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Re : Contraintes contrastes
Maître Onirien
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C'est la foule je vois ^^ Et les bonnes résolutions d'écrire que je suis sûr une moitié des oniriens a prise ? (peut-être les poètes uniquement, damned. Mais vous pouvez participer aussi, hein).

Contrainte de la semaine (proposée par votre serviteur)
- Fond : Aujourd'hui rien ne va plus, vous envoyez bouler une chose que vous gardez enfouie en vous depuis des années et que vous ne supportez plus.
- Forme : Langage précieux et fond grotesque


Ma participation à la contrainte de cette semaine :

*

Le nouvel an de Thibault commençait bien. Il était entouré d'inconnues en maillot de bain dansant sur la plage en levant leurs bras haut dans le ciel, offrant leurs aisselles parfaitement épilées au regard de la lune. Au regard de Thibault. Au regard de ses amis restés dans la voiture, n'osant pas se joindre à la fête. Mais il y avait quelque chose d'étrange à la vue de ces vélanes battant le sable froid de leur pas rythmés. Ce n'étaient pas un mirage ou une hallucination (sa dernière consommation de drogue remontait à plusieurs semaines), peut-être un rêve, surement la réalité.

- Comment tu t'appelles ?
- 3ùO> |am«»/au
- Enchanté, moi c'est Thibault.

Il effleura l'épaule de la jeune fille puis descendit le long du bras et la prit par la hanche.

- e*« aéu se auie /au /«d» ?
- Moi non plus je ne suis pas un garçon facile, donc je ne couche jamais le premier soir.

La musique les entraîna dans un zouk rythmé. Plusieurs filles se mirent à taper des mains en cadence, elles formèrent un cercle autour d'eux. Or Thibault ne quittait pas 3ùO> des yeux. Il accentua son déhanché, fixa les lèvres de sa partenaire, étendit la main pour caresser le cou bronzé… pour se retrouver brusquement tiré en arrière par les épaules !

- Les gars, qu'est-ce que vous faîtes ? Depuis quand on se casse des coups entre nous comme ça ?!
- T'as pas encore pigé, mon vieux ? C'est ni des femmes ni des hommes, c'est des travestis brésiliens !
- Qui ont quitté leur pays en été pour venir se peler ici sur une plage déserte, bien sûr.
- En te parlant portuguais. Tu vois d'autres explications ?
- …
- Allez, bois un coup, on va trouver une autre soirée.
- Allez-y, je reste.

Le nouvel an de Thibault commençait bien. Car cette année, il allait dépasser toutes ses limites.

Contribution du : 05/01/2014 22:34
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Re : Contraintes contrastes
Chevalier d'Oniris
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Voilà ma contribution. J'espère qu'elle est dans le ton :

