Un chemin poussièreux tout empli de mystères
Me rappelle soudain le parfum de la terre.
Abandonnant alors mon fardeau de rancoeur,
Mon corset de colère et mon manteau de peur,
Je garde sur ma peau ce que la nuit me donne.
Aux vieilles mains du temps, humble, je m'abandonne.
Le village d'antan résonne de clameurs,
Le vent virevoltant colporte les rumeurs .
Du brouillard sépulcral monte une pestilence :
Au détour de l'étang vient un sylphe en silence ;
La sphaigne du marais emmitonne ses pas...
Que ne puis-je m'enfuir dans ces mille sagas !

réparé!

Wouah super tout le monde! Aller je dis ce que j’ai préféré dans chacun de vos poèmes…

Myndie, l’ensemble est très roulant, facile à lire et je trouve très bien trouvé. J’aime beaucoup :
Mon corset de colère et mon manteau de peur,
Je garde sur ma peau ce que la nuit me donne.
Deux vers aux mots simples et justes ce qui est probablement le plus dur je trouve :) Bravo aussi pour sphaigne que j’avais pas entendu depuis des lustres :)

Embellie, les vers courts te vont bien, c’est énergique je trouve. J’aime bien :
Plus je reçois et plus je donne,
Mon cœur généreux s’abandonne,
Très sympa ! Ça roule bien!

Cyrill a mis le lyrisme à l’honneur ! Avec Brio!
Déjà merci pour apis et fredon, que je note pour plus tard (à replacer en remerciant Cyrill) :)
Après les vers qui m’ont le plus parlé sont en fait les premiers:
Ô Nature aberrante, infusée de mystères !
Du ciel vertigineux à la plus humble terre
Binée pour le labour ou pétrie de rancœur
Je trouve l’image de la « terre humble » très réussie, et très bien « transitée » vers le pétrissage d’une pâte… Bref, très joli, bravo à tous.

Je vous donne le mien, ci-dessous :

Il avait cherché loin l’ombre nue des mystères
Qui peuplent tous les cris des enfants de la terre
Et disent tantôt l’âtre infini de rancoeur,
Tantôt l’amour flambant, et l’oubli de la peur.
Il croyait qu’à rêver les espoirs qu’on nous donne,
On enlace un destin qui jamais n’abandonne.

Tu l’as vu naviguer par delà les clameurs
Trouver le vent qui, seul, emporte les rumeurs,
Et quitter les esprits fanés de pestilence,
Appareiller, heureux, vers le monde en silence.
Ton amour à son cœur et tes pieds dans ses pas
À l’aube écoute, il vient: l’oracle des sagas.

Suivi de l’original, « Pour retrouver le monde et l’amour » (Gaston Miron, l’homme rapaillé), que j’aime beaucoup et que je ne peux que vous conseiller si vous ne connaissez pas :)

Nous partirons de nuit pour l'aube des mystères
et tu ne verras plus les maisons et les terres
et ne sachant plus rien des anciennes rancœurs
des détresses d'hier, des jungles de la peur
tu sauras en chemin tout ce que je te donne
tu seras comme moi celle qui s'abandonne

nous passerons très haut par-dessus les clameurs
et tu ne vivras plus de perfides rumeurs
or loin des profiteurs, des lieux de pestilence
tu entendras parler les mages du silence
alors tu connaîtras la musique à tes pas
et te revêtiront les neiges des sagas

(Il y a 3 autres couplets, mais je vous laisse les découvrir si ça vous intéresse :)

Merci Axel pour ce feu nourri de compliments sur chacune de nos participations!
La tienne ne démérite pas, alors juste retour des choses :
Et merci pour m'avoir fait découvrir (et donné envie de découvrir) ce poète que je ne connaissais pas.
Quant à la sphaigne disons que c'est un emprunt à H.F. Thiéfaine!
Je suis un peu pie voleuse dans mon genre
Et ça fait partie des mots que j'affectionne particulièrement, comme par exemple l'"albe" que j'ai dû "emprunter " à Cyrill si mes souvenirs sont bons.
On devrait inventer des défis poétiques avec ce genre de mots pas faciles à placer!

Tes souvenirs sont bons Myndie, mais j'ai bien dû moi-même l'emprunter ailleurs. Sphaigne est pas mal du tout dans le genre imprononçable, surtout après "sylphe en silence" !

Merci Axel pour les compliments, ta copie ne manque pas de lyrisme non plus. Bravo aussi à Embellie et Myndie.

Je ne connaissais pas non plus Gaston Miron, nous voilà un peu plus instruits encore !

