Étage 85

En règle générale et entre autres tendances, les résidents de l'immeuble sont prêt à croire que : la vie est un éternel puits sans fond. Mais ici, c'est le fond de la vie, alors il n'y a plus qu'un puits.
Selon certaines légendes locales, ce puit serait éternel.
À vérifier à l'aide d'un livre sacré et d'une perche pour le porter depuis l'étage 84⁴ jusque de le ... bref, nous nous sommes bien compris.

Faudrait-il être scaphandrier pour se protéger de cet océan de haine qui rejette sa houle autant que résonne le malheur à tous les étages.
Dans la trace des autres, encore se perdre, chercher ce qui peut encore nous tenir debout et ne plus raser les murs...ramasser tous ces rêves tombés de là-haut.

Sais pas si je rentre dans le cadre de cet univers ?
pas lu la règle.

Bonjour Eki, je ne suis pas certain de cerner le sens de votre démarche.

S'agit-il d'un apport à ma contribution étage 85 ?
Ou bien d'une critique quelquonque ?

Dans un cas comme dans l'autre il vous faudra bien en clarifier le contenu si toutefois votre objectif relève de la coercition.

Merci

Après relecture, oui vous entrez parfaitement dans le cadre de cet univers. Passons sans transition à l'étage suivant.
Si Tom nous le permet ! 😀

Bonjour Jeanphi,

Mais non, enfin ! nulle critique...
Je suis passée par là. J'ai monté ma petite brique à l'édifice...
C'est vrai que vous étiez au 85ème étage et moi au rez-de-chaussée, la chute a été brutale.
Je peux entrer dans l'immeuble, remonter les étages mais n'ai pas le mot de passe pour le faire...
A part descendre à la cave, comment poursuivre ?

Étage 86

En ce lieu de la résurgence, perdu entre ombre et morcellements d'ombres, un petit personage décousu se découpe en négatif de lumière sur la pellicule monochrome de l'espace-temps. Il écoute avec conviction son émission de radio depuis son antenne dorsale. Il ne faut jamais déranger ce petit personage entre dix-sept et dix-huit heures trente.
Ici se mêlent à jamais les contraires dans le désordre, la beauté et la rondeur, l'élégance et la laideur, la finesse et la grossièreté. Notre auditeur serait l'antenne caudale d'un plus grand personnage selon des croyances indouistes. Une deuxième version avance que ce personnage est une entité libre et distincte, qu'il a juste besoin de s'isoler le dimanche pour écouter son émission.

Étage 87 étage souvenirs niveau 1.

Ici, une incommensurable nécessité de créer pour remplir le vide déchirant d'une vie jadis délaissée a donné lieu à un fourbi de bibelots et de souvenirs :

- Tu viens, dit une photo dans un coin.
- J'arrive.
- Tu te souviens de l'hypodraume, la côte, le fumet des plats de bonne-maman dans l'aubépine qui entourait la maison, l'odeur fraîche et poussiéreuse, et les recoins de nos cachettes d'enfants, les crabes, les filets, le vent sous un drap, on achetait des gauffres, et les lettres de l'effigie de la torréfaction, le front de libération des nains de jardin, untel qui s'y foula une cheville, et tu chantes, le nain, tu chantes ?

Les souvenirs se causent entre eux, comme dans la tête d'une personne âgée qui dort en murmurant.
Des rideaux en veux-tu, des montagnes de vieux rideaux de toutes les couleurs, la lampe veilleuse qui irradie tout l'univers, comme alpha du centaure du crabe en version gamma, et nos yeux tout plein de cette lumière invisible, nous piquent jusqu'à remémorer les parties de châteaux de sable à la marrée, plein d'embruns dans les regards. Tous ces amis d'un jour, puis le kiosque de toutes les découvertes et la longue traînée du sable fin, picorant dans la peau ce grain de notre jeunesse au vent.

On entre par le niveau souvenirs de villégiature, les autres niveaux ne sont accessibles qu'une fois assimilés les souvenirs du niveau qui précède.

Étage 87 étage souvenirs niveau 2.

