Bonjour Eclaircie,

Je profite de votre très rassurant avis pour dire combien peut être "dynamisant" ce travail d'analyse rétrospective (d'auto-analyse pourrait-on dire) destiné à présenter ses propres créations.

N'étant pas des machines créatives, pas même interprétatives, un poète (mais il en ira de même dans les autres champs artistiques) ne peut pas, ne pourrez pas - c'est ma conviction -, ne devrez pas espérer procéder dans une mécanique littéraire pour écrire. Il me semble impensable d'agir, en préalable à l'écriture proprement dite, en établissant un plan, un développement rigoureux, des expressions à citer, des connotations à placer, etc... Chacun de ces constituants doit surnager dans l'esprit de l'auteur, de façon plus ou moins consciente, plutôt peu maîtrisé donc, pour s'agencer au gré du déversement du phrasé. L'écriture, plus ou moins impulsive, doit puiser dans une sorte de "base de données" que l'auteur a renseigné en amont avec les dits-constituants. Le travail formel doit venir dans un troisième temps (ou un deuxième temps et demi en "classique") pour réagencer la "propreté" littéraire.

Si bien que pour l'auteur, l'analyse de son texte est un regard rétro-actif. Rétro puisqu'il revient sur un passé (celui du contenant et celui du contenu), actif parce qu'il demande d'en reconstruire le cheminement ; et là il y a redécouverte. Le temps a passé, le regard de l'auteur a été un peu délavé, voire lavé, il revient avec une certaine virginité vers ce que l'autre lui, celui d'un autre temps a cherché à signifier. Autant dire que l'implicite d'alors bouscule pas mal l'explicite d'aujourd'hui. C'est passionnant pour l'auteur, ça peut être intéressant pour le lecteur ! Eclaircie, je vois dans votre remarque que vous êtes aussi sensible à ce processus, je m'en réjouis.

Merci encore pour vos aimables mots.

J'adhère à fond !

Aïe, là je vais me sentir mal, car c'est justement ce que je ne sais pas faire.
Pas vraiment me sentir mal mais mesurer ce qu'il manque beaucoup à mes textes.
Mais bon, c'est perso, je ne peux procéder ainsi (au risque de tout détruire).

Et je suis d'autant plus admirative de votre démarche, j'y vois là une maturité et vos poèmes s'en ressentent (j'ai lu les autres publiés ici)

Bonjour Vincente,

je me reconnais dans ton évocation de l'écriture plus ou moins impulsive, me concernant plutôt plus que moins. Il y a encore quelques années, j'écrivais mes poèmes d'un seul jet sans jamais les retoucher, c'est toujours le cas même si je tends aujourd'hui à évoluer à ce sujet, notamment grâce à Oniris.

Pour ce qui est de ton analyse de l'analyse rétro-active d'un texte, je trouve cela ma foi fort intéressant et j'avoue n'y avoir jamais réellement pensé en ces termes.

Personnellement, je crois beaucoup au remplissage passif, au fait qu'en n'écrivant rien durant une période, nous écrivons tout de même en nous-mêmes, que nous digérons et maturons la matière écriture. C'est du moins ainsi que j'envisage la chose, l'inconscient ou parfois même le conscient étant à l'oeuvre en permanence, que ce soit devant un paysage, un animal ou lors d'une discussion dominicale familiale sur la dernière réunion Tupperware de Maminote.

Enfin, j'aurais plus tendance à croire à l'envie plutôt qu'à l'inspiration dont je n'ai jamais réellement cerné le mystère.

Quoi qu'il en soit, en te lisant, que ce soit en publication ou en forum, on peut ressentir ta passion et ton enthousiasme. C'est palpable et ma foi, fort agréable.

Au plaisir.

Bonjour Pouet,

Je partage ta "croyance" :)) dans le "remplissage passif" et en ses conséquences, sans en faire une religion, mais une constatation réaliste sur ce que peut engendrer notre imaginaire.

Quant à "l'envie" ton autre "croyance" :)), en lieu et place de "l'inspiration" qui profite de son propre mystère, je diverge sensiblement. L'envie fonctionne par le pulsionnel, mais depuis l'instinctif ou le suggestif ; l'un et l'autre proviennent de notre extérieur, l'atavisme pour le premier, le conditionnement sociétal pour le second. Si bien que l'envie est une émotion banale.

