Bon, allez, je vous propose une nouvelle série, et cette fois j'essaie d'y participer.

adore – connu – tenu – honore
aurore – chenu – nu – colore
semble – ensemble – concevoir – (non)pareille – voir - vermeille

Bon, en décasyllabes voici ma prière matinale :


Doute

Comment aurais-je sur terre connu
Celui qui vit dans les cieux ? Je l’honore
Comme il se doit, sur l’autel je l’adore,
Mais l’invisible aucun ne l’a tenu.

De l’enfant sage à l’ancêtre chenu,
Du crépuscule à la brillante aurore,
Notre oraison, que l'attente colore,
Monte vers Dieu mettant notre âme à nu.

Nous unissons notre voix qui nous semble
Monter plus haut quand nous prions ensemble.
Pourtant du ciel je ne puis concevoir

Béatitude à nulle autre pareille :
Tel Saint Thomas, l’esprit demande à voir
Du grand secret l’impensable merveille.*

Bravo Mona. En pécheresse prévoyante, tu te prépares une place de choix au Paradis. Ces pieux décasyllabes feront à coup sûr avancer ton dossier.

Dans la lumière qui colore
En rose vif son crâne nu,
Il a ce style qu'on adore :
Il est classieux et chenu.

Ce noble vieillard qu'on honore,
Sachez-le, je l'ai bien connu,
A l'estaminet dès l'aurore,
Balbutiant et mal tenu.

L’œil éteint, la trogne vermeille
Et la dégaine sans pareille,
C'était pitié que de le voir.

Et voilà-t-y pas qu'il ressemble
A Winston Churchill. Ce me semble,
Assez duraille à concevoir.

Tizef, tu me feras toujours éclater de rire ! C'est vraiment plaisir que de lire tes trouvailles invraisemblables, pittoresques et drôles. A chaque fois je me régale de ton esprit percutant et de ton style bon-enfant (et voià-t-y pas...) J'adore !

Bravo Mona. En quelques lignes, tu nous livres ici de sérieuses questions métaphysiques (réelles ?). Oui, difficile de voir Dieu, même si on croit en lui et si on l'honore. Je ne dirais pas que c'est la prière d'une "pécheresse prévoyante" comme dit Tizef, mais plutôt d'une croyante en proie à un doute métaphysique. Le joker "merveille" est bien trouvé, et offre une belle chute, ou une belle ascension, à ce poème pieux.

Tizef, tu m'as bien fait rire ! Je suis allé voir une image de Churchill, c'est vrai qu'on a du mal à croire que le personnage que tu décris puisse lui ressembler par la suite ! Un rythme léger, bien servi par les octosyllabes, le vocabulaire familier et les enjambements.

Dans un autre genre, je vous livre ma promenade (fictive, hélas) matinale dans les bois.

J'aime me promener dans l'ombre des bois nus,
A l'heure où la forêt de rose se colore,
Caressée en secret par les doigts de l'aurore
Saluant d'un rayon tous les arbres connus.

Un geai chante au soleil des refrains continus ;
Un rouge-gorge âgé, tout empourpré, l'honore ;
Sur un olivier, la colombe l'adore ;
Vers lui sont prosternés de vieux hiboux chenus.

En voyant ce réveil des oiseaux, il me semble
Qu'ils se sont regroupés pour célébrer ensemble
L'astre éclatant du jour qui leur permet de voir.

C'était le plus beau chœur qu'on puisse concevoir.
A mon tour j'acclamai, d'une extase pareille
A celle des bestiaux, la belle aube vermeille.

Beau sonnet bucolique et romantique à souhait. Quelques petites remarques : oli-vier ne fait pas diérèse mais besti-aux cependant... Je sais combien elles sont empoisonnantes ces diérèses. De plus bestiaux n'est pas très poétique. Je sais que tu as oiseaux plus haut, il faudrait donc garder ce mot pour le dernier vers qui serait ainsi plus élégant. A la place tu pourrais mettre :
Ecoutant cet éveil matinal il me semble
Que tous sont regroupés pour célébrer ensemble...

Bien sûr "tous" fait cheville. Ce n'est qu'une suggestion... je pense que tu peux trouver mieux.

Encore un détail que j'ai oublié : dans le dernier tercet tu passes du présent à l'imparfait, il serait facile de rester au présent pour la cohérence du poème :

C'est là le plus beau choeur qu'on puisse concevoir,
Et j'acclame, à mon tour, d'une extase pareille
A celle des oiseaux, la belle aube vermeille.

Salut les copains ! Un triple ban pour vos productions artistiques...
Quant à moi je prends un joker sur ce coup-là suite à quelques occupations incontournables qui ne me laissent pas beaucoup le temps de réfléchir au problème... Ça devrait aller mieux dans deux jours ! Sorry...

Wouah ! Alex nous laisse tomber ! Mais non l'ami ce n'est pas un reproche, tu as tes obligations comme tout un chacun. Va, et reviens-nous vite !