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Re : Détournement de rimes
Maître Onirien
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Proposé hier par Louise :
Cyrano de Bergerac-Edmond Rostand

''Mais… chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, – ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
À tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !''

Changé en :

Moi ! Chanter ?
Je composais, mais peu, rimais, mais en vers libre,
Rêvais d’un grand public, d’une foule qui vibre
En hurlant ma chanson à tort et à travers ;
La place à mille euros ! Baladin de fortune
Dont la voix fait recette et décroche la lune
Car, quoi que soit le son ou le mot qui sortît
Il se trouvait géant sur un écran petit.
Hélas ! Artiste nain je vous brise les feuilles
On dit bien des lauriers : « Il faut que tu les cueilles. »
Que : «Travail et talent s’opposent au hasard,
Ce sont les deux vertus pour gagner un César ! »
Moi, trois pouces levés, obtenus sans mérite,
Je finirai vieillard, en tisane tilleul,
Pleurant d’avoir passé ma vie à rêver seul.

L'emploi de l'imparfait du subjonctif sur "sortît" a été délicat à gérer.

Les lecteurs m'excuseront sans doute d'avoir créé un César de la chanson.

Contribution du : 10/11/2015 01:10
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Re : Détournement de rimes
Maître Onirien
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De bels exercices que vous nous offrez toutes et tous BRAVO


C'est super ce fil, cela me donne des idées.

Contribution du : 10/11/2015 16:55
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Re : Détournement de rimes
Visiteur 
J'aime bien ta version poétique Gemini,
c'est fichtrement bien tourné!

Contribution du : 10/11/2015 17:40
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Re : Détournement de rimes
Visiteur 
Bon première tentative sur l'examen de minuit, de Baudelaire (1821-1867)
http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/l_examen_de_minuit.html

Lumière de minuit

Émergeant de minuit,
Pathétique je m’engage
À me donner sens, à donner usage
À mon talent qui s'enfuit :
Le sort me semble fatidique,
Je vends des produits Avon,
Et me procurent tous les savons,
Tel une vierge hérétique ;

Avon, c’est mon Jésus,
Vérité incontestable !
Je le professe à toutes les tables
J’épie le grand Crésus,
Et pérore comme une brute,
En moi rampent milles Démons,
J’aime ce que NOUS aimons
Et les plus grandes bassesses, ne me rebutent ;

Je me professe bourreau
En silence, je me méprise ;
D’avaler la Bêtise,
D’oublier de prendre le taureau ;
Qu’en question de la Matière
Je n’ai qu’une dévotion,
Dont je ressors en putréfaction
Mais à minuit luis une lumière ;

M’empêchant de me noyer
Évitant le plus évident délire,
Instrument de la Lyre,
Je laisse mes ailes se déployer
Puis c’est l’oraison funèbre,
De futile, j’ai faim !...
Vite, vite je dois oublier cette lumière afin
De retourner dans mes ténèbres !

Contribution du : 10/11/2015 18:11
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Re : Détournement de rimes
Maître Onirien
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Un si long texte à organiser, il faut le faire, et c'est parfaitement fait, bravo Louise.

Contribution du : 10/11/2015 19:36
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Re : Détournement de rimes
Maître Onirien
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Après la bataille (Victor Hugo)
Mon père, ce héros au sourire si doux,
Suivi d'un seul housard qu'il aimait entre tous
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,
Parcourait à cheval, le soir d'une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla dans l'ombre entendre un faible bruit.
C'était un Espagnol de l'armée en déroute
Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,
Râlant, brisé, livide, et mort plus qu'à moitié.
Et qui disait: " A boire! à boire par pitié ! "
Mon père, ému, tendit à son housard fidèle
Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,
Et dit: "Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. "
Tout à coup, au moment où le housard baissé
Se penchait vers lui, l'homme, une espèce de maure,
Saisit un pistolet qu'il étreignait encore,
Et vise au front mon père en criant: "Caramba! "
Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
" Donne-lui tout de même à boire ", dit mon père.



