Je ne connais pas cette série, mais le sujet à l'air en or massif !

Alfin #1110 : on ne voit pas venir cette chute, bravo à toi !


EN THERAPIE

L'homme a les traits tirés de ceux qui s'en sont trop demandé... Comme à chaque rendez vous, je lui demande, d'un ton formel :
"Bonjour Monsieur, comment allez vous ces jours-ci ?"

Lui soupire : "Docteur... c'est pas la joie en ce moment !

- Pourquoi donc Monsieur ? Encore vos relations de travail ?

- Si vous saviez ! Je ne sais pas ce qui me retient... j'ai envie de les étriper sur place ! Incapables d'appliquer les conseils que je leur dispense, ce tas de... !"

Je le coupe : "Restez poli, je vous prie", en lui balançant un affect, la tête numéro 3 (regard noir, lèvres pinçées) pour qu'il se calme. Je reprends : "Comment voyez vous votre avenir si vous vous obstinez à faire ce travail ?

- J'envisage de me reconvertir comme éleveur de poulets ! A ce propos, si vous pouviez...

- Non. Le rendez-vous se termine, j'ai d'autre patients. Nous en discuterons... disons, dans un mois ?

- Entendu... merci... au revoir docteur..." marmonne t'il, déçu.

Je le congédie : "Au revoir, cher confrère".

991 Caractères.

#1111 Dugenou
J'ai bien compris la chute surprenante mais absolument pas le propos sur la reconversion dans l'élevage de poulets. Le "patient" semble vouloir demander l'aide du thérapeute pour ces poulets...
Merci et à bientôt

Alfin, j'ai posté un peu trop vite... à la réflexion, il aurait pu dire qu'avec un arrêt de travail il aurait pu concrétiser son projet. Ou j'aurais pu le suggérer au lecteur. En remplaçant "à ce propos, si vous pouviez" par 'avec un arrêt, je pourrai...' Un psy qui demande un arrêt de travail à un autre psy, ça aurait été le comble ! Merci de ta lecture.

Le texte modifié :

EN THERAPIE

L'homme a les traits tirés de ceux qui s'en sont trop demandé... Comme à chaque rendez vous, je lui demande, d'un ton formel : "Bonjour Monsieur, comment allez vous ces jours-ci ?"

Lui soupire : "Docteur... c'est pas la joie en ce moment !

- Pourquoi donc Monsieur ? Encore vos relations de travail ?

- Si vous saviez ! Je ne sais pas ce qui me retient... j'ai envie de les étriper sur place ! Incapables d'appliquer les conseils que je leur dispense, ce tas de... !"

Je le coupe : "Restez poli, je vous prie", en lui balançant un affect, la tête numéro 3 (regard noir, lèvres pinçées) pour qu'il se calme. Je reprends : "Comment voyez vous votre avenir si vous vous obstinez à faire ce travail ?

- J'envisage de me reconvertir comme éleveur de poulets ! Avec un arrêt de travail, je pourrai...

- Non. Le rendez-vous se termine, j'ai d'autre patients. Nous en discuterons... disons, dans un mois ?

- Entendu... merci... au revoir docteur..." marmonne t'il, déçu.

Je le congédie : "Au revoir, cher confrère".

999 Caractères.

Top, merci beaucoup Dugenou, maintenant je comprends toutes les subtilités de cette nouvelle !

EN THERAPIE

Julien a tellement peu d’estime de soi qu’il est complètement perdu quand on lui fait un compliment, ce qui n’arrive pas souvent car il évite au maximum les interactions sociales. Qui aime passer du temps avec quelqu’un qui ne s’aime pas ?
Les personnes qu’il rencontre finissent toujours par le prendre en pitié et il collectionne les visages compatissants alors qu’il a envie de crier, de se libérer de cette image irritante de lui-même, une image qui oblige la compassion.

- T’es une merde.

Julien est abasourdi.
Le visage du psychologue bienveillant et père de famille est devenu dur et sincère.

