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3 Utilisateur(s) anonymes
Re : Contraintes contrastes |
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Maître Onirien
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31/10/2009 09:29 De du côté de Brocéliande
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La marâtre de Blanche-Neige prépare un bien mauvais coup. Elle se confie à son miroir :
« Bon, pour la gamine ça ne devrait pas poser de problème : la pomme d’amour, c’est de son âge, elle n’en fera qu’une bouchée … la dernière, hé ! hé ! Mais pour mon royal époux c’est une autre paire d'éperons, il va falloir ruser. Le bouillon ce n’est pas son fort, il carbure plutôt à l’hydromel, le cher homme quand il humecte ses vêprées. Je crois que je vais inventer une sorte de nouveau jeu, le strip-bouillon : Une cuiller pour mes gants, une cuiller pour mon bliaut, une pour ma guimpe, une pour ma chemise, il devrait avoir vidé sa coupe avant que j’en arrive à dénouer mes chausses. Ce qui me tracasse c’est la nécessité de garder un œil sur la clepsydre : - Toute l’efficacité du bouillon d’onze heures gît dans le respect de l’horaire a bien insisté l’apothicaire ! Un trône à la seconde près, quel enjeu mon bon miroir ! »
Contribution du : 27/11/2014 14:02
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"La poésie est aux apparences ce que l'alcool est au jus de fruit" Guillevic |
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Re : Contraintes contrastes |
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Organiris
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la lutte pour le pouvoir est souvent amère...
Je tournicote un cheveu autour de mon doigt, clic, je l’arrache. Ça picote et ça gratte. Je recommence avec celui d’à côté. Clic. Je le pose sur l'oreiller. La dame de service me regarde, mais ne bouge pas. C’est le temps calme, on ne doit pas bouger, même elle. A la fin de la sieste, lorsqu’on peut enfin se lever et retourner en classe, il y a plein de cheveux rangés sur mon oreiller. Tous blonds, tous pareils. Personne ne voit rien. Clic et clic et clic. Derrière l’oreille, ça fait le plus mal. Peut-être qu’un jour, je serai comme Caca et alors on me verra. Papa me ramène de la garderie. Il fait nuit. Avant, Maman venait me chercher, mais elle ne peut plus : Caca est trop petit pour qu’elle l’emmène à l’école, et bien sûr il ne peut pas rester tout seul à la maison. Je cours autour de son lit en criant « Caca, Caca », et Maman me gronde : « Louise, arrête, tu l’énerves. Et puis peux-tu, s’il te plait, l’appeler Lucas ? Tu n’es plus un bébé ! » Je n’écoute pas, je cours, je cours, jusqu’à ce qu’elle m'attrape par le bras. « Arrête, je te dis ! » Alors je regarde les dessins animés pendant qu’il prend son bain et qu’il mange. Papy et Mamie sont venus à la maison. Lucas a grandi, ils disent, c’est fou comme il a changé en un mois, comme il a fait des progrès. Papy est tout rouge, c’est le vin. Il fait peur à Caca avec sa grosse voix, alors il retourne au salon avec Papa. Moi, je suis là, aussi. Papy dit à Papa qu’il est heureux d’avoir un petit-fils, le premier garçon, que le nom des Dalembert est sauvé. Sauvé de quoi ? J’ai demandé à Maman si je pouvais lui donner à manger, maintenant qu’il commence les petits pots. Elle a eu l’air surprise, elle a dit « Mais oui, Louise, bien sûr que tu peux ». Elle me regardait sans arrêt, mais j’ai tout bien fait. Alors elle n’a plus regardé, la fois d’après. J’ai sorti mon mouchoir en papier de ma poche. J’avais écrasé le poison tout fin, tout fin. J’ai fait comme ils disent à la télé, les cachets dans l’armoire de la salle de bain, tous mélangés. Quand j’ai versé le poison dans son petit pot, ça m’a fait bizarre, mais c’était agréable. Et puis, j’ai eu peur. Alors je me suis mise à pleurer, et Caca aussi, très fort, et Maman est venue. Enfin.
