Citation :

Un supermarché vous dites? Quel drôle de nom que cela.
Il y a bien un marché tous les jeudis sur la place de l'église de mon village mais il n'a rien de super, veuillez me croire. Sauf si bien évidemment, vous trouvez les cous de poulets sautillant sur les étals tels des sauterelles à crêtes vertes, super...

Cher monsieur, je vais me renseigner. Ne quittez pas, j'ai un TER sur l'autre ligne...

Bonjour Jean,

Je ne suis que rarement satisfaite de mes commentaires où je ne dis toujours que le un millième (et encore) de ce que j’ai à dire. Par manque de temps, souvent, car il en faut du temps pour essayer de bien lire et ensuite tenter de construire et étayer du compréhensible. N'a pas reçu une formation de prof qui veut ! ^^

Combien de textes ai-je commentés dans ma tête sans trouver l’occasion de poser le tout noir sur blanc ! (Vous me comprendrez mieux si je vous dis ne consulter Oniris qu’en guise de petites pauses agréables au bureau, entre deux dossiers à traiter et trois coups de fil).

Avec dentifrice, par exemple, j’aurais pu étoffer mon mini laïus en appuyant sur le titre bref et inconsistant qui m’a également interpelée. J’apprécie d’autant plus vos récentes explications. Ensuite seraient venues deux ou trois phrases encore, pour vous dire ma certitude de vous lire avec plaisir dans un autre registre - chose que vous n’allez pas tarder à nous offrir, j’en suis certaine – car je suis déjà conquise par votre écriture.

Laissez-moi aussi vous remercier chaleureusement pour votre forum d’explications & remerciements. Je le répète souvent, c’est tellement agréable d'échanger avec des auteurs respectueux de leur lectorat.


A bientôt ^^


Cat

Renseignez-vous, Pouet ;)

Bonjour Cat,

Oui, je comprends bien. Je ne suis moi-même que rarement satisfait de mes commentaires, même si je suis nouveau ici et qu'ils sont encore peu nombreux. On pense plus, avec plus de détails, plus de sensations que ce que l'on peut écrire parfois, le manque de temps n'aidant pas à s'extraire de de cette problématique, en effet.
Pour ce qui est de la suite de votre message, je ne puis que vous remercier, vraiment. C'est pour moi un plaisir sincère de pouvoir échanger avec les lecteurs (qui sont aussi auteurs, ce qui ne gâche rien), j'aurais bien du mal à m'en plaindre. Alors merci à eux de venir lire, commenter, échanger ici. Et merci à vous pour votre gentillesse, qualité que l'on voudrait rendre désuète aujourd'hui, c'est l'impression que j'ai de temps en temps, mais qui est pour moi toujours précieuse.

A bientôt,

Jean

Merci hersen : votre commentaire m'a beaucoup intéressé. Si tous les éléments peuvent mener avec logique vers la surenchère, quid du dentifrice? Comme je l'évoquais un peu plus avant dans ce fil, le dentifrice fut le point de départ, ancré dans la banalité du quotidien, dans l'antilittéraire (par ce qu'il représente, sa sonorité...). La première phrase, sortie du contexte, est d'une platitude peu enviable : "Un homme se rendait au supermarché pour y acheter une brosse à dents et du dentifrice". Le décalage commence à s'installer doucement dès la deuxième phrase. Mais j'aime beaucoup les premières phrases. Si on l'isole, on peut se demander : qu'est ce qu'il va nous raconter? Ce début n'incite pas spécialement ni à l'action, ni au fantastique etc... Juste une banalité portée en tête d'une nouvelle. Ensuite, premier décalage, ce dentifrice commun ne l'est déjà plus, puisqu'il a l'air de n'être connu que par une minorité, à tel point qu'il devient presque un mythe dont on peut mettre en doute l'existence concrète. On chahute ainsi les fondations en faisant tomber le banal dans de l'extraordinaire. La nouvelle va attirer tous ces éléments vers une folie de plus en plus prononcée, tout en gardant un certain "contact avec le réel" (le couple qui se sépare même si le sujet est traité de manière grotesque, le meurtre par trop-plein, l'hebdomadaire etc...). Une histoire banale d'un homme lambda, dans un couple battant de l'aile, entraînant son ami. Autour d'eux une société de consommation moins morale qu'à la recherche de performance de vente. Un quotidien un peu blasant en quelque sorte. Et tout ce petit cadre est entouré par une absurdité de récit et d'écriture qui créé un décalage autant qu'elle en souligne les contours (ceux du dit-cadre).
La bave et la viande vont s'estomper de votre esprit, rassurez-vous ;) J'espère que j'ai pu répondre à certaines de vos interrogations et je vous remercie, en plus de m'avoir lu et commenté, pour avoir dit apprécier ce moment "différent" de lecture.