La salle de bal est grouillante d'une fourmilière d'invités au mariage. Il y a là des hommes, des femmes, des enfants, des aînés, des curés, des politichiens, et une pléthore d'hommes et de femmes d'affaires affairés à se rapprocher du tableau principal.
Les musiciens pastels jouent des airs mièvres mais sympathiques, aux consonances convenues et aseptisées.
Un parfum aigre plane dans l'air chargé de mille et une odeurs corporelles camouflées sous des noms qui se veulent chics : Angel de Mugler, L'Air du Temps de Ricci, Joy de Patou, Numéro 5 de Chanel, Opium de St-Laurent, Femme de Rochas, Le Mâle de Gautier, Fahrenheit de Dior, Azzaro de Azzaro.
Les mâles en trois-pièces de marque reniflent la forêt luxuriante des décolletés féminins. Les cheveux bien coiffés ou le crâne luisant, ils envisagent de manière conquérante la chute de reins des jeunes femmes sorties tout droit des pages de magazines féminins. À l'occasion, leurs épouses les rappellent à la réalité et les chasseurs se rabattent sur leur trophée déjà baguée, enchaînés qu'ils sont aux perles qui s'enroulent autour des cous gracieux de ces dames, petites boules de nacre regrettant amèrement la salinité de l'eau où elles sont nées, issues d'un petit grain de sable déposé au fond de l'huître.
Tout à coup, la foule s'anime. Monsieur le PDG vient de faire son apparition, entouré de sa cour habituelle : madame PDG, fistons et fifilles PDG, gardes du corps, planificateurs financiers, conseillers à l'image, le "tailor" qui est riche.
Alors, c'est la cohue. Chacun tente de se rapprocher le plus possible du centre de table que constitue ce monsieur. Plus tu t'en approches, meilleure sera ton bilan de fin d'année. Alors on se bouscule, on joue des épaules, on propose des opportunités à haute voix, on espère.
Mais monsieur marie sa nièce. C'est-à-dire qu'il assiste au mariage de sa nièce. Il passe en coup de vent. Il s'assied à la table d'honneur. Le brouhaha est total, l'air est survolté. Un musicien tombe au SOL sur le DO. Trop émotif, pensent ses compagnons ; pas vraiment dans le ton.
Et moi, je m'approche du tableau principal. J'ai l'air d'un serviteur-con du palais de Buckingham, ou de n'importe quel autre palais où des gens perdent leurs vies à servir un roi, une reine, un tsar, un magnat quelconque. Dans mon petit habit de valet, j'apporte la bouteille de grand cru que je dois servir à Famille PDG. Je m'approche par derrière, je dois servir Monsieur d'abord. Il goûtera, et me fera signe si oui ou non je continue le service.
Je m'avance, je les regarde.
Pan ! je dépose la bouteille sur la table de façon à ce qu'elle éclabousse un peu tout ce beau monde.
Et voilà ! J'ai perdu mon emploi, mais je préfère être capitaine sur mon radeau que moussaillon sur un navire de guerre ou un yacht de luxe.

Contribution du : 08/01/2014 18:24
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Re : Contraintes contrastes
Maître Onirien
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waow ! j'admire vos productions : beaux exemple de "grotesque, langage précieux" pour un coup de gueule. Je viens régulièrement sur ce fil sans trouver le ressort de composer avec vous comme je le tentai il y a quelques mois (la confiance sans doute manquante, la flemme pas du tout)
N'empêche que je trouve le niveau d'écriture bien élevé sur ce forum et quelle diversité de personnalités !

Contribution du : 08/01/2014 19:34
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Poésie et carnets artistiques : https://papiers-relies.assoconnect.com/
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Re : Contraintes contrastes
Maître Onirien
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MissNode, si c'est un souci de confiance et pas de flemme (est-ce possible ? ^^) pas de crainte ! Tu (me souviens plus si on s'est jamais tutoyé, mais on garde cette forme ?) as déjà participé, tu sais qu'il y a des semaines avec et sans mais que dans tous les cas ça fait plaisir de pouvoir se dire "j'ai écrit une courte histoire" :) Et franchement, c'est dur de donner un niveau relatif à chacun (je vois les miennes assez bas dans le panier ^^), toutes les productions sont les bienvenues !

Dowvid Bon retour sur ces terres !
Beau portrait d'un certain type de société avec l'humour qui suit, je regrette peut-être l'apparition tardive du narrateur, j'aimerais bien en savoir plus sur lui du coup :) Pour le ton, je suppose, je ne sais pas bien ce que j'ai voulu dire par "précieux", je pense que ça correspond ^^

placebo

Contribution du : 08/01/2014 20:46
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Re : Contraintes contrastes
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Placebo, c'est presqu'un cas vécu.
Mon ex-neveu (neveu de mon ex) et en même temps ami planchiste m'a raconté l'histoire du remariage de son père avec la nièce d'un gros, mais là, hyper gros bonnet québécois en finances. Un homme d'affaires milliardaire, bref, quelqu'un qui ne vit pas dans le même monde que moi.
Il est juste passé faire un tour de 20 minutes au mariage, et c'était la cohue, tout le monde se poussait du coude pour ramasser les miettes qu'il laissait tomber.
Mon pote a eu droit à un garde du corps de la Gendarmerie Royale du Canada toute la journée parce qu'il était le fils du marié.
Les gens venait tous le voir pour savoir qui il était, et s'il pouvait les rapprocher du Monsieur.
Bref, le délire total. Il me connaît, il sait comment j,aurais réagi avoir été là.
Alors voilà, mon histoire part de ça, et le serveur c'est moi, bien sûr

