@ Dugenou

J'ai trouvé quelque chose de démoniaque dans le monde décrit par votre nouvelle, la fumette n'a rien à voir là-dedans, bien que je sois en train de siroter un petit rhum.

La suite du Maître--nécromant arrive, alors c'est sûr que je n'ai guère le temps pour les frivolités, mais tout de même il fait bon s'amuser un peu.

Sans vouloir vous ramener à de mauvais souvenirs, Animal, votre suite était prévue pour mars... j'attends !

Merci pour tes encouragements Dugenou !

J'ai lu ta micro "Idiocy Online" : je n'ai pas vraiment tout compris, mais c'est surréaliste et ça me plait.

@ Dugenou post 1172

Ca vient, pour juin.


DECONNEXION

- Allez, je t’attends, ça fait des heures que tu es devant cet ordinateur. Déconnecte un peu. J’ai besoin de toi pour porter les courses.

Lester poussa un soupir. Sa nana ne comprendrait jamais que c’était son gagne pain. Il était le meilleur pour composer des musiques en ligne qu’on s’arrachait. La preuve, son label avait assuré ses mains pour une somme fabuleuse. Lester enregistra son morceau et se leva. Mais pourquoi Fanny s’obstinait-elle à aller en ville aux heures de pointe ?

Le centre commercial était bondé, le parking plein. Ils durent se garer dans l’annexe, ce qui impliquait de traverser la rue avec tous ces fous qui roulaient comme des malades. Une voiture arrivait à toute allure et Lester, perché sur son bord de trottoir, attendait patiemment lorsqu’il sentit une brutale poussée dans son dos.

Sa dernière pensée en ce monde fut qu’il n’aurait jamais dû se marier ni désigner sa femme comme bénéficiaire de l’assurance s’il lui arrivait quelque chose.

974 caractères espaces inclus

Animal #1174 : au début, j'ai un buté sur la notion de "mains assurées"... mais la chute a tout remis en ordre. Une déconnexion fatale !

DECONNEXION

"Déconnexion programmée dans deux minutes" annonça la voix numérique de l'arbitre.

Turk se glaça. Il lui fallait au plus vite sortir du jeu-piège et réintégrer son corps, connecté au système via la broche insérée dans son bulbe rachidien. Sinon, il se retrouverait en état de mort cérébrale, et les organisateurs disposeraient de son corps à leur convenance.

Ses concurrents l'avaient dépassé et il se retrouvait bon dernier de la course-piège ; il avait décidément mal évalué les aptitudes des autres, sans compter qu'au début de la course, il s'était fait sortir du circuit comme un bleu. S'il n'avait pas eu tant de dettes, et si ses créanciers ne l'avaient pas tant harcelé, jamais il n'aurait tenté sa chance au jeu-piège...

La voix de l'arbitre le tira de ses réflexions : "Déconnexion dans 5 secondes...4... 3...2..." Turk paniqua : il était foutu.

- "Zéro."

Finalement, les organisateurs du jeu-piège revendirent les organes viables de Turk, sur le marché officiel. Ses dettes étaient réglées.

996 Caractères.

@ Dugenou, post 1176

Bien trouvé. C'est carrément de l'anticipation. Quand on aura besoin d'organes, il suffira d'organiser un petit jeu et il y aura forcément des gogos pour tenter leur chance.

Très bien, vos nouvelles, ANIMAL et Dugenou !

Alors, à moi (j'ai imaginé une suite à mon poème "Avec domicile mobile") :

Sous la tôle

Un vent glacé aiguise les rumeurs de la ville.
Il s’est garé devant un ancien entrepôt, sur un parking au goudron fissuré qui sent l’huile rance et la pisse. Au soleil déclinant, il observe la poussière qui luit sur les herbes folles du caniveau. Puis il s’allonge ou plutôt se plie, se tasse sous deux couvertures rêches au creux de sa voiture vert pomme Granny Smith. Des cauchemars de poutrelles et de pieux traversent son sommeil.
Le chantier de l’immeuble C l’attend, le lendemain, dès l’aurore. « Il faudra absolument avoir terminé le ferraillage de la dalle sud avant la livraison du béton de dix heures ! » a gueulé le gros Zanieri à la débauche.
Dans douze jours, son contrat s’achèvera chez KTMP Construction. Il ira alors où sa voiture sera encore capable de le transporter. Vu le chômage qui rôde et l’état de ses économies, il se dit que sa déconnexion d’avec la Société semble proche. Le vent glacé siffle l’avertissement à travers la tôle.

975 caractères (espaces et titre compris.)

Luz 1178 : très réaliste, j'en ai peur. On est pas loin des conditions de travail de certains ouvriers de stades au Qatar, sauf qu'eux n'ont pas la voiture...

@ Luz post 1178

Vous lisez l'avenir, il me semble. On y arrive lentement mais sûrement.