Son long voyage avait changé Ulysse. Il avait cru longtemps que les obstacles et les ans n'avaient aucune prise, que l'on pouvait rester envers et contre tout ce que l'on était, ce que l'on avait toujours été. Mais il n'y croyait plus désormais. Oui, il avait bel et bien changé et cet homme nouveau, sombre et tourmenté, qu'il était devenu pourrait-il se satisfaire de la vie sage que l'âge mûr lui promettait...? Rien ne le lui assurait, pas même l'amour d'une femme dont les traits commençaient à s'effacer de sa mémoire.

Le portillon de l'arrière du jardin claqua sur un "A tout', Tatie". Tatie ? Pénélope soupira... elle avait passé l'âge - ou ne l'avait pas encore- de se faire appeler Tatie.
Elle se leva, lissa sa jupe. Le vent fit claquer le linge déjà sec. Au portail, la silhouette était toujours là, immobile. Un vagabond, un bonimenteur ? Devait-elle s'approcher ou feindre l'indifférence ?
Au village, Emilio l'attendait pour leur partie de scrabble quotidienne, c'est tout ce qui l'attirait, les petites lettres carrées et le sourire d'Emilio, le café dans les tasses ébréchées et la glace amarena. Et puis, la danse, le soir, la danse sous la lumière changeante des lampions de la place.

Un passage. Juste un passage - de trop?- devant le miroir. Narcisse s'arrêta. Un clin d’œil à son sublime reflet. Quel homme magnifique, se dit-il. Quelle prestance! Des traits parfaits. Sublime en tout point. Quelle femme pourrait bien mériter un tel apollon?
Narcisse décida de finir sa vie devant le seul tableau, le seul paysage qui méritait son attention.
En quelques jours il mourut de faim, seul et... heureux.

La petite décida qu'elle mettrait le monde à l'envers : elle voulut garder la plage dans le chapeau. Elle cueillit des petits galets, un peu de sable, l'eau s'échappa d'entre ses doigts mais elle en retint l'idée. Le monde pris place caché dans son bagage. Désormais, voyager serait plus facile.

Il partit décidé. Il fallait qu'il le fasse. Au bout de la planche sa peur l'attendait, un saut de ce plongeoir et sa vie basculait. Il s'avança sans respirer, ferma les yeux pour mieux sauter, mélange de peur et de fierté. Il est dans l'eau, ses parents lui sourient, il a prouvé son courage, les regards ont changés.

Il coura, tribucha puis tomba.

Ses rires , ses facéties , ses rages et ses désillusions .
Une première pelletée de terre . Des hésitations sans doute ,recroquevillée sur la fenêtre du septième étage par une pluie cinglante . Le cimetière se vide ...

Je suis devenu un fantôme parmi d'autres, errant comme un zombie en mal de paix. Je suis coincé sur Happy Land!

Il y avait du temps pour te surprendre, des mots pour te comprendre, du vent pour nous détendre.
Je lisais "Le dernier nabab". Retrouverez-vous un jour votre femme Mr Stahr? Non, elle est partie pour toujours. Etrangement, comme celle-ci lui ressemble, mais c'est une autre, une autre...
Ta main ne voulait plus de la mienne. Tes doigts ont glissé sur le sable chaud. En face l'Amérique, Fitzgerald, Monroe Stahr.

"Un jour, je partirai", disait-elle. "Si, si, tu verras, je partirai" répétait-elle avec entêtement comme je riais d'elle. Et puis un jour, elle est partie. Depuis, je ne ris plus. J'attends.