Beaufond, je pense comprendre, si ce n'est partager totalement votre "vision des choses" notamment en rapport de votre commentaire: l'école, l'apprentissage du bêlement, le savoir formaté... J'y souscris en partie.
Seulement voilà.
Petite question personnelle: avez-vous (avoir.. Ah! avoir...) un ou des enfants?
Peut-être que la réponse à cette question n'apportera aucun éclairage à la lanterne verte de l'absurde en briques, mais. Qui sait?
Mon fils vient de perdre sa croyance au Père Noel, me croirez-vous si j"avoue en avoir éprouvé quelques pincements au coeur? Ce qui ne m'empêchera nullement de lui conseiller mon Cioran en Pleiade dès que sa lecture sera plus assurée...
Je ne pense pas forcément la candeur antagoniste de la lucidité, ni un certain cynisme incompatible avec l'attendrissement.

Je n'ai pu éditer, juste concernant le Père Noel et tout ça, tout ce que vous dites, je pense que j'aurais pu l'écrire il y a quelques années, avant la paternité. Sauf "qu'en situation" ce n'est pas si évident que ça.
Après peut-être avez-vous un gamin et que dès l'âge de deux ou trois ans vous lui avez asséné l'implacable vérité de l'inexistence du Père Noel en le fixant droit dans les yeux... J'avoue ma faiblesse à ce sujet
Et puis quant à la suite... Bien sûr rien ne sert de dire à son enfant que tout sera rose bonbon, mais pas la peine non plus de lui montrer la potence dès le berceau.

Pouet, merci pour votre participation intelligente à ce fil où, disons-le, je réponds fermement à quelque ton que je trouve insultant,

Non, je n'ai pas d'enfant, et cela est d'un éclairage certain, et ne pense pas en avoir tant la gravité de mettre au monde me paraît infinie.

Je vous crois parfaitement, lorsque vous me communiquer votre attendrissante tristesse à voir votre enfant perdre une croyance qui remplissait de joie son petit cœur. Cela me paraît égoïste, et nous le sommes tous à bien des égards, bien des moments, mais cela ne m'empêchera pas de penser que faire croire à ces fables cause bien des déceptions futures, est très dispensable, et est une faiblesse de la nostalgie parentale bien égoïste. L'être (égoïste) est très normal, le combattre me paraît sain et souhaitable, mais le revendiquer, comme ce poème porté fièrement comme étendard — oh ! que cela m'anéantit. Je n'ai aucune envie d'avoir raison, mais je prends mon droit à exprimer mon regard sur ces choses, sur ces vers acclamés pour leur adorable candeur. Le peu supportable devient insupportable lorsqu'il est applaudi.

Ce que vous dites ne me semble pas dénué de sens.
Je souscris à vos propos concernant l'égoïsme. Sans doute est-ce égoïste de procréer, et j'ai moi-même longtemps été dans une posture de refus par rapport à l'dée de "mettre au monde" et quel monde...
Il est aussi égoïste d'une certaine façon de ne pas avouer l'inexistence du Père Noel à son enfant (mais peut-être existe-t-il finalement), c'est ainsi plus "confortable" pour le parent de la maintenir dans cette illusion. Pour autant l'imaginaire pour l'enfant est sans doute aussi nutritif que le lait maternel et le Père Noel n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan de son univers mental fantasmagorique. Quant aux déceptions futures, il me semble que celle-ci relèvera plus de l'anecdote par la suite.

Nous en reparlerons quand vous serez papa. :)

communiquez*

Bien, nous n'en reparlerons donc pas.

Je crois qu'il y a bien d'autres choses que les légendes pour nourrir l'imagination, et qu'il n'est pas besoin de faire croire un mensonge pour montrer la beauté d'un mensonge. Le père noël n'existe pas, mais voici ses cadeaux.

Et, puisque vous l'évoquez, pour vous :

Cioran a oublié de dire que le plus triste, à n'avoir qu'une vie, est peut-être de ne pouvoir mourir qu'une fois. J'aimerais à la fois me jeter sous un train, sauter par la fenêtre, voir mon sang se perdre au fond de la baignoire, tirer ma tempe au révolver, et me pendre. Mais ses métempsychoses ont tu ces mots en lui, et je suis peut-être plus dangereusement lui-même que je ne l'imagine.
*
Le suicide est souvent une euthanasie. Je ne dis pas toujours, parce que certains êtres rares ont des fiertés politiques et hautes à se convertir à la mort. Si l'idée même du suicide est quelque peu rassurante, elle a par trop tendance à se réfléchir, se tuer seule, et finalement n'aboutir à rien. C'est tristement drôle !
*

Je vous souhaite à tous une belle vie, mais ne vous en promets rien.

Citation :

Quelle tristesse en effet de n'être pas à la hauteur de Bill Murray dans Un jour sans fin...

Bien à vous.

bonjour Beaufond
Votre intervention contre Cyril me navre ! Je suis un " vieux con " aujourd'hui, mais j'eus l'immense bonheur d'élever ma fille, et ma petite-fille plus tard jusqu'à ses 10 ans ; je ne fus nullement gaga, mais leu fis croire aux fées, aux mauvais esprits, et au bien et au mal...
le Père-Noël, ah ce vieux bonhomme qui descend par la cheminée ( alors que je n'avais pas de fourneau ! ) le marchand de sable qui vient en semer sur les paupières, pour que vienne le gros dodo !
langage bêtifiant qui selon vous put sans doute traumatiser un enfant ?
Vous n'eûtes ni fille, ni garçon ! heureusement pour vous ! vous seriez atteint d'une grave maladie...l'amour... qu'on l'appelle !

Personne ne vous qualifie de vieux con ici, papipoète, à ce que je sache.
Mais, en effet, je n'aurai pas connu cet amour paternel si pur et si beau, qui conduit certains à mettre son gamin au congelateur, lui coller des roustes, lui crier dessus, l'enfermer à l'école, lui apprendre la nécessité de l'emploi, lui faire ingurgiter ses valeurs, et ! si cet amour est si fort, au comble du partage, lui faire découvrir l'inceste, puis espérer devenir grand papa. C'est toujours beau, l'amour.

papipoète, les enfants se racontent et nous racontent des histoires sans notre aide, outre des légendes qui traversent les générations.
Un de mes petits-fils, de 6 ans bientôt, en imagine à foison. Je me laisse embarquer avec joie, même s'il n'est pas dupe de ma crédulité. C'est un jeu qui permet de rendre parfois plus acceptables une vie et un avenir qu'on peut à bien des égards penser compromis pour nos petits-enfants.

Beaufond, vous doutez de ma
Citation :
et vous avez bien raison, je souhaitais exactement peindre ce que j'imagine de ma place de père et grand-père.

j'écrivis beaucoup sur ma fille, et encore davantage sur ma dernière petite-fille ( 5e petit ) ; lorsque nous passions sur la route, en bas du majestueux Château du Pin, nous regardions tous-deux la princesse à sa fenêtre, coiffer sa chevelure ( en attente de la venue du prince-charmant )
Quand elle et mon petit-fils roulaient à bord de ma Citroën C5, je m'entendais dire, parlant du GPS, " tu peux faire parler la dame ?
Ou bien, tu peux faire monter la voiture comme au manège ? ( suspension hydraulique )
Ou encore cet extraordinaire " tu m'as surprendu ! ", quand j'apparus inopinément devant la petite ( j'espère bien un jour, placer ce mot délicieux au détour d'une phrase ! )
Je me sens vieux c... lorsque je dois râler contre qui ne sait pas...