Je nous félicite tous pour notre célérité, ça traîne pas ici ! Ce qui fait qu'il ne reste plus qu'à proposer les prochains bouts... A qui ? Gaston ?

Non pas Gaston, m'enfin j'ai ceci:

Lune-brumes-aube-dérobe-plumes
amarré-catacombes-s'évader-onde-ombre
haies-vallée-hiver-envolée-vers
raison-évasion-givre-wagons-vivre
étangs-ailée-giboulée-éléments-durée
gué-rouillés-rimes-passé-abîme

Ahh, super, je suis passé aux octos vu le nombre! :) Mais très chouette! Pour faire rimer "aube" et "dérobe", il était pas un peu sudiste l'écrivain mystère ! :)

Voilà ma proposition !

Je n’étais rien qu’un bout de lune,
Un bruit faiblissant dans les brumes,
De ces spectres qui vont dès l’aube
Hanter l’esprit comme on dérobe
À l’ange une à une ses plumes.

Dans l’eau noire un skiff amarré,
L’ancre au profond des catacombes,
Et sans espoir de s'évader,
Lorsque l’écho monte de l’onde
De cette ombre qui cache l’ombre.

Par les sentiers le long des haies
Lors j’arpentais une vallée,
Trainant dans ma suite l’hiver
Chanson de la joie envolée,
J’allais éternellement vers…

Vers quelle boucle de raison ?
Vers quelle feinte d’évasion ?
D’un coup je vis fondre le givre,
Cet infini train de wagons,
Lorsqu’une voix me souffla: Vivre!

C’est brûler vif dans les étangs,
Être pion d’une histoire ailée,
Peindre une enfance-giboulée,
Doux fresquiste des éléments
Sur la toile de la durée.

C’est construire le pont du gué,
De ficelle et de clous rouillés,
Pour les étançons quelques rimes,
Pour seule accroche le passé,
Et pour tout futur un abîme.

Pouf pouf... Je n'ai encore pas lu ta copie, Axel. J'en ai iech des ronds de chapeau pour cet opus-là


Voilà qu’un demi-sou de lune
Perdu dans son halo de brumes
Tinte argentin dans le clair d’aube ;
Puis du ténèbre se dérobe
Jetant ça et là quelques plumes.

Un nuage à elle amarré
Tout droit venu des catacombes
Songe avec elle s’évader ;
Leurs reflets labiles sur l’onde
Se jouent des clartés et de l’ombre.

On les a vu d’entre les haies
Gagner le fond de la vallée
Traverser l’automne et l’hiver.
Je compte bien que l’envolée
M’inspire encor un peu de vers.

L’exode défie la raison.
Ainsi se poursuit l’évasion :
Enfin désencastrés du givre,
Ils filent à fond les wagons
vers des lieux où il fait bon vivre.

Ils ont traversé les étangs
Puis leur âme s’en est allée
Pavoiser dans la giboulée.
Ils ont bravé les éléments,
Défiant du printemps la durée.

Las ! le dit est désormais à gué,
J’écris sur des mètres rouillés
Les vestiges de quelques rimes ;
Le quintil se conte au passé,
Ma mémoire effleure l’abîme.

Peau d'lune de peau d'lune, Axel, quel poème, ça transpire du bourdon de la mélancolie !
Myndie, tu nous as gâtés !

j'ai fait quelques petites corrections :


Voilà qu’un demi-sou de lune
Perdu dans son halo de brumes
Tinte argentin dans le clair d’aube ;
Puis du ténèbre se dérobe
Jetant ça et là quelques plumes.

Un nuage à elle amarré
Tout droit venu des catacombes
Songe avec elle s’évader ;
Leurs reflets labiles sur l’onde
Se jouent des clartés et de l’ombre.

On les a vu d’entre les haies
Gagner le fond de la vallée,
Traversant l’automne et l’hiver.
Je compte bien que l’envolée
M’inspire encor un peu de vers.

L’exode défie la raison.
Ainsi se poursuit l’évasion :
Enfin désencastrés du givre,
Ils filent à fond les wagons
vers des lieux où il fait bon vivre.

Ils ont traversé les étangs
Puis leur âme s’en est allée
Pavoiser dans la giboulée.
Ils ont bravé les éléments,
Défiant du printemps la durée.

Las ! Le dit désormais à gué,
J’écris sur des mètres rouillés
Les vestiges de quelques rimes ;
Le quintil se conte au passé,
Ma mémoire effleure l’abîme.

Citation :

Tu ne crois pas si bien dire!
Moi-même je peine sur ce texte d'une longueur...
Mais qu'est ce qui m'est passé par la tête?

En tout cas bravo à vous deux pour votre célérité et votre belle inspiration!