Bonjour Meleagre ! Oui, ça va de soi ; j'ai donné une liste de mots que chacun doit disposer pour bâtir deux quatrains, rimes embrassées ou alternées au choix, et bien entendu deux tercets en respectant la prosodie classique selon le Traité de Sorgel accessible sur le site...

Hello ! Comme nous avions décidé d'attendre mardi pour présenter nos "œuvres" je vais me faire un plaisir d'ouvrir le bal avec un sonnet consacré à Eric Tabarly, Pépé pour les intimes.
Disparu accidentellement en Juin 98 au large de l'Irlande alors qu'il barrait un de ses chers Pen Duick, son corps sera retrouvé un mois plus tard dans les mêmes eaux.
C'est le mot royale qui a guidé mon choix, la Royale étant chez nous la Marine nationale à laquelle appartenait ce navigateur hors pair !
J'ai dû prendre un joker tant l'adverbe "superbement" est, à mes yeux, peu poétique et difficile d'emploi dans ce contexte.
N'attendez pas un chef d’œuvre de ce sonnet que j'espère tout de même sans faute grossière...

Tabarly, la légende

Un œil sur la grand-voile et l’autre au firmament,
Il a tiré des bords, le gars de la Royale,
Et labouré la vague avant que ne s’exhale
Son ultime soupir sous un sombre gréement.*

Il est mort sur les flots, c’était son élément
Qu’il s’agisse d’Iroise ou mer orientale,
Sans jamais accepter une vie à l’étale
Ni la moindre breloque en guise d’ornement.

Refusant le clinquant et taiseux par nature
Il disait posséder six Pen Duick… en peinture
Mais fuyait les honneurs et se moquait des biens.

Au large de l’Irlande, en ce moment extrême
Qu’il avait tant bravé, sans geindre sur lui-même
Il aura murmuré le nom de tous les siens…

Avril 2012

* Joker

Bonjour Alexandre ! Bel hommage à Eric Tabarly ... j'aimerais pouvoir en faire autant et avec autant de facilité. Pour l'instant ne me viennent à l'esprit que des mots relatifs à la nature, mais j'y travaille et espère pouvoir présenter un sonnet avec les rimes imposées d'ici samedi.

Juste une question à propos du premier alexandrin de ton sonnet:
" ... l'autre au ..." n'est-ce pas un hiatus ? J'ai beaucoup de mal avec eux (les hiatus) car ils revêtent souvent diverses formes me semble-t-il.

Merci d'avance pour la réponse )

Hello Marite ! Une réponse rapide avant mon départ pour les dunes que tu connais... Il n'y a pas hiatus car le "e" de autre est élidé par la voyelle qui suit, en l’occurrence ici le "a" de au...
Pour le reste, prends ton temps, ce n'est qu'un exercice d'écriture, rien de plus.
De mon côté je reprends ce sonnet sur Tabarly pour essayer d'en faire quelque chose de plus construit et aussi plus poétique mais cette fois en modifiant les rimes à ma guise...
Je te laisse car Maya, qui t'envoie le bonjour, commence à s'impatienter. A + Alexandre

Non Marite, étant donné que la lettre qui termine le premier mot est un "e" : on parle de "e élidé". Autres exemples dans le texte d'Alexandre : "vie à", "d'Iroise ou", "breloque en"…
Ça poserait problème si c'était d'autres voyelles : il y a, tu aimes… créent des hiatus. J'imagine qu'il y a une explication visuelle, mais le problème c'est surtout que ça rend la prononciation difficile, je crois.

Bien aimé le texte, la marine est un thème qui revient de temps à autres chez toi Alexandre et il sent bon l'iode :)
Je sèche un peu, j'ai plusieurs pistes mais je ne suis pas arrivé à les mener au bout, ça viendra… :p

Hum, doublé de dix bonnes minutes par alex, faut pas que je laisse les fenêtres ouvertes :)

Merci Alexandre et Placebo ! Je vais essayer de m'en souvenir, du "e" élidé mais c'est souvent "j'y pense et puis j'oublie ..."
Salut à tous les deux sans oublier Maya )

Pour moi un sonnet "premier jet" issu des bouts rimés est souvent l'occasion de le reprendre à ma façon sans la contrainte des rimes imposées pour en faire un poème un peu plus abouti comme celui que je vous propose ci-après.