Contribution du : 08/01/2014 23:32
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Re : Contraintes contrastes
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Salut à tous, c'est la première fois que je poste dans ce fil, j'espère que je vais pas me trouver hors sujet dès le départ, mais le concept m'intéresse, alors je me lance avec ma petite production. C'est un peu de vécu, même si je n'ai jamais été dans cette pièce précisément, mais plutôt dans ceux qui apprendraient la nouvelle le lendemain.
_____

Ma cravate me serre la gorge, mon col de chemise me gratte la nuque, la coupe, trop étroite, de mon costume m’irrite les aisselles et mes chaussures de cuir me compriment les orteils. Mal à l’aise sur cette chaise trop design pour être confortable, je cherche désespérément une position confortable, tout en œuvrant pour ne pas perdre le fil de la présentation. J’ai soif et j’ai faim. Quelle idée de booker ces réunions à des heures pas possibles. J’ai autre chose à foutre de mes soirées. Et ce ne sont ni le champagne ni le cognac qui trônent sur la table qui vont apaiser ma glotte sèche.
Francis, le chef de la compta et Etienne, le DRH, nous parlent de la crise, de combien la société est en danger si nous ne faisons pas des coupes drastiques dans les dépenses et le personnel. Cela va de soit, il n’y aura pas d’augmentations de salaire cette année pour les non-cadres. Et pour certains cadres non plus d’ailleurs. Bien entendu, nos chers actionnaires recevront leur part des bénéfices de l’entreprise, et les responsables de secteurs, dont je fais partie, auront leur prime de productivité, comme il se doit. 50 000 euros chacun. Un peu moins que l’année dernière, mais on fera avec, la nouvelle bagnole attendra le mois prochain. Mon regard passe alternativement de l’un à l’autre de mes collègues. Eric, ce pisse-froid, gratte des pages entières de son bloc note, il n’aura aucun mal à annoncer à ses subordonnés les décisions de la direction. C’est un parachuté, nommé à son poste par le frère du cousin de son beau-papa, autrement dit, le PDG, celui qu'on ne voit jamais. Antoine s’en fout, il est à quelques mois de la retraite et tout ce qu’il veut c’est sa prime. De toute façon il est déjà haï par tout son service, alors une mauvaise nouvelle de plus ou de moins. La chaise de Bastien est vide. C’est étrange, le délégué syndical ne rate jamais une réunion. Ah oui c’est vrai, il est malade. On a décalé le rendez-vous exprès pour qu’il ne vienne pas nous emmerder avec ses idéaux de prolo, ce communiste. Les autres écoutent attentivement, ou du moins le feignent avec habileté. Pour la plupart, ils doivent déjà, dans leur tête, être chez eux à regarder le journal de TF1 avec un bière pendant que leur petite femme prépare le dîner. J’en reviens à Francis. On va prendre des stagiaires qu’il dit. Ca coûte moins cher que des CDI, ou même que des CDD. Et c’est plus facile à virer. Il fait une blague graveleuse à propos de la petite étudiante qui est depuis 2 mois dans mon service. Je rigole avec les autres. Ca me donne encore plus soif. Vivement que cette réunion se termine. J’ai envie de rentrer chez moi. J’ai pas de petite femme pour me préparer le dîner mais bon, ça sera toujours mieux qu’ici.
Je joue avec mon stylo en écoutant d’une oreille les palabres de mes collègues. Je sais déjà tout ça, une note de service aurait suffit. Ou un mail. Je n’y tiens plus, j’allume une cigarette. Francis s’arrête de parler, interloqué. Je l’ai choqué ? Je suis rapidement suivi par les autres, tout le monde en crame une. Même le patron sort de sa poche un Montecristo qu’il allume avec son beau zippo doré. Je hoche la tête pour moi-même, je pensais vraiment me faire rappeler à l’ordre. Mais quoi ? je suis numéro 4 de la branche, autant dire que je peux faire ce que je veux.
Francis reprend son interminable discours. Déjà dans ma tête, je me vois annoncer à mes employés qu’il peuvent se mettre la prime de noël derrière l’oreille. Je me demande comment je vais tourner ça. Après tout, pas plus tard qu’il y a deux ans, j’étais à leur place, exactement au même niveau. Ce sont des amis pour la plupart. Merde. Quelle plaie.
Tous les regards se tournent vers moi. J’ai parlé tout haut ? Ah non, à priori Etienne m’a posé une question. J’ai rien suivi.

