Il est vrai que l'on peut faire tant de choses différentes avec les mêmes rimes... Il suffit de partir d'un mot, de broder autour et l'image se construit. Comme aurait dit Trénet : "il suffit pour ça d'un peu d'imagination"...

Difficile de trouver un sujet après tous ces poèmes différents ! Alors je me suis souvenu d'une fleur que j'aime beaucoup...


Joli coquelicot, chef d'œuvre de la flore,
Tu pares tendrement le faîte d'une tour,
Tu mets de la gaité dans un triste séjour,
Le peintre t'embellit, le poète t'honore.

Tes pétales, la nuit, sont chiffonnés encore,
Et pour les défriper, tu attends le retour
Du soleil, rouge aussi. Tu nais avec l'Aurore,
Tu vis une journée, et meurs avec le jour.

L'eau, la terre, le vent, c'est là tout ton avoir.
Ton panache de pourpre est signe de pouvoir ;
Immobile en ton champ, tu rêves de conquête.

Ta robe rouge vif te donne un air de fête.
Mais tu pleures, le soir, tes pétales perdus,
Qui gisent près de toi, par terre répandus. *


* : joker

Ah ! le joli coquelicot qui me fait penser à Mouloudji... Tu as un peu mélangé les alternances de rimes Masculines/féminines, mais ce n'est pas grave, le résultat est charmant et d'une fraîcheur agréable (le rouge est ma couleur préférée).

Ah oui, je me suis trompé dans le 2e quatrain... J'en serai quitte pour retravailler ça.

Une semaine s'est écoulée : je vous donne le sonnet d'origine, de Louise Labé.

Deux ou trois fois bienheureux le retour
De ce clair Astre, et plus heureux encore
Ce que son œil de regarder honore.
Que celle-là recevrait un bon jour

Qu'elle pourrait se vanter d'un bon tour,
Qui baiserait le plus beau don de Flore,
Le mieux sentant que jamais vis Aurore,
Et y ferait sur ses lèvres séjour !

C'est à moi seule à qui ce bien est dû,
Pour tant de pleurs et tant de temps perdu ;
Mais, le voyant, tant lui ferai de fête,

Tant emploierai de mes yeux le pouvoir,
Pour dessus lui plus de crédit avoir,
Qu'en peu de temps ferai grande conquête.


A qui le tour ?

J'avoue ne pas trop priser le vieux français de ce temps-là, mais il a existé, même s'il a tellement évolué que l'on n'y comprend plus grand'chose... c'est quand même bien de se le rappeler.

Me re v'là après ce que l'on peut appeler un petit tour dans l'au delà ou, plus prosaïquement, une anesthésie générale pour une intervention somme toute bégnine !
Meleagre, je préfère ton joli coquelicot au sonnet de cette chère Louise. Savez-vous que le coquelicot appartient à la famille des pavots ?
Bien, celà dit je crois que c'est mon tour de faire travailler vos neurones... Voici les rimes en quetion, en espérant qu'elles n'ont pas déjà été traitées !

indiscrète-amour-cour-parfaite-faite-tour-jour-secrète-
dissimuler-parler-touche-superflus-bouche-plus...

Je vous rappelle que nous avons une semaine pour traîter le problème !

Un peu d'accord avec vous. Curieusement, parmi les poèmes de cette époque, les plus intéressants pour les Bouts rimés en sont pas forcément les plus beaux. Celui-ci, je l'ai choisi pour des rimes simples, avec des mots courants, qui laissaient ouvertes beaucoup de pistes. Cela dit, quand on le relit plusieurs fois (histoire de démêler la syntaxe et le vocabulaire un peu compliqués), il est assez touchant : un poème d'amour d'une poétesse qui idéalise l'homme aimé (la poésie nous donnant plutôt l'habitude du contraire).

Merci Alex pour ces nouvelles rimes ! Content de voir que tu n'es pas resté trop longtemps éloigné, et que la santé va mieux.

Contente, Alex, de te savoir de retour du pays des brumes... J'espère que tu te sens mieux à présent ?

L'ami Google n'a pas voulu me dire de qui étaient tes rimes, le vilain !

Bon, on va essayer de s'en accommoder... doucement s'entend !

Oui Méléagre, pour l'amour Louise Labbé en connaissait un rayon (de miel, si l'on peut dire !) et l'on croira que les filles actuelles sont dévergondées... pffttt !

Et voilà comment on s'amuse un dimanche soir ! Il faut dire aussi que les rimes sont coquines...

Réponse à un mufle

Vous osez formuler la demande indiscrète :
Si, dès seize ans passés j’ai déjà fait l’amour ?
C’est bizarre façon de me faire la cour,
Et j’attendais de vous une foi plus parfaite.

Si je vous réponds « oui », votre opinion est faite,
De la pucelle en fleur vous aurez fait le tour.
Mais si je vous dis « non », vous risquerez un jour,
De venir explorer ma cachette secrète…

Permettez-moi, Monsieur, de mieux dissimuler
Ce qu’il est de bon ton de ne jamais parler,
Ni d’accepter, surtout, qu’un malappris le touche…

Je n’ajouterai pas de propos superflus,
Et ne veux en entendre encor de votre bouche.
Passez votre chemin, vous n’en saurez pas plus !

Excellentissime.
Du nombre impressionnant de sonnets qui ont été commis sur ce petit bout de forum, c'est sans doute mon préféré.
Il est non seulement coquin mais remarquablement tourné.

Sera-t-il efficace pour dissuader l'importun ?
Est-ce vraiment le but recherché ?

Gardons-nous amis de ces questions indiscrètes et contentons nous de remercier l'auteur pour ce pétillant joyau.