Un œil sur le clinfoc et l’autre au firmament,
Il a tiré des bords en gars de la Royale
Et labouré la vague, affable ou déloyale,
Avant de succomber sous l’assaut d’un gréement.

La voile pour maîtresse, il fut ce bel amant
Qui chevauchait, d’Iroise en mer orientale,
Des purs-sangs entoilés renâclant à l’étale
Pour mieux fendre la lame entre flot et jusant.

Capitaine bougon et taiseux de nature,
Préférant aux salons quelque vieille mâture
Il vivait sur Pen Duick son rêve de gamin

Quand un soir de gros temps sur les côtes d’Irlande
En choquant une écoute il a passé la main
Et rejoint dans nos cœurs les marins de légende…

Mai 2012

Oui, je crois que ce sonnet est d'un autre niveau d'écriture classique, ne serait-ce que par le choix et l'agencement des mots. La première version m'était plus accessible mais c'est normal je pense puisque j'en suis aux essais dans le genre.
Et voici ce que j'ai pu faire avec les rimes imposées. Le thème est banal, je sais, mais que voulez-vous, je n'ai pas trouvé autre chose. J'ai modifié une rime, comme autorisé, au lieu de "siens" j'ai utilisé "viens".
En attendant d'autres contributions que j'aurai plaisir à découvrir car on y puise toujours des idées pour s'améliorer.
Bonne fin de journée à tous !

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Lorsque la nuit s’étend au sein du firmament
Toutes les effluves que la forêt exhale
Se répandent sans bruit sous la voûte royale
Qu’un semis d’étoiles revêt superbement.

La lune et ses reflets en guise d’ornement
Font scintiller les eaux. Splendeur orientale
Des jardins, des ruisseaux et de la mer étale
Qu’effleure le zéphyr, mystérieux élément.

Spectacle fascinant, charme de la nature
Camaïeu de couleurs, féérique peinture
Offrant à nos regards ses joyaux et ses biens.

Le cœur du poète séduit entendra même
La muse de l’ombre qui lui murmure « viens » *
Dévoilant ses secrets, récompense suprême.


* joker

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Lorsque la nuit s’étend au sein du firmament
Toutes les effluv(es) que la forêt exhale
Se répandent sans bruit sous la voûte royale
Qu’un semis d’étoil(es) revêt superbement.

La lune et ses reflets en guise d’ornement
Font scintiller les eaux. Splendeur orientale
Des jardins, des ruisseaux et de la mer étale
Qu’effleure le zéphyr, mys/té/ri/eux élément.

Spectacle fascinant, charme de la nature
Camaïeu de couleurs, féerique peinture
Offrant à nos regards ses joyaux et ses biens.

Le cœur du poèt-e- séduit entendra même
La muse de l’ombr-e- qui lui murmure « viens » *
Dévoilant ses secrets, récompense suprême.

Hello Annie ! J’ai un peu disséqué ton poème et globalement voilà ce qu’il en est :
-vers 8, à mys-té-ri-eux est assujetti à la diérèse, donc tu as un vers de 13 syllabes
-vers 2, 4,12 et 13 tu as une faute à l’hémistiche de chacun de ces vers et techniquement, bien que comptant 12 syllabes, ces vers ne sont pas corrects, car les « e », « es », « ent », non élidés ou non élidables sont interdits aux hémistiches.
Pour plus d’infos, tu vois le Sorgel dans sob chapitre Hémistiches et césures, c’est bien expliqué.
Je vois que tu ne t’es pas faite piéger par o-ri-en-tale, Bravo !

Pour ce qui est de mon Tabarly 2, c’est vrai qu’il y a sans doute trop de termes « marine » !
Tu as bien fait de me le faire remarquer… Bonne soirée !

Bonsoir Alexandre et merci pour tes corrections. Les hémistiches !!! je les avais oubliés, la très longue pause de ce forum a un peu, beaucoup endormi mes neurones. Bon je vais retravailler tout ça.
Mystérieux : je m'en suis rendue compte après l'avoir envoyé et j'ai pensé à " impalpable élément " qui devrait aller je pense.
Pour ton " Tabarly 2 " ça nous permet d'apprendre ces termes ou expressions liées à la Marine et ce n'est pas une mauvaise chose.
Très bonne soirée !