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Re : Sur "À un enfant malheureux"
Visiteur 
Miguel,
J’ai dit que je ne parlerai plus versification. Dans mon commentaire non publié, j’avais donc réservé une longue partie aux détails de celle-ci, que j’ai finalement jetée aux corbeaux. Je ne doute pas que vous trouviez plus intéressant mon commentaire ainsi élagué :

« Je sais que je vous dois un Passionnément+, lâché il est vrai par-dessus le voile de l’Espace Lecture, mais Dieu m’a conseillé d’attendre avant d’honorer ma dette. Dans notre confessionnal ludique il occupait cette semaine la place du repenti. J’ai été surpris, je dois dire, de l’entendre me confesser ceci : « Vous savez, Bellini, en vérité je n’ai jamais dit que les derniers seraient les premiers ». Aussi vous conseille-t-il de ne pas feindre l’abstinence prosodique avec l’intention mesquine de dîner à sa table le moment venu. Il m’influence d’ordinaire assez peu dans mes intuitions, mais là j’avoue craquer : « Etes-vous réellement l’auteur de ce poème ? » Dites-moi que vous avez voulu faire plaisir à un jeune poète, au point de lui céder un instant la place…
Si j’ai dédié mon commentaire à la défense de votre prosodie, c’est que pour le reste, je demeure assez désolé devant le registre lexical. Les fleurs, les oiseaux, les nids, l’azur, le soleil, les soirs pleins de lumière, et l’enfant malheureux au milieu de tout ça, ça me parle autant que les estampes punitives à collectionner que m’infligeait parfois ma mère, avec un doux sourire béat.
Mon cher Miguel, vous savez que je vous aime bien, et donc vous connaissez le dicton. »

Bellini

Contribution du : 28/01/2021 10:15
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Re : Sur "À un enfant malheureux"
Visiteur 
Bonjour les bretteurs de la plume

Justement, à propos de « classique », hier soir, « Arte » nous a proposé « Alceste à Bicyclette », où nos deux épéistes (Fabrice Lucchini/Lambert Wilson) de la mise en scène s’affrontent dans une lutte égotique à coups d’alexandrins dans les répétitions du Misanthrope. Dans sa passion dévorante pour la langue de Molière, Lucchini fait des remarques à son ami Wilson, sur sa diction et notamment son mépris pour la diérèse : « Ôter un pied à un alexandrin, c’est du vol … ».

Contribution du : 28/01/2021 10:58
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Re : Sur "À un enfant malheureux"
Maître Onirien
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D'accord, Cristale ; allons jusqu'aux romantiques ; mais alors le vers donné comme faux par Sorgel (que cite Davide) :
"Et je vis qu'il voulait pleurer sans qu'on le voie" est acceptable, car ces constructions de deux verbes se suivant, ou d'un nom et de son adjectif séparés par la césure, abondent chez ces derniers.

PS Je n'avais pas vu les interventions de Bellini et de Dream. Comme je dois partir j'y reviendrai plus tard.

Contribution du : 28/01/2021 11:52
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Re : Sur "À un enfant malheureux"
Maître Onirien
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Bonjour Miguel,
Personnellement, j'accepte le vers cité parce que justement le second prolonge le propos du premier et qu'une brève respiration est possible à l'hémistiche.

Voici un vers, de construction semblable à l'exemple, vers de Victor Hugo qui va à l'encontre des interdictions de Gilles Sorgel(né en 1931) :
"Quand même on la ferait danser jusqu'aux étoiles"
Je fais confiance au grand Maître Hugo quant à la prosodie.

Par contre, si je puis me permettre, votre vers :
"Où les fleurs n’osent pas // éclore, où les oiseaux
..."
est incorrect dans le sens où la négation placée à la fin du premier hémistiche ne permet aucune respiration et que la virgule après "éclore" marque une pause franche à la huitième syllabe accentuant un rythme 8/4 qui n'est pas celui de l'alexandrin.

En toute sympathie et mon respect envers vos écrits,
Cristale

Contribution du : 28/01/2021 15:09
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Re : Sur "À un enfant malheureux"
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J'ai vu de la lumière...

Merci Cristale, mon oreille et mes petits poumons sont parfaitement en harmonie avec votre explication. Je pensais que les rimes pauvres et riches allaient faire oublier ce troisième vers.