Au beau milieu d'un fourbi de cordages, de machines à épissage et de tisseuses destinées à l'optension du textile à partir de boules de cotons dont les peluches recouvrent jusqu'au moindre millimètre d'espace, se trouve un fragment de poème arraché au livret de la création :

Un bouquet de jonquille au printemps

et pour chant le rouge gorge des champs

Une reine morte à l'automne

Chrysanthèmes votre cortège ronronne

sur les sentiers du froid hiver

Perce neige tu m'éclaires

Tourne sol tu parsèmes l'été

je ne te veux 'pas' récolté

 

En recours ultime au remord qui paralysait l'humain

le pouvoir s'est penché pour lui mettre entre les mains

Une liasse de billet, ben tient

Rien de tel que le mal pour le bien

nos regards se mirent à se poser ailleurs

Ailleurs que sur les vices internes et tortueux

Nous regardâmes en nous et dès lors sans horreur

Reconnûmes tous ensemble que derrière nos yeux

Peut-être n'y a t il rien plus qu'un vide phénoménal 

En lequel ne se tissent que des liens

Et comment savoir mieux ce qui est important

Qu'en admettant d'abord que toujours l'on ignore

La beauté surréelle du monde évanescent

À nos consciences milices auxquelles il se dérobe

 

Le monde est une boutade divine

Le bien par lequel nous créons, ce bien qui porte nos impulsions

Nous fait créer des choses cruelles qui viennent saboter nos actions

Mais si nos regrets se devinent

 

La cause puis l'effet s'enveniment,

tout s'enflamme, tout augmente

De nos baisers nous n'avons plus la rente

De nos caresses plus le plaisir

Notre espèce n'a plus qu'un synonyme :

Parasitaire à bannir.

 

Pour beaucoup il serait bon d'abolir le droit de guerre

 

Chacun a déjà eu ce sentiment urgent

Qui remonte du fond de la chaire

Pour condamner l'ordre des choses

 

Un appel à mettre fin aux enfers

Dont l'homme perpétue les causes

comme le surgissement d'une impulsion primordiale

Et peu importe qu'elle apparaisse triviale

 

c'est l'idée d'un monde en paix

Qui bafoue notre vision du réel

l'idée nous terrorise tant elle nous rebelle

Contre ce qui semble être inscrit dans nos natures humaines

l'idée nous terrorise tant elle nous attriste

Car de tout temps et bien que l'espèce ait cherché d'autres pistes

l'instinct nous a mené à tuer au combat

Jusqu'à ne plus ne plus croiser que des bras

Être 87 étage souvenirs niveau 3

Ici règne une solitude impitoyable. Comme à l'aube du suicide. Des corps perdus dans leur prostration et des êtres grotesques de douleur se trémoussent en tutus à flanelles cousus de vieux rideaux cramoisis. Comme en un cabaret du deuil et de l'abandon. Ils semblent heureux, sous une pluie à ne pas sortir un chat. Comme des poissons dans un jet d'eau. Ils sont heureux par bravoure et par abnégation, et quand la cloche retenti de nouveau, ils se perdent dans leurs mains, le visage exploré, délavé, jusqu'à la fin de la récré. Comme des enfants battus. Les uns enfilent leurs tutus, alors que les autres reprennent leur position foetale et leurs jérémiades éhontées. Comme en un ballets de misères. Cela n'arrête jamais.

Étage 87 étage souvenirs niveau 4.

L'ordre n'a cours qu'ici, au niveau 4 de l'étage souvenirs. La galerie qui consiste en les courbures de l'espace-temps est régulière et repose sur des arcs sinusoïdaux parfaits.
Ici repose dans le placard interconecté par fragmentation du continuum une infinitésimale partie de chacun des souvenirs présents aux autres niveaux. Il s'agit de la part d'ordre vrai et véritable des ces souvenirs. Le tout coïncide par fractionnement de la masse initial vers son lieu de stockage impondérable. La folie des plus grands désirs et celle des plus pures démences est également recelée par sa part d'ordre uniquement. C'est en réalité la folie qui contient la majorité des dépôts ici, au niveau 4 de l'étage souvenirs. Il est donc de bon ton de s'habiller de manière un peu marante et de faire preuve d'un minimum de retenue, ou de bagou, selon que l'on s'adresse à tel ou tel souvenir. Certains tentent de se faire passer pour les guides et les majors d'homme. Attention, pour sortir de ce niveau, il ne faut accorder la valeur de pi qu'aux souvenirs munis d'un badge 'guide' écrit en rouge sur fond noir.
L'ordre, quelque peu détourné par la centralisation de l'ordre dans la folie, est bien relatif en ces lieux, ce malgré la perfection géométrique qui régit la matière même de cet univers.
Le niveau 4 est en cours de réfection, un ascenseur vous permettra de gravir l'éternité qui sépare le niveau 3 du niveau 5.