Au large, mon regard, ému par l'horizon,
Envoie ses fines larmes au soleil de saison.
C'est que l'astre noyé, revête en hiver
Un aspect pathétiques, en rejoignant la mer.

Cette vorace bleue en son vacarme accueille
L'étoile des jours pâles, tel y tomberait une feuille.
Me tournant sur la dune qui élève son sentier,
Je détourne ma vue du supplice au métier.

Ainsi fond comme du verre le crépuscule de miel,
Ouvrant la perspective sur l'échancrure du ciel.
Les étoiles impavides, de toutes saisons heureuses,
Siègent soudain en lieu de l'obscurité creuse.

Épongeant les embruns dont mes yeux sont chemins ;
Me faut quitter la rive et attendre demain...
L'hiver prend sa dîme de quiétude parfumée,
Hélios à son hélianthe saura rendre l'aimée !

Je pense avoir trouvé l'auteur moi aussi. En tout cas, bravo à tout le monde pour ce foisonnement de beaux vers!

Le jour qui naît à l'horizon,
Sonne la fin de la saison
Je crois voir l'albe de l'hiver
Se déployer jusqu'à la mer
Et la canopée qui l'accueille
Lui offrir sa dernière feuille.
Voici déjà sur le sentier
Le bûcheron à son métier.
L'aurore a des éclats de miel.
Une brumaille monte au ciel,
Ondoyant comme une âme heureuse
Vers l'éternité qui se creuse.
Moi, je suivrai tous ces chemins ;
Il me mèneront vers demain.
Suivant ta trace parfumée,
Je te cherche ma bien aimée.

Oups, je dois retirer la virgule au vers 3 !

A tous les participants, merci.
A mon atelier d'écriture, nous constatons que nos textes les plus réussis sont ceux avec contraintes imposées. Je vois que cela se vérifie ici également. Ces "bouts rimés" sont très stimulants et vous nous avez pondus quelques pépites. Merci encore.
Voici donc le texte original:

Le bonheur

Sois heureuse ! Qu’importe à tes yeux l’horizon
Et l’aurore et la nuit et l’heure et la saison,
Que ta fenêtre tremble aux souffles de l’hiver
Ou que, l’été, le vent du val ou de la mer
Semble quelqu’un qui veut entrer et qu’on accueille.
Sois heureuse. La source murmure. Une feuille
Déjà jaunie un peu tombe sur le sentier ;
Une abeille s’est prise aux fils de ton métier,
Car le lin qu’il emploie est roux comme du miel ;
Un nuage charmant est seul dans tout le ciel ;
La pluie est douce ; l’ombre est moite. Sois heureuse.
Le chemin est boueux et l’ornière se creuse,
Que t’importe la terre où mènent les chemins !
Sois heureuse d’hier et sûre de demain ;
N’as-tu pas, par ta chair divine et parfumée,
L’ineffable pouvoir de pouvoir être aimée ?

Henri de Régnier

Que de participants cette fois-ci ! Bravo à tous, et je trouve que Henri de Régnier n'a pas démérité

Un volontaire pour le commenter et le noter?

Vu le succès des précédents "bouts rimés" et comme je vois que tout le monde n'est pas parti en vacances, je vous en propose à nouveau.

Voici les mots:
fille – oiseau – brille – nouveau – monde – répondrait – profonde – éclaircirait – finie – lui – harmonie – fui.

Ma participation:

Écoute mon histoire, chère petite fille :
Au jardin des merveilles se trouvait un oiseau
Qui roucoulait gaîment dès que le soleil brille
Et nous charmait toujours avec un chant nouveau.

On savait que l’oiseau chantait pour tout le monde,
Espérant qu’un beau jour quelqu’un lui répondrait,
Sa déception était comme une nuit profonde,
Qu’aucun chant, en écho, jamais éclaircirait.

Tristement il pensa sa vocation finie.
Quand Merlin l’enchanteur apparut près de lui,
A la bouche un pipeau criard, sans harmonie,
Le bel oiseau craintif à tout jamais a fui.

A vous les amis !

Bonjour Embellie et tous les boutsrimeurs.

Même en vacances, je suis quasi sûre que les oniriens emmènent leurs tablettes et smartphones, moi la première, le lien n'est pas si rompu.
C'est difficile de passer après le joli conte d'Embellie.
Voici ma participation avec des mots bien sages (ça c'est pour Cyrill ^^)
fille – oiseau – brille – nouveau – monde – répondrait – profonde – éclaircirait – finie – lui – harmonie – fui.


Il était amoureux de cette jeune fille
Qui chantait le matin, sifflait comme un oiseau
Ses cheveux dans le vent ; ce doux regard qui brille
Et sa voix promettaient l’avant d’un jour nouveau.

Le pauvre prétendant, se croyant Mister Monde,
Espérait qu’à son charme elle lui répondrait
Ce qu’il voulait entendre en son âme profonde
Et que son avenir enfin s’éclaircirait.

Mais le temps trahissait la jouvence finie ;
Dans le miroir cruel il se moquait de lui ;
Il n’est plus de l’amour qu’une vague harmonie
Et loin de son coeur fou la demoiselle a fui !

Félicitation pour votre célérité ! Le fille est passée de petite avec Embellie à jeune avec Cristale, va-t-elle être vieille avec moi ? Que nenni, elle sera simplement fille !

Nota bene : retraité, je ne suis jamais en vacances, et en bon vieux réac et dépassé je n'ai ni smartphone ni tablette, c'est contre mes principes rigoristes, baptistes et presbytériens


Perchée sur une yeuse une imprudente fille
Hasardait quelque trille en réponse à l’oiseau.
Fasciné par son œil au prétexte qu’il brille,
Il y planta le bec, curieux d’un sel nouveau.

Le miroir ébréché, il pensa que le monde
Entier se révélant sitôt lui répondrait ;
Puis touillant sans égard la cavité profonde,
crut que toute pénombre alors s’éclaircirait.

Mais le globe gobé, la ripaille finie,
Ne resta sur sa langue orpheline que lui,
Volatile sans grâce en quête d’harmonie
Que la félicité par sa faute avait fui.

Le mien:

Au fond d'un bois vivait une charmante fille.
Elle soufflait des vers comme chante l'oiseau,
Insoucieuse du faste et de tout ce qui brille.
Le velours de ses mots fêtait le jour nouveau.
Elle rêvait pourtant de découvrir le monde,
Imaginait parfois que le ciel répondrait
A son rêve un peu fou, sa prière profonde,
Qu'au bout de l'horizon, la nuit s'éclaircirait.
Mais novembre arriva, sa vie était finie
Et seule subsista la gracieuse harmonie
De ses lais inspirés. Car son rêve avait fui.