Merci encore et à bientôt!

Renseignement pris. Les supermarchés n'existent pas. Vous vous êtes bien payé ma tronche hein? Ah! Je vous imagine vous bidonnant et vous délectant de mon désarroi et de mon humiliation face à l'incompréhension de la marchande de poulets verts et de sauterelles à crêtes!

On m'a bien parlé de supérette, un lieu où apparemment, les guirlandes de Noel sont remplacées par du fil dentaire.

Mais point de supermarché! Non, non et non!

Franchement monsieur, votre attitude est totalement déplacée.

Ne quittez pas, j'ai un double râteau et en plus mon jardinier est sourd, c'est vous dire.

Je me rends compte que si j'avais lu les posts précédents je ne vous aurais pas obligé à répéter; mais j'en étais encore à me dépatouiller de ma bave et ma viande. D'ailleurs, vous aviez raison, on voit que vous connaissez votre affaire, l'estompement est maintenant à un stade avancé !

Si j'ai bien suivi vos explications, il me reste cependant un vague doute : ferrer le lecteur avec un élément improbable (en l'occurence le dentifrice) ne peut-il pas le mener aussi à se désintéresser de l'histoire si cet élément n'est là que pour ça, en quelque sorte; je veux dire, si c'est sa seule fonction dans l'histoire.

je reconnais que dans ce type de texte complètement barré, le lecteur sera moins scrupuleux s'il est pris par l'aspect loufoque. Mais tous les textes ne sont pas loufoques; selon vous, et c'est surtout ça qui me tracasse, faut-il systématiquement chercher à perdre le lecteur et le retrouver sur une évidence à la toute fin ? (ici, le brossage de dents)
Je reste un peu sceptique.

nous restons ici dans le cadre de nouvelles, bien entendu.

hersen

hersen,

Je vous l'avais dit, l'effet s'estompe assez rapidement ;)

Pour ce qui est de la question de savoir s'il fallait nécessairement pour moi perdre le lecteur et le retrouver sur une évidence à la fin, je vous dirais que non, je ne suis pas dogmatique. On peut procéder de nombreuses autres manières, y compris dans le cadre d'une nouvelle je pense. Mais je ne me place pas du tout en spécialiste de la forme, ni en gardien des bons usages.
Il est vrai aussi que, en expliquant dans le détail sur ce fil la mécanique que j'ai voulue mettre en place, en décortiquant les éléments pivots, la progression etc...on oublie peut-être un peu par moments la dimension moins palpable, ce qui touche à la sensibilité, aux ambiances, couleurs... Bref, je ne suis pas sûr de bien m'exprimer, mais ce que je veux vous dire c'est que, avec cette idée, pour ce texte et ses caractéristiques, j'ai choisi ce procédé. Mais je n'en fais pas un modèle d'écriture, je ne généralise pas.
Quant au dentifrice, il fait partie du contexte personnage banal/vie ordinaire/supermarché. Une sorte de pied de nez humoristique (et respectueux en réalité car j'aime aussi ce genre) à une écriture plus romantique. Il fait aussi partie de la futilité de l'ensemble : une bien peu trépidante quête.

Oui Pouet, mon attitude est déplacée, mais on m'a dit qu'elle retrouverait son emplacement initial d'ici quelques heures.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée.

Patrick

merci de ce petit supplément d'éclaircissements;

et même si tout le monde s'en fout, je vais finir par cracher le morceau : les résidus de bave que j'ai encore un peu partout sur le corps car j'ai lu sans me méfier, étant donné le climat sec de mon lieu d'habitation, en se desséchant forment une vilaine croûte qui se craquelle; ce n'est pas que ce soit dérangeant, on s'habitue à tout, mais ça fait quand même sacrément moche. Un incipit "Attention bave"
aiderait, je pense, les lecteurs qui veulent s'en protéger. Mais si on commence à s'occuper de l'avis de chacun, on n'a pas fini. Vous avez raison.

Quoiqu'il en soit,merci pour vos explications.

Cordialement,

hersen