L'inspiration procède d'une singularisation, c'est son exceptionnalité qui lui donne une existence et sa pertinence une grandeur. Ce qui transparaît de son "mystère" possède beaucoup de magie tant le saisissement en est inouï, le plus souvent même pour celui qui la produit. Certains attribuent au divin cette délivrance de félicité, d'autres encore plus naïfs, parleraient de conjonctions hasardeuses, mais je préfère penser qu'elle provient d'une sorte de concrétion spirituelle. Le fruit d'une alchimie, association de perceptions, connaissances et projections… et "d'exigences", elles sont essentielles "pour pousser le bouchon à chaque fois un peu plus loin". Le champ est immense, je ne cesse de m'étonner du creuset inextinguible qu'offre la pensée humaine sur ce plan. Tant a déjà été fait et dit, on pourrait penser que l'on ne saura que reproduire, eh bien non, ça n'arrête pas de se renouveler et même sur ce simple site, on découvre encore des trouvailles de toute sorte. C'est incroyable, non ?

Oui, j'en crois pas mes cieux! :)

Eh bien, serait-ce ma façon de lire "tes croyances" qui te donne des ailes ainsi ?
Voici venir notre inspiration par le bleu de tes yeux aux cieux !!!

Non, mes yeux auraient plutôt la teinte d'une semelle boueuse, l'empreinte d'errance et d'oubli laissée par un sanglot de ciel sur la joue crevassée d'une terre fortuite... ;)

Mais j'avoue en effet que ta vision de l'inspiration est assez inspirante.
En tout cas, ça fait envie...

Au plaisir.

Pouet, inspirauteur dépoussiéré.

Bonjour Natile, (joli pseudo !)

Je vous remercie de vous être "penché" sur mon poème, bien qu'il ne soit pas dans vos "penchants" d'écriture, je l'imagine.

Vous dites : "une écriture trop complexe qui n'arrive pas à me toucher". Je le regrette bien sûr, mais en même temps je ne peux m'étonner que mes "œuvres" ne satisfassent pas les espérances littéraires de chacun. Moi-même, j'ai souvent bien des doutes à leur sujet ! Selon le moment, selon la disponibilité d'esprit, selon le champ abordé, elles me plaisent… ou pas. Alors l'assentiment du lecteur, quant à lui, quand il advient et, encore mieux, quand il me parvient, j'en suis le premier étonné, soyez-en convaincu.

Ce qui me chiffonne par contre, ce sera plutôt la (ou les) raison(s) qui l'a écarté. Votre commentaire me déroute un peu, sobre pour ne pas dire abrupte, sa concision n'est pas pour m'éclairer (d'ailleurs, d'autres sont souvent effacés par les modérateurs par manque d'arguments). Que le poème ait vocation "à toucher", on est bien d'accord ce doit être sa finalité première. Mais pour son chemin, ou son véhicule, qu'est l'écriture, bien des manières sont à disposition. Vous signifiez ici "trop de complexité". Si vous vouliez dire "trop d'emphase", je le comprendrais, c'est un parti pris que j'assume. Si vous vouliez dire, "trop élaboré, ou trop fourni", de même, bien que j'en serais un peu plus affecté. Mais si vous voulez dire "trop difficile", je ne vois pas en quoi ce peut-être un "défaut", comme le serait un propos confus ou abscons.

Si c'était ce dernier cas qui vous dérangeait, alors pourquoi ne pas vous abstenir de donner comme avis la très simple information que ce n'est pas à votre goût. Les préférences de champs littéraires sont personnelles, elle n'intéresse que leur "propriétaire", éventuellement quelques proches. Les commentaires sur Oniris se doivent d'être argumentés (relisez la charte).
J'espère que vous ne verrez pas dans cette remarque quelque véhémence que ce soit, ce "remerciement" assez argumenté, je le crois, n'a pour simple but que de vous donner mon avis en retour. Et de permettre de prochaines rencontres intéressantes autour de nos textes.

Bien cordialement
Vincente

PS : je m'aperçois que le temps de l'écriture de ce retour, votre com a été modéré. Je vous le transmets tout de même à bonne fin.