- Ca ne te posera pas de problème bien sûr. Il me dit, avec son grand sourire de belette.

J’hésite. De quoi parle-t-il ? Dans le doute, je hausse les épaules sans rien dire, avec une moue équivoque.

- Très bien, si t’arrives à les faire partir avant la fin de l’année ca serait idéal. Dis leur que c’est pour le bien de la société. Une pré-retraite, c’est pas si grave, ils s’en remettront.

Ah putain, j’suis piégé, il faut que j’me débarrasse des vieux. Et j’ai acquiescé. Non mais quel abruti.
Son sourire s’élargit, je sens qu’il est prêt à balancer une de ces vannes merdiques dont il a le secret.

- Et puis on pourra plus dire qu’on a pas une équipe jeune et dynamique !

Il rit, fier de lui, son double menton frétille sous les hoquets.
Je me lève, j’écrase mon mégot sur la table en acajou de la salle de réunion.

- Sale con.

Je claque la porte.

_______

Contribution du : 09/01/2014 06:36
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Re : Contraintes contrastes
Maître Onirien
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Hello Oscar ! Ravi de te compter parmi nous pour cette première fois !

J'ai bien aimé le texte (au tout début : à peine de virgules en trop et répétition de "confortable", après j'ai bien accroché), sur un thème un peu similaire à celui de dowvid en fait, comment réagir face aux "puissants", s'écraser est-il accepter ? [hum, c'est moi qui surinterprète là ^^]

Le thème est bien respecté, l'entrée est réussie :) on prend l'habitude de donner des petits commentaires sur les textes des autres aussi. J'aime bien en profiter pour m'exercer à donner des titres, mais tout ça est optionnel :p

Merci pour les dessous de l'histoire Dowvid :) Dur dur de vivre en tant que milliardaire si les autres viennent s'amasser autour de nous (enfin, on va pas les plaindre non plus ils ont qu'à dépenser leur argent ^^)

Contribution du : 09/01/2014 16:13
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Re : Contraintes contrastes
Chevalier d'Oniris
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Compte pas sur moi pour les plaindre. J'aurais plutôt une attitude tout à fait à l'opposé.
On ne se refait pas

Contribution du : 09/01/2014 19:19
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Re : Contraintes contrastes
Expert Onirien
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Vos textes sont très bien,

mais il y a une questions que je me poses.

Que faites-vous de ces bouts de textes.

Est-ce que vous les imprimer,

où les envoyer sur un CD-Rom...

Contribution du : 09/01/2014 20:19
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Re : Contraintes contrastes
Maître Onirien
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A priori, les textes vont rester ici martin. Nous sommes dans la rubrique "Exercice d'écriture" et, même si le résultat est parfois étonnement bon, ça reste un exercice :) pas de série, dessin ou cd-rom derrière, désolé.

Contribution du : 09/01/2014 21:06
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