- T’es vraiment une sous-merde.

Ces mots sont dit comme une évidence, et, paradoxalement, le fait qu’ils aient été dit calmement les rendent encore plus terribles. Julien est immobile. Choqué.

Les traits du psychologue se détendent.

- Alors, ça fait quoi d’entendre de la bouche d’un autre ce que tu te dis à toi-même continuellement ? Tu te rends compte à quel point tu es violent avec toi-même ?


[990 carractères ]

@Robertus
Merci pour ta micro-nouvelle, les méthodes utilisées par les Psy sont parfois trash

Bon WE à tou.te.s

Robertus, sur En thérapie, post #1115
J'ai trouvé cette micro-nouvelle très pertinente, notamment au niveau de sa tonalité. Pertinente dans le sens où elle m'a semblé réaliste, proche d'une scène que l'on peut tout à fait se représenter, et efficace pour cette même raison. On voit la scène et l'on entendrait presque ces mots forts.
En ce qui concerne le fond, cette micro-nouvelle fait bien sûr réfléchir... J'ai l'impression, souvent, qu'a contrario de ce personnage qui se sous-estime, beaucoup se prennent pour je ne sais qui, se surestimant beaucoup, comme s'il y avait souvent un mal d'ego.

En thérapie

- Bonjour Serge, ça va ?
- Vo…vo… voui.
- Tu as dis bonjour à Giroflée ?
- Vo…vo… voui. Belle.
L’enfant au visage lunaire adorait la chatte tricolore et souriait de toutes ses dents. Un peu de salive coulait aux commissures de ses lèvres. L’homme interpella un assistant :
- Sylvain, Kalima est prête. Tu peux emmener Serge.
- D’accord. A tout à l’heure.
La maman de Serge ne put empêcher une légère angoisse de tendre son corps svelte. Mais elle se détendit aussitôt. Cela faisait seulement trois fois qu’ils venaient ici et elle avait déjà constaté des progrès chez Serge. Elle bénit mentalement l’ergothérapeute qui avait conseillé la thérapie par le cheval pour son petit garçon atteint de trisomie.

698 caractères espaces inclus.

"En thérapie" (et je rattrape "la lune" :) )


Le cabinet était plongé dans la pénombre. Les rideaux tirés laissaient entrer la lueur du soleil couchant.

- Ça va mal, docteur. C’est toujours la même chose. Ils m’espionnent. Les êtres de la Lune.
- Continuez, murmura le Dr. Strauss.

C’était un éminent psychologue arrivé de la vieille Europe six mois plus tôt. Il avait survécu à une tempête où plusieurs de ses compagnons de voyage avaient péri.

- Ils savent que je les ai repérés. Ils effacent leurs traces et veulent me rendre fou.
- Avez-vous des exemples ?
- Hier, pendant une balade. En chemin, j’ai remarqué un gros tas de neige, en plein soleil. Au retour, évidemment, il avait disparu.

Le patient s’exaltait. Le docteur songea à une gravure dans le grand « debilitia demensis ».

- Je ne vous suis pas très bien.
- C’est pourtant évident, ils se nourrissent de neige ! Ils avaient fait une provision, et l’ont déplacée.

Le docteur ferma les yeux. La Terre, sa pesanteur, l’épuisait. Il aurait tout donné pour une pleine bouchée de neige légère.


995 caractères

#1118 ANIMAL : cette thérapie par le vivant est belle, j'aime beaucoup.

#1119 Placebo : Cette micro m'intrigue beaucoup. J'ai essayé de trouver une trame de fond, un sens commun à ces détails pour saisir un double sens, une morale quelconque. Je pense que je me suis trompé en faisant cela ? Ces détails semblent plutôt donner corps à un personnage, un caractère. Ce docteur m'est devenu sympathique, peut-être parce que je me rend compte de la difficulté de sa tâche et que je compatis à ses épreuves.