LA TELECOMMANDE
Beaucoup d’entre nous ont déjà rêvé d’avoir une télécommande vraiment universelle qui gère le monde plutôt que notre téléviseur.

Moi, j’en ai une. Elle ne se présente pas comme une télécommande de télévision, non, c’est un simple morceau de bois enchanté. Il y a trois options : reculer dans le temps, mettre en pause ou avancer le temps. C’est son ancien propriétaire qui l’a appareillé avec moi, ce qui veut dire que je suis le seul à ne pas être impacté par ses effets.

Au début, j’ai commencé par gagner beaucoup d’argent avec le Loto, j’ai rectifié quelques erreurs que j’avais commises, sauvé la vie de quelques proches.

Et puis un jour on me l’a volé. Moins de 24h plus tard, le monde s’est mis en pause et moi, depuis plus de 20 ans, je cherche sans fin où se trouve ce petit bout de bois pour relancer le temps de l’humanité, le problème c’est que je me fais vieux et je n’ai pas la moindre idée d’où ce trouve cette saleté.

954 caractères, espaces et titre inclus.

LA TELECOMMANDE

Yvette et Ernest n'avaient pas fêté leurs 45 ans de mariage et de vie commune. Normal : ils se détestaient, les sentiments du début ayant laissé la place à une haine mutuelle plus forte de jours en jours.

Un soir que sa femme lui faisait une fois encore de nombreux reproches fantaisistes ("Tu fous rien !! Tu restes vautré devant la télé !!"), Ernest, en feuilletant son journal, découvrit une publicité alléchante ; la société ElectroMagic, pour la modique somme de 89.99 Euros, proposait un appareil révolutionnaire, une télécommande d'un nouveau genre. Ernest lut attentivement la réclame et décida de s'offrir ce produit. Yvette allait rire... jaune !

Quelque temps plus tard, Ernest, encore une fois accablé de remontrances, pointa la nouvelle télécommande sur Yvette.... et la zappa. A la place apparu Laeticia Casta, prête à se lancer dans un strip tease.

S'en fut trop pour Yvette, euh, Laeticia : elle s'empara de sa propre télécommande et zappa Ernest en chihuahua.

Une bonne chose de faite !

999 Caractères.

La télécommande
(Sur un air ancien)



Tu regardes la télévision et tout devient triste, plus triste que la pluie grise et froide d’hiver qui frappe notre rue depuis des semaines.

Tu ne m’écoutes plus.

Tu réfléchis à peine.

Tu consommes.

Tes yeux s’élargissent et se plissent de contentement. Tes yeux se ferment de fatigue quand tu enchaînes tous les épisodes d’une série en une soirée.

Il me vient des envies d’envoyer cette télécommande au loin, à travers la fenêtre. Comment réagirais-tu ?

Je suis triste, de ne plus oser te dire les choses. De ne pas te faire part de ce que j’estime être une déchéance mentale commencée il y a des années. Une pente glissante.

Alors je sors, seul. Je fais le tour du quartier. Je pousse mes explorations plus loin. Je me frotte au monde réel, aux paysages banals des environs, aux éléments, aux silhouettes aperçues. Et cela me suffit pour me rappeler que je suis vivant. Je pousse la porte de la maison, prêt à partager ces maigres trésors avec toi, mais tu ne m’entends pas.

Où es-tu, mon amour ?



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Alfin #1131 : ah, qui n'a pas révé d'avoir cette télecommande qui rattrape le temps perdu... mais elle est tombée dans les mains d'un amateur, dommage. J'espère que cela n'arrivera jamais...

Placebo #1133 : chronique d'un couple tombant en lambeaux. Je trouve le tout poétique, bravo !

La télécommande


Elle trône sur la table du salon, les touches usées comme ton corps qui demande sans cesse la distraction ultime.
L'émission parfaite qui doit bien être là, quelque part.
Alors tu l'attrappes et tu cherches. Tu fais cliqueter les chaînes au bout de ton poignet.

Les flashs colorés de ton hésitation frénétique s'arrêtent sur une belle discussion à sens unique.

- Restez bien avec nous, après cette page de pub on vous dira pourquoi Julia Roberts ne s'épile pas sous les bras.

" Restez bien avec nous. " Comme si tu faisais partie de la famille.

Tu restes bien avec lui... jusqu'à ce que tu te lasses.

Le plastique tiède et rassurant dans la main, tu la presse comme un poignard contre ton coeur en dévorant des yeux les publicités ciblées aux rythmes calculés.

Convaincue de tenir entre tes doigts tous les bonheurs du monde, tu agites la manette comme un chef d'orchestre alors qu'en fait c'est toi, que la télé commande.




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Robertus #1135 : ta micro rappelle beaucoup les paroles de la chanson Zero the hero de Black Sabbath.

Salut Dugenou.

J'ai été voir la vidéo avec les lyrics. En effet elle est dans le thème ^^.

Placebo : J'ai trouvé ta micro pleine de finesse. On dirait une lettre que le narrateur aurait écrit pour faire entendre raison à sa mie.

La télécommande.

Gisèle est partie, suivie de Michka, puis ma télé est tombée en panne.

Heureusement, ma télécommande fonctionne toujours. Je m’en suis aperçus, par hasard, en pianotant machinalement sur les touches, et depuis je l’utilise régulièrement. Le matin quand je me réveille, il fait encore nuit, je lance ma cafetière, quand le café est prêt je sors avec ma tasse fumante sur le balcon, j’appuie sur la touche 1 et les oiseaux commencent à chanter, j’appuie sur la 2 et le soleil se lève. Plus tard, je commande aux gamins de courir à l’école, au facteur de passer sans s’arrêter devant ma porte, à Paulette de sortir promener son pépère… Puis quand j’en ai assez de l’agitation de la journée, je télécommande le coucher du soleil : et un peu plus de rouge, en augmentant le volume.

Ce soir je suis fatigué, Gisèle me manque, je vais la rejoindre, je m’assois sur mon vieux fauteuil, j’appuie sur la touche zéro, et j’attends.

Vicomte Bidon, #1138 : une histoire triste, même si elle fait sourire... Un jour, je crois que quelqu'un, je ne sais plus qui exactement, a dit que "l'humour, c'est l'énergie du désespoir"... ta micro est une parfaite illustration de cette citation.

Au fait, bienvenue sur le fil !

Des micro-nouvelles très réussies sur ce thème, bravo aux participants.


La télécommande

Le géant de métal surgit en silence au bout de la rue déserte. Ses yeux-caméras scrutaient chaque pouce de terrain avec une attention sans faille.
- Oh, merde, y'a un ferrailleur qui s’amène par ici !
- T’as pas d’identification ?
- Pas plus que toi. Mon code-barre est périmé. S’il me repère je suis pas près de revoir le jour.
- Panique pas mon pote, j'ai ce qu'il faut.
Jedo sortit un boitier carré de sa poche et dit avant de le braquer sur le recruteur-robot maintenant tout proche :
- C’est Moha qui l’a fabriquée. Son gadget brouille le signal de ces saloperies de ferrailleurs. Je l’ai déjà testée deux fois. Tu vas voir, il va danser ce gros lourd.
Jedo pointa la télécommande… et rien ne se passa. Le robot était presque sur eux.
- Ils apprennent vite, constata Jedo. On s’arrache, mec. Chacun pour sa peau.
Trop tard. Le filet s’abattit et emprisonna dans ses mailles d’acier les deux futurs travailleurs forcés. La mine avait besoin de bras.

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