Merci aussi à tous les participants de ce fil parfois un peu complexe mais très éclairant. Si Bellini voulait bien me donner quelques adresses, je serais assez curieux d'en lire plis sur la versification. Merci d'avance.

Cordialement.
Anje

Contribution du : 28/01/2021 15:34
_________________
Sur des pensers nouveaux, faisons des vers antiques. (A. Chénier).
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Re : Sur "À un enfant malheureux"
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après toutes ces palabres prosodiques, je conseillerais à un p'tit nouveau ayant idée de se frotter à la forme classique, de passer son chemin... ou bien alors pourquoi pas lire du " papipoète " !

Contribution du : 28/01/2021 17:53
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Re : Sur "À un enfant malheureux"
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Oup's... cher papipoète, je connais personnellement des p'tits nouveaux qui sont devenus des p'tits anciens doués en prosodie, histoire de passion pour la chose sans doute, mais cela n'empêche pas de lire et d'apprécier "du papipoète", l'un de nos plus sympathiques auteurs oniriens.

Contribution du : 28/01/2021 18:09
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Re : Sur "À un enfant malheureux"
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Comme quoi vous voyez, Bellini, il faut toujours écouter Dieu (j'espère que l'ami Corto ne me lira pas !) Et au moins, quand vous me complimenterez, je ne douterai pas de votre parfaite adhésion ; comme dit l'autre, Beaumarchais je crois, "... sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur."
Je rends les armes concernant les rimes ; il ne me reste plus qu'à défendre mon pauvre enfant si dénigré, "Où les fleurs n'osent pas éclore, où les oiseaux ..." Car enfin Hugo, qui est pris ici pour référence (et certes, qui songerait à le contester ?) écrit dans "Réponse à un acte d'accusation" : "J'ai disloqué ce grand niais d'alexandrin". Du classicisme pur au romantisme, l'alexandrin s'assouplit et on trouve chez les romantiques une multitude de beaux vers, plus beaux que les miens force m'est de le reconnaître, dont la césure est moins marquée. Je dirai que mon vers est un alexandrin ternaire, avec l'accent tonique sur "fleurs", "clore" de "éclore", et "seaux" de "oiseaux". Je pense à ce vers de Hugo : "Son pied charmant semblait rire à côté du mien."
Ne nous lassons pas de ces discussions ; je l'ai dit, ce sont des échanges de passionnés. Il paraît que ces bons Pères de l'Eglise ont discuté pendant des conciles entiers pour savoir si Adam avait eu des érections au jardin d'Eden ; alors nous pouvons bien nous demander si tel vers est classique ou pas.
Pour revenir à l'intervention d'Ange, bien sûr, une diérèse négligée c'est du vol. Reste qu'aujourd'hui, dire "pa-ssion", "prédilec-tion", ce n'est pas très naturel. Alors si la question ne se pose pas pour la diction des vers qui existent déjà (on les prononce comme ils ont été écrits pour être prononcés), on peut se demander si lorsqu'on écrit aujourd'hui, on ne pourrait pas compter "passion" pour deux syllabes au lieu de trois. Et un débat tout à fait intéressant serait ouvert pour savoir si cette démarche serait admise en classique ou non.

Contribution du : 28/01/2021 18:10
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Re : Sur "À un enfant malheureux"
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En passant, je voulais juste remercier très chaleureusement M. Sorgel pour toutes les erreurs et autres facéties qu'il a gracieusement glissées dans son traité de prosodie !


Il monte en moi, ce soir, comme une haine viscérale de la poésie classique. M'en vais aller lire du papipoete, rien ne vaut un bon néo pour se remettre les idées en place !

Contribution du : 28/01/2021 18:25
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Re : Sur "À un enfant malheureux"
Visiteur 
Sorgel ayant fait la preuve de son ignorance et de son incapacité à recopier correctement ce qu'il est allé lire chez les autres, et Papipoète ayant montré une grande largesse d'esprit par une fréquentation assidue de l'Open bar prosodique, je propose qu'Oniris remplace le Sorgel par le Papipoète. L'avantage c'est que les nouveaux n'auront qu'une page à lire, intitulée : Faites ce que vous voulez, j'en ai rien à cirer.

Contribution du : 28/01/2021 18:58
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