Contribution du : 28/11/2014 15:12
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Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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24/12/2008 15:36 Groupe :
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Je suis content. Tout est prêt. Ça fait un bon bout de temps que j’y pense. Aujourd’hui action ! Trop longtemps que je supporte. A cause d’elle tout le monde me prend pour un imbécile, un con. Elle va voir ce qu’il peut faire le crétin débile. J’ai volé son objet préféré. Me reste plus qu’à l’enduire de poison. Ma boite contient le venin extrait de bave de crapaud. Pas facile à capturer j’y ai passé un temps sidéral. Bien sûr j’aurais préféré du solonium . Comme me le disait Michaël : « tu devrais faire ça à la Russe ». Mais ces trucs là c’est trop dur à trouver. Voilà, j’y suis. Je badigeonne la règle avec mon pinceau Da Vinci, soie, n° 21…celui que j’avais oublié. J’avais eu droit à une belle scène, pire qu’à la maison. Front contre le bureau, et lignes à gribouiller.
Je remets son instrument de torture préféré sur le bureau, ni vu ni connu. Voilà, c’est fait. Elle prend la règle dans ses mains, tapote légèrement sa paume, s’avance vers moi. Tiens, ça démange on dirait. Avec un peu de chance, après sa mort, la très jolie remplaçante reviendra.
Contribution du : 28/11/2014 18:15
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Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant. V Hugo |
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Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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Voici mes commentaires de ces textes.
Ils sont tous très bien fais à part Costic qui n'a pas fait des paragraphe dans son texte mais très bien écris...
Contribution du : 28/11/2014 19:45
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Re : Contraintes contrastes |
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Maître Onirien
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brrrr ça fait frissonner, vos récits à toutes les trois !!! mais j'ai adoré (et moi, rien n'est venu)...
Allo Placebo ? suis en manque de consigne, z'avez zappé celle du dimanche ? ou bien z'êtes en vadrouille ?
Contribution du : 02/12/2014 18:01
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L'homme est conduit par l'aveugle qui est en lui- J.Claude Izzo Poésie et carnets artistiques : https://papiers-relies.assoconnect.com/ |
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Re : Contraintes contrastes |
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Maître Onirien
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Je fais peur, c'est certain. Le savoir effraie, plus encore que la mort. J'aime la nature, me promener parmi mes semblables, apprendre des animaux et des plantes. Je me tiens loin de la ville. Trop d'odeurs, trop d'humains, trop de bruit. Ils courent dans tous les sens et prient en attendant des miracles.
Je n'aime pas la ville mais le comte a parfois besoin de mes services. - Entre, la vieille, j'ai à te parler d'une affaire délicate. Pas de gardes autour de lui, notre entretien est secret comme d'habitude. Il se tient contre le manteau de l'immense cheminée de pierre. - Tu n'es sans doute pas au courant depuis ton trou, mais le duc de Savoie va passer dans notre ville le mois prochain. Grâce à toi, j'ai éliminé sa descendance directe et je suis le prochain héritier. Mais le vieux duc s'accroche et s'il meurt dans des circonstances suspectes, le pays pourra se soulever. Je suis un homme bon, je n'aimerais pas réprimer les violences dans le sang. Quel sourire carnassier. Que fera-t-il de moi une fois sa besogne effectuée ? Empoisonner le roi ? Dans la cour, le cor appelle la relève des gardes, on entend les bruissements de la foule. - Il me faut une potion indétectable, qui saura le faire souffrir au bout de quelques jours, pour écarter les soupçons. Tu as ça ? Très bien. Voyons ma deuxième affaire. - La force et l'endurance, monseigneur ? - Tu as deviné, vipère. J'ai besoin d'un de tes remèdes pour rester fort et dur comme le chêne. Ces femelles m'épuisent… Tu as ça aussi ? Très bien. Attends ! Ne me prend pas pour un agneau tendre et naïf. Goûte ta potion. - Celle pour la virilité ? Mais, elle ne me ferait pas de bien. - Elle te fera moins de mal que cette épée dans la gorge, palsambleu ! Goûte ta potion, l'empoisonneuse. Une veine bat furieusement à la tempe du comte. Il a la main sur la garde de son épée, prête à jaillir du fourreau. Je n'ai pas le choix. J'entends un chant d'oiseau à la fenêtre, le ciel est bleu. Beau jour pour mourir. J'avale mon mélange secret. Le comte m'observe attentivement. - Eh bien tu vois, pas besoin de faire toutes ces grimaces, tu as survécu ! Prends ton or et enfuie-toi vite par le souterrain. Je regagne ma forêt. Le duc, grand et bel homme, a su me comprendre, lui. Il n'a pas été difficile de me convaincre de faire mourir le comte. Il se tuera lui-même en buvant son fortifiant. Quant aux poisons… entre antidotes et mithridatisation, il n'est pas encore né celui qui enverra l'empoisonneuse en enfer !
