Bravo, Embellie.

J'ai trouvé ton récit très visuel et bien écrit. J'imagine les personnages et trouve la comparaison avec la chèvre de monsieur Seguin intéressante et bien menée.

TEMPERAMENT - CHEVRE – EMPLOYEUR – MASSIF – PEAU – ILLISIBLE – TOURNIS – VENTOUSE – MARBRE - POITRINE


Quel tempérament, tout de même ! Je n’aurais jamais cru qu’Héloïse suivrait le chemin de ce massif que seuls les plus expérimentés savaient prendre à bras le corps. Elle répétait toujours qu’elle n’était pas chèvre et qu’elle n’avait pas de raison de douter. Elle avait l’habitude de marcher longtemps et de gravir les sentