Bon, j'ai fait un mix entre un poème maritime et un poème visité. Ça donne une scène un peu étrange... (Pour tout dire, j'ai failli raconter la prière de Jésus au Jardin des Oliviers : le calice amer, la victoire sur la mort, la gloire de Dieu... Mais je n'ai pas réussi.)

Deux bateaux se croisaient au milieu de la mer.
Sur un trois-mâts rapide, un chef à barbe noire
Haranguait ses marins : « Oui ! Haut les cœurs ! La gloire
Nous attend. En avant ! Prenons-les à revers !

Que vos sabres légers, vos haches fendent l'air !
Hardis les gars ! Allez ! Courons vers la victoire !
Coulons ce galion ! Pillons son rhum à boire !
Tuons-les sans pitié ! Que leur sort soit amer ! »

Un prêtre, sur l'esquif, leur cria : « Dieu vous aime !
Vous avez fait du mal, Il vous aime quand même.
Mais ne vous battez plus comme un fauve altéré.

Délaissez les dangers de la lutte mortelle !
Mauvais est le péché, la repentance est belle.
Repentez-vous, pécheurs ! Dieu vous en saura gré. »


(Tiens, j'ai réussi à le caser, ce smiley !)

Un sonnet plaisant, vivant, très visuel qui correspondant à l'idée que je me fais de cette forme poétique.
Un petit côté BD (c'est un compliment)

Quelques formulations gagneraient à être retravaillées ( vers 1 et 13)

Juste pour info, le prêtre a-t-il convaincu le pirate ?

C'est pas déplaisant du tout ces paroles à voix haute dans le sonnet, Meleagre :)
L'altéré est dur à placer de façon naturelle, je trouve :p


J'ai récupéré les bouts rimés d'il y a quelques temps, je vous les soumets… :)


Nuit et jour d'un trottoir

Ruban dans les cheveux, l'œil égrillard, mobile,
L'aura parfumée accompagne toujours
Ta photo de guingois dans ma paume fragile.
Torture et volupté je vis avant le jour.

Je baise le papier de la fleur malhabile
Que tu m'as donnée en étude au long cours.
Je serre contre moi mes vérités labiles
De garçon tâtonnant de regards en retours.

Mais le soleil rougit l'immense et noir espace
Que le train de la nuit remplit à chaque passe.
Nos grimaces de clown, mes doigts n'en veulent plus.

Les rayons t'ont lavé, la honte est réparable.
Pour mes bras enserrés, devient seul dommageable
Le petit sac blanchi de regrets superflus.

Très bien Placebo, tu progresses à grands pas. Une remarque cependant : quand tu élides ton e il ne compte plus pour un pied mais se pronnonce d'une seule émission de voix, donc ton vers ne comporte plus que 11 pieds, mais ça tu vas le comprendre très vite, je te fais confiance.

Superbe Méléagre ton histoire de pirates, surtout quand le Bon Dieu s'en mêle ! Quelle imagination.... C'est une idée le Mont des Oliviers, je vais essayer si tu me permets de piquer ton idée (mais je ne promets pas le résultat !)

Voilà, je n'ai pas attendu ton accord, j'ai fait selon ton idée (et mes connaissances)

Au Mont des Oliviers (sur une idée de Méléagre)

Jusqu’à la lie, ô Dieu, que c’est ignoble à boire !
Je vois mille péchés dans ce calice amer,
J’y noie un désespoir profond comme la mer ;
Ma mort saura demain le prix de sa victoire.

Judas va m’embrasser, signal dans la nuit noire :
Des noueux oliviers a disparu le vert,
Je sens la trahison qui s’affirme dans l’air ;
Abandonné de tous, je t’implore sans gloire :

S’il ne reste que fiel pour mon cœur altéré,
O Père je t’en prie, écoute-moi quand même :
Je me donne en rachat pour ces hommes que j’aime,

Puisqu’il faut, dès ce soir, accepter de plein gré
Le martyre et la croix, rédemption mortelle,
Pour que le genre humain ait la vie éternelle.*

Help, me voici, me voilà dans un petit en-cas que j'ai nommé...

C'est au pied du mur...

Privé de clavier, de l’estran, de la mer,
Si bâtir un muret n’est pas l’Iroise à boire,
Fusse pour protéger mon humble territoire,*
J’en garde pour l’instant un souvenir amer.

Comme tout intrigant qui brigue l’habit vert
Passe encore d’écrire en tutoyant la gloire
Mais brandir la truelle en signe de victoire
Revient au bon maçon dont je n’ai que faux air…

On ne me prendra plus à soutenir que j’aime
Les travaux manuels alors qu’à l’instant même
Me voici pantelant et le muscle altéré…

Embarqué dans l’affaire un peu contre mon gré
Et craignant du destin quelque embûche mortelle,
Je trouve enfin ce soir que ma clôture est belle…

Bye la compagnie, rompu je vais au lit !

C'est la fatigue... Premier vers, "Privé de mon clavier..." bien évidemment !

Je passe en agapant...

Merci Mona pour tes conseils précieux, qui me serviront à corriger cette 'Visitation'... et peut-être à la suite serais-je véritablement 'visité' ?
Or comment ne pas l'être après avoir lu ton somptueux "Mont des Oliviers". Les chants profanes sont chez toi des chants sacrés !


Alex, pas de doute, tu mettras la truelle en symbole sur le pommeau de ton épée d'académicien !


Bon, je retourne agaper...

Tizef, pour ma part, j'espère que le prêtre a convaincu le pirate. Tiens, ça me fait penser que j'ai peut-être été inspiré par Erik le Vikking, où le missionnaire est le seul à ne pas voir le royaume païen des morts, et donc à pouvoir sauver tout l'équipage...

Placebo, merci pour cette participation a posteriori ; décidément, ces rimes nous ont fait penser à beaucoup de personnages différents. On n'avait pas encore parlé des filles qui font le trottoir ; cet amour est troublant. D'accord avec Mona pour les 11 syllabes du vers 2 : "L'au-ra - par-fu-mée...". Sinon, l'écriture est belle et harmonieuse.
Mona, bravo ! Et merci d'avoir mis en vers mon idée. Un sonnet-prière, très bien tourné. Derrière des expressions canoniques (le calice amer, le prix de sa victoire, Judas va m'embrasser, "Je me donne en rachat pour ces hommes que j’aime"), tu as réussi à raconter une scène à la fois humaine et divine, émouvante et spirituelle. Bien vu pour le joker. Ah oui, en fait, c'est admis, les rimes CDD CEE ? Je croyais que les vers 9 et 10 d'un sonnet devaient rimer. Ça te dérange si je le garde dans un petit coin de mon ordi ?
Alex, bravo pour cette petite récré. J'espère que le clôture est belle, en tout cas la chute l'est ! Et bon repos pour les muscles altérés...

C'était quoi, le sonnet d'origine ?

Je vous propose une nouvelle série ; le sonnet dont viennent ces rimes a été écrit par une illustre compatriote.

vaines – coutumières – rivières – fontaines
inhumaines – lumières – premières – peines
essaie – dards – fasse – part – plaie – place