Contribution du : 08/12/2014 12:26
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Re : Contraintes contrastes |
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Chevalier d'Oniris
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-Pourquoi il faut le faire ? dis-je, la tête penchée sur mon épaule gauche.
-Comment ça, pourquoi ? Parce que je te le demande, c'est tout. Tu n'as pas besoin de tout savoir, me répond-il. -Pourquoi j'ai pas besoin de savoir ? Moi, je suis capable. Moi, j'aime ça savoir pourquoi. -Dis donc, tu vas m'écouter ? Je t'ai dit de le faire et c'est tout, alors tu le fais. Arrête de m'embêter avec tes "pourquoi, pourquoi". Je n'ai pas le temps. Allez, qu'est-ce que j'ai dit ? -Mais pourquoi que tu n'as pas le temps ? Tu travailles pas, tu fais même rien. Pourquoi tu dis que tu n'as pas le temps ? -Non mais, tu vas m'écouter ? C'est quoi ces façons ? Je t'ai demandé quelque chose, il me semble. J'attends. Allez, bouge-toi. -Pourquoi tu veux pas parler ? Pourquoi tu veux pas me dire pourquoi ? Pourquoi tu es méchant avec moi ? Mes yeux se remplissent de larmes, des belles grosses larmes solides qui me font la lippe boudeuses et les yeux rougis. Ça marche à tous les coups. -Qui est-ce qui m'a fait un gamin comme ça ? C'est quoi ton problème, mon gars ? Je suis ton père, je n'ai pas besoin de t'expliquer pourquoi je te demande de monter te coucher. Allez, ouste, qu'est-ce que j'ai dit ? -Pourquoi tu es méchant avec moi ? Pourquoi tu es méchant ? Et je me mets à pleurer pour de bon, les larmes roulent, le nez renifle, les épaules tressautent. Je crie fort, je panique, je ne sais plus m'arrêter. -Non mais, tu m'empoisonnes la vie, espèce de bébé pourri. Tu vas cesser de pleurer ? Arrête, que je dis, arrête ! Ah ça, il ne veut rien comprendre. Martine ! Martine ! Viens t'en occuper, moi j'en peux plus. J'ai essayé pourtant. Tu ne pourras pas dire que je n'ai pas essayé. Il ne veut rien savoir. Martine ! Ma mère descend l'escalier. Elle est toute ronde de douceurs, pneumatique, enveloppante. Elle regarde mon père avec son air de "Tu pourras bien dormir sur le divan, ce soir". Elle me prend dans ses bras, m'embrasse partout. Ça chatouille, c'est tout doux. Je renifle encore un peu, histoire de donner le change. Elle me passe la main dans les cheveux, elle m'essuie les yeux, m'embrasse encore. -Allez viens ! Qui est-ce qui va coucher avec maman encore ce soir ?
Contribution du : 08/12/2014 16:27
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Le vent, c'est la vie, et je respire... |
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Re : Contraintes contrastes |
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Maître Onirien
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Merci à tous pour la participation, de beaux textes :) des enfants/ados acteurs, aussi, ça contraste avec leur soi-disant "innocence".
