Ce que j'aurai donc le plus aimé de ces petits poèmes, ce sont les discussions qui en sont nées, les vérités citées ici.

Pouet et Vincente l'ont mieux dit que je ne le saurais, mais la réflexion aide à mieux savoir ce que l'on aime et cherche en poésie, que ce soit pour la créer ou la consommer. Parfois une impression peut en cacher une autre, après tout "beauty is in the eye of the beholder". J'ai tendance à trouver forts les écrits qui jouent sur les incertitudes, tout en pensant que les constructions les plus méticuleuses gagnent à être un tant soi peu compréhensibles. C'est pas très clair, zut...

Ce qui est clair, c'est que comme ce que l'on voit dans le mélange est forcément subjectif, même les exercices peuvent prendre la forme et endosser le fond des meilleures oeuvres... potentiellement. Je pense que cela s'applique autant en poésie qu'en nouvelles, et même ailleurs.

Je m’attendais à votre réponse Harvester et je n’ai rien à rétorquer sinon à me perdre en justifications foireuses. À la lecture des explications sur les poèmes autodatés, je me suis dit « qu’est-ce que c’est ce truc ? ». Ça m’a semblé tarabiscoté, avec des chiffres sous-jacents qui s’y mêlaient, d’où mon aversion. Un exercice pour se torturer les méninges mais sans véritable élan poétique, quoi. Cependant c’est vrai qu’il y a d’innombrables formes pour exprimer sa sensibilité et que celle-ci en fait partie comme une autre. De mon point de vue je place le sonnet classique au-dessus de tout. Ample, majestueux, il n'a pas d'équivalent.

Je souris à l'idée que certains adeptes de poésie libre, pas nécessairement ceux qui sont intervenus sur ce fil, qui réfutent le classique à cause de ses règles qu'ils jugent trop contraignantes, trouvent le besoin de s'en imposer d'autres plus ou moins farfelues pour structurer leur inspiration et encadrer leurs écrits.

En fait, étant moi-même totalement incapable d'écrire et de créer quoique ce soit, sans règles préalables à respecter, règles dans lesquelles j'inclue: orthographe et grammaire ( les bases que personne heureusement ne contestent), syntaxe, prosodie, organisation d'une pensée ou d'une idée, d'un raisonnement etc...je devrais être content de la démarche et de la recherche de nouveaux concepts d'écriture!
Et je le suis, mais jusqu'à un certain point seulement.

Oui bien sûr, et je me suis même essayé aux lipogrammes par exemple qui m'ont parfois été refusés pour un manque d'intérêt poétique que je n'ai pas contesté.

Nous parlons en effet de littérature et de poésie et ...non de jeux intellectuels ou pas qui pourraient alors comme je l'ai proposé par dérision, utiliser n'importe quel type d'expression ( lettres, mots, chiffres, signes divers, taches de couleurs ou autres).
Oui bien sûr pourquoi pas ....

Mais je le répète, parle t'on encore de littérature?
Il devrait quand même bien y avoir une limite à trouver et à ne pas franchir sauf de trouver une nouvelle catégorique de classement.

Je sais bien que l'expression artistique est infiniment vaste et n'est jamais à cours d'idée.

Pour finir sur un note ironique, qui sort un peu du cadre, je voudrais évoquer une exposition temporaire présentée il y a quelques temps par le musée d'art contemporain de ma ville:
Les oeuvres d'un artiste que certains connaissent peut être, Jordan McKenzie, qui réalisent ses tableaux avec son sperme éjaculé sur une toile blanche.Une salle entière lui était consacrée.

Bah ! Il faut tout essayer alors j'ai essayé et comme je ne sais pas si je suis dans les règles de l'art du poème autodaté, je l'offre ici (c'est bon la honte :))...incurable, je me suis permise de l'écrire en classique, rimes et alternances respectées autant que faire se peut :

20 06 2020

La pluie 
Cristal

Létal
Tombant sur mes yeux s’ennuie

Des matins
Poussière
Et demains
Chimère


@Cristale
Que Harvester me pardonne s'il le peut...

P.S. j'ai compté le s' pour un mot sans savoir si c'est dans la règle.

Chère Cristale

Je suis au regret de vous dire que ce brillant essai ne passerait pas même la barre du formulaire d'envoi pour cause de nombre de caractères insuffisants !