En pleine bataille! (Pardon Monsieur Hugo)

Prosper, ce maquereau au regard aigre-doux,
Expirait un matin d’une quinte de toux.(une petite entorse)
Connu pour sa rudesse et sa petite taille,
Il venait de livrer sa dernière bataille.
La nouvelle tombait au début de la nuit,
Dans les bars du quartier, elle faisait grand bruit,
Certains parlaient déjà de réelle déroute,
Parmi ses bons amis, ses compagnons de route.
Prosper ne faisait pas les choses à moitié,
Contre les intrigants, il n’avait de pitié,
Marco le tatoué était le plus fidèle,
Le patron l’avait mis quelquefois sur la selle,
Mais en ouvrant une huitre, le mac s’était blessé,
Si bien que son aura avait beaucoup baissé.
Le bisness fut repris par Mohamed le Maure,
Qui, sur cette envolée en voulait plus encore.
José le Mexicain en hurlant caramba,
Bouscula Mohamed et celui-ci tomba,
La chute était brutale, elle était en arrière,
Le Maure rendit l’âme en maudissant son père.

Contribution du : 10/11/2015 19:39
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Re : Détournement de rimes
Maître Onirien
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Caramba ! Beau détournement vers les bas fonds malfamés. Histoire forte dans cette bataille de succession avec deux morts et un blessé ! Il n'y a qu'à la fin je n'ai pas compris si Momo était le fils de José ?
A l'avant dernier vers, j'aurais mis : La chute fut brutale, pour éviter les deux "était".
Et je pense, pointilleusement, que la ponctuation est à revoir.
Mais vraiment pointilleusement; pour le reste, chapeau !

Contribution du : 11/11/2015 01:39
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Re : Détournement de rimes
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De Musset (mourant):

Derniers vers


L'heure de ma mort, depuis dix-huit mois,
De tous les côtés sonne à mes oreilles,
Depuis dix-huit mois d'ennuis et de veilles,
Partout je la sens, partout je la vois.

Plus je me débats contre ma misère,
Plus s'éveille en moi l'instinct du malheur ;
Et, dès que je veux faire un pas sur terre,
Je sens tout à coup s'arrêter mon coeur.

Ma force à lutter s'use et se prodigue.
Jusqu'à mon repos, tout est un combat ;
Et, comme un coursier brisé de fatigue,
Mon courage éteint chancelle et s'abat.

Qui devient, avec le non moins célèbre Gemini :
-----------------------------------------------

Je vomis des vers depuis plus d’un mois
Il m’en sort du bec ou de mes oreilles
Et malgré le soin de mes longues veilles
Je les entends plus que je ne les vois.

Je ne me plains pas ni pleure misère
J’ai déjà vécu mon plus grand malheur ;
Encore vivant on m’a mis en terre
Et j’entends encor palpiter mon cœur.

La mort avec moi semble peu prodigue
Qui veut m’imposer ce dernier combat.
Je veux pour l’enfer mourir de fatigue
En faisant des vers autour du sabbat* !

*Assemblée nocturne que les sorciers tiennent pour adorer le diable.

J'en ai trop bavé avec "s'abat", alors j'ai pris la première à gauche.

Contribution du : 11/11/2015 07:25
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Re : Détournement de rimes
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Bonjour Gémini,
Concernant mon texte, c'est vrai que j'ai un peu négligé la ponctuation... Le fut serait mieux que l'était, c'est évident.
Quand à la dernière phrase, c'est une formule de "politesse" dans le milieu, en mourant Mohamed maudit son père de l'avoir conçu...

Je vois que vous vous amusez aussi, pauvre Alfred.

Contribution du : 11/11/2015 08:02
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Re : Détournement de rimes
Maître Onirien
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Eh be ! Je savais pas qu'on pouvait être poli à ce point !

Contribution du : 11/11/2015 08:52
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