MissNode, je ne voulais pas donner de contraintes avant de participer et j'ai du me forcer pour écrire, pas très inspiré :/ J'ai fini "L'identité" de Kundera mais ça m'inspire pas trop, un recueil de nouvelles de Maupassant mais pour une fois je le trouve pas terrible. L'un est l'autre" de Badinter sur le rapport hommes/femmes… On va se pencher du côté des films, avec le film d'animation "Fantastic Mr fox" :) Fond : un épisode de la vie d'un loup ou d'un renard, au choix. Vol de poulets, fuite devant les chiens, saison des amours… carte blanche ! Forme : très poétique sur la forme et très sanguinaire dans le propos. Quelque chose comme la beauté des traces de pas dans la neige de la bête sur laquelle on referme ses crocs.
Contribution du : 08/12/2014 22:47
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Re : Contraintes contrastes |
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Maître Onirien
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31/10/2009 09:29 De du côté de Brocéliande
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C'est pas précisé de quelle sorte de loup il s'agit
Garou garance La lune croque-béton impasse de la folie écoute cogner minuit au beffroi un loup gris use sa nuit il arpente le trottoir broie du noir Rouge cape rouge écrin une fille en escarpins traverse le carrefour au feu rouge Sur les pavés qui frissonnent chacun de ses pas tisonne son destin nectar-venin qui s‘embrase L'autre au coin de sa ruelle s’est tailladé les paupières s'écoute pousser des ailes incendié serre les poings sur ses crocs Posant sa griffe sur elle le garou devient garance il vire coquelicot dans sa transe
Contribution du : 09/12/2014 11:02
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"La poésie est aux apparences ce que l'alcool est au jus de fruit" Guillevic |
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Re : Contraintes contrastes |
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Expert Onirien
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14/08/2009 09:58 De Bretagne
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Fenris
La reine avait rêvé longtemps devant sa fenêtre close,. Sous un ciel noir charbon, les cerises brillaient d'un éclat insolite et quand la neige arriva, le spectacle revêtit un aspect merveilleux et inquiétant. C'est alors que les contractions commencèrent. La reine baissa la tête, s'accroupit un peu et hurla longuement. Nul ne viendrait, elle l'avait voulu ainsi. Solitaire, elle avait désiré engendrer un loup solitaire pour apaiser son cœur. Comme il était beau, ce nouveau-né ! De la nuit il avait hérité l'oeil insondable, le mystère et la noirceur. De la neige il gardait l'éclat, la blancheur acérée. Et dans son cœur brûlant, une larme séchée de sa mère, comme un talisman ignoré. Elle le nomma Fenris et lui donna le sein. Il têta la solitude et la haine. Il têta le vent et la haine. Il têta le froid et la fureur.Il têta la haine et encore la haine... Il n'eut pas d'enfance : la haine fait grandir très vite. Tous les soirs, la reine appliquait ses paumes glacées sur son front brûlant et lui répétait " Prends garde, fils, ils te tueront. Personne ne t'aime si je ne t'aime. " Et plus Fenris grandissait plus l'espoir d'être aimé s'amenuisait dans son cœur, rouge petite cerise... Un matin il s'éveilla et écouta le silence. Le silence coupait comme du verre. Il écouta le vent et le vent transperçait comme l'acier. Tout le jour il écouta, écouta, à en enflammer ses oreilles et il entendit. "Tu n'as que moi, tu ne procèdes que de moi, tu es ma chose, mon amour. Tu n'es rien mon amour, que ma vengeance sans fin..." Il entra. Il avait soif. Il avait faim. Il avait froid. Il mangea et but, déchira, et saccagea. Il s'enroula dans les linges, griffa les oreillers, il chevaucha des masses écroulées, déchiqueta, hurla, désespéra. Enfin, s'enfuit. Le château du silence s'estompa au loin. Sur la neige, une cerise solitaire brillait
Contribution du : 09/12/2014 14:54
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