Merci Estelle, d'avoir pris le temps de prendre le temps (private)... ça en valait la peine :)

Ninj'

Avec plaisir...

T'es beau quand t'as raison Jedi!
^^

(c'est pas du flood, je suis vraiment en deuil...)

Pour tenter de répondre à Pat , ce qui me fascine chez cet éminent personnage c'est son côté jubilatoire.
Je me fiche totalement se son "structuralisme" comme je me fiche totalement de "l'existentialisme"de Sartre par exemple. Tous ces "ismes" (en peinture c'est pareil) me fichent la nausée et m'éloignent de ce qui fait réellement vibrer.

J'ai regardé la rediffusion du documentaire "Lévi Strauss par lui même" hier soir sur Arte. Bien sûr on voit le scientifique avec un visage d'intellectuel plutôt austère, mais si on regarde bien -et c'est ce qui m'a frappé- derrière ses sévères lunettes, ses yeux sont ceux d'un enfant qui s'émerveille, il aime cueillir les champignons, se balader, mettre un fond de musique en permanence lorsqu'il écrit, rire de son costume d'académicien, porter de nouveaux regards sur l'art en général et les objets primitifs en particulier( enfin il aimait tout cela). IL y a son doute aussi : "la carence d'identité dont je souffre".
En fait Lévi-Strauss est le savant capable de liens et de continuité entre l'expérience sensible et l'expérience intellectuelle. Je crois que c'est cela qui explique en partie le grand attachement que l'on peut avoir pour lui.

Quand à la littérature son plaisir de la phrase et de la prose est évident. Lorsqu'il parle c'est impressionnant de précision et d'analyse. Son "best-seller": "Tristes tropiques" (quel titre!) devait être au départ un roman. Il l'a arrêté lorsqu'il s'est aperçu qu'il faisait du "mauvais Conrad" (auteur qu'il admirait) et qu'il n'avait plus " le goût de raconter des petites histoires de voyage."C'est devenu donc ensuite un de ses livres d'étude les plus accessible.
Par ailleurs (chose que j'ignorais) il a été l'ami d'André Breton et des surréalistes.

Moi aussi, j'ai regardé le reportage sur Arte hier soir. Un grand bonhomme... et qui parle de façon claire. Un vrai bonheur. Quand il racontait sa rencontre avec Breton, ça m'a renvoyée à ce que je pense souvent (mais qui est sans doute faux, j'en sais rien) : cette impression qu'au siècle dernier, il y avait plein de gens intéressants (intellectuels, artistes) qui se connaissaient, faisaient des choses ensemble, que ça créait des liens où les disciplines s'influençaient les unes avec les autres et les faisaient progresser. Ce qui me donne à penser qu'aujourd'hui (à notre époque), il n'y a plus cette richesse, cette émulation de créativité. Peut-être n'est-ce qu'une impression liée au fait qu'on n'a pas le recul pour connaître les oeuvres... mais peut-être que les gens restent cloisonnés dans leurs disciplines, je ne sais pas... Même si on se restreint aux artistes, les écrivains (notamment les surréalistes) étaient quasiment tous liés avec des peintres et produisaient des oeuvres ensemble... Je n'ai pas l'impression que notre époque favorise ça.

Pour en revenir à Lévi-Strauss, sa pensée est vraiment en lien avec celles de son époque (Freud, par exemple. Je savais que Freud utilisait ses recherches, mais je ne savais pas que c'était réciproque).

J'aime beaucoup sa modestie, sa simplicité qui me rappelle celle de quelques grands scientifiques d'aujourd'hui (Albert Jacquard et Axel Kahn). La marque des grands pour moi.

Le XXème siècle pour les arts-plastique est un siècle sans précédent, inégalable et inégalé. Une floraison d'œuvres nouvelles, de courants et aussi de modes d'expressions différents sont apparus. Les médiums comme la photographie (reconnus comme art très tardivement), le ready-made, les installations qui s'en suivirent, le body-art, l'art-conceptuel, l'art-vidéo, le box-art, l'art-minimal, etc (j'en oublie plein) ont éclos, certains se sont épuisés, d'autres ont encore de la marge même si quasiment tout a été fait.
Je crois que l'art est le reflet de son époque. Historiquement, socialement, scientifiquement le xxéme siècle fut aussi une période très dense. Le XXIème siècle se caractérise sans doute par davantage d'individualisme et le soucis du profit, le jeu avec l'argent et les institutions aussi. Je connais un peu le milieu de l'art contemporain (je suis prof d'arts appliqués), on y trouve de tout: des gens qui ont vraiment des choses à dire et aussi beaucoup de fumisteries. En France il existe les Frac et les drac ministérielles, instituées par J.Lang dans les années 80. C'est bien car çà aide certains jeunes artistes et en même temps cela a vite fait d'engendrer un art officiel. L'émulation de créativité existe toujours je pense, elle est beaucoup plus cloisonnée en effet. Surtout elle demande un effort intellectuel de la part du spectateur: il faut quêter les bonnes galeries, connaitre l'amont de ce qui est exposé, voyager,etc. L'art contemporain n'est pas démocratique du tout, malgré Malraux et malgré tout ce qui existe aujourd'hui.

En ce qui concerne le mouvement surréaliste, pour ma part j'ai toujours pensé que c'était plus un mouvement théorique et littéraire qu'un mouvement plastique. Cela est sans doute du au fait que je m'intéresse aux questions de la "peinture-peinture". Peinture et écriture ont toujours fait bon ménage (Zola Manet et Cézanne par exemple) mais le surréalisme apparu après les affres de la guerre de 14 met clairement sur le gril le fait qu'il ne croit plus en l'homme et ouvre les portes ainsi d'un certain nihilisme.

Moi aussi j'aime beaucoup la modestie et la simplicité-savante de CLV. Il me fait penser également -en version sage- à quelqu'un comme Aimé Césaire.