici. Cela arrive parfois que l'on ne comprenne pas pourquoi un texte qu'on trouve bien écrit, a priori intéressant, demeure si hermétique pour nous. Votre démarche, être venue lire ici les quelques explications que j'ai pu donner, est très respectable et j'en suis honoré. Je ne puis donc qu'encore une fois vous remercier, et vous donner rendez-vous à la prochaine publication, ce sera avec plaisir bien sûr!

Jean

David,

Merci beaucoup d'avoir lu ma nouvelle, d'avoir passé du temps à écrire un commentaire même sans le publier et enfin d'être venu me le dire ici.
"Dentifrice", oui, c'est un mot particulier. C'est aussi pour cela que je l'ai placé en titre, sans déterminant ou autre élément, juste Dentifrice. Je le trouvais délicieusement "antilittéraire", n'appelant pas à la rêverie. Ce qu'il désigne, en outre, est un objet usuel, a priori rarement utilisé pour les métaphores. Bref, articuler une histoire comme celle-ci autour du dentifrice me parût tout à fait logique, au fond. Le dentifrice, c'est aussi important que dérisoire, ni repoussant ni fascinant. Le placer en Graal a nourri mon imaginaire.

Je ne sais pas si j'évoque ce que vous souhaitiez aborder dans votre commentaire, mais en tout cas votre début de réflexion m'a parut tout à fait intéressant et proche de ce que je voulais construire avec ce texte. Je suis ravi également que vous ayez aimé.

Merci pour votre post sur ce fil!