Eh oui, lorsque j'ai tenté de proposer le premier instant de ma journée du 23 mai le formulaire d'envoi a refusé le texte pour cause de nombre insuffisant de caractères ; j'ai donc joint le second instant pour faire nombre, c'est dire à quoi tiennent les choses !

Bon je plaisante à bon compte mais j'aime —comme vous le prouvez ici— que l'on sache rendre à la poésie cette plasticité qui est la sienne.

La poésie me mérite pas d'être confite en dévotions superflues.

Merci à vous

H.

PS :pardonnée, bien entendu !

Ouf ! Merci Harvester, mon honneur est sauf, enfin.

En classique on a un truc qui se nomme "dizain de Lochac", donc dix vers, c'est peu surtout s'il est écrit en vers de peu de syllabes (ici mon autodaté fait 8 vers je crois) alors ce "dizain de Lochac", il suffit de le doubler pour obtenir une "Schaltinienne" et zou : vingt vers et un nombre de caractère suffisants.

Ceci pour dire que votre "autodaté" est un "autodaté redoublé", et voilà.
Mais je vous épargnerai le doublage du mien

Merci de votre sympathique accueil sur votre page.

Cristale

Cher Lebarde

Je viens seulement de voir votre mise à jour sur le commentaire des poèmes autodatés.

Je vous cite :

"Ne pourrait on pas faire la même chose avec des numéros de téléphone, ( poèmes « autotéléphonés ») ou le nombre pi : (poèmes « autocalculés) , avec une pause tous les 5 chiffres par exemple , ce qui permettrait d’écrire un texte sans fin dont la longueur serait laissée à l’initiative ou l’inspiration de l’auteur."

Ma réponse est évidemment un grand oui pour autant que l'auteur/trice se sente réellement inspiré·e par cette forme.

Les formes contraintes de type Oulipien n'exonèrent pas pour autant de faire œuvre de créativité et de sérieux dans leur rédigé.

Ce serait aller à rebours de l'écriture et faire preuve de mépris vis-à-vis du lectorat qui selon moi reste l'acteur le plus important en littérature.

Je ne m'attendais pas à un fil d'échanges aussi intéressants après cette publication. Merci encore !

H.

En tout cas, un sacré jean-foutre ce McKenzie...

Merci Cat pour ton humour et ton brillant commentaire autodaté.

Je ne m'attendais pas à cet heureux prolongement dans les commentaires.

Bonjour Donaldo

En premier lieu, un grand merci d'avoir pris le temps d'exposer ton point de vue sur cette modeste tentative d'expression poétique.

Comme je le rapporte en explication préalable, cette forme est issue de pratiques indirectement héritées de l'Oulipo.
Pas de quoi en effet rester coi d'admiration ou de crier au coup de génie, moi-même ai présenté cette forme pour ce qu'elle est :

Un jeu.

Le coup de génie serait en effet de créer sur ces mêmes bases un poème vraiment inspiré qui séduise, mais en toute franchise —et pardon pour ce que je vais écrire— exiger une telle chose pour mériter la publication sur Oniris reviendrait à coup sûr à éliminer de fait une grande majorité des textes proposés dans cette catégorie poésie (et même dans la catégorie des nouvelles !)

Voyons les choses en face, les autres formes publiées (sonnets, rondeaux, pantoums etc.) ne brillent pas nécessairement par leur génie et pour autant elles recueillent souvent les faveurs de lecteurs/trices qui ne demandent rien d'autre que de passer un agréable moment de lecture. En conséquence, on se demande pourquoi ce qui est généralement admis pour ces formes ne le serait pas pour les nouveautés. Il faut à ce titre noter que des plumes de ce site, et non des moindres, ont eu la délicatesse de m'honorer de leurs commentaires bienveillants. Je ne dis pas que cela m'était nécessaire —au vrai je ne pensais même pas être publié— mais ça me rassure sur la possibilité d'ouvrir le site à d'autres formes plus récentes d'expression poétique. Qui sait si un de ces jours l'une de ces plumes ne proposera pas quelque écrit réellement intéressant à partir de ce pattern ? C'est une chance à courir !


Quoi qu'il en soit, je redis ce que j'ai déjà exposé précédemment au cours de ce fil, le seul fait d'avoir permis d'ouvrir un dialogue est en soi un plaisir réel.

Sois donc remercié de ton commentaire, il m'est aussi nécessaire que les autres et présente le mérite d'éviter la flagornerie et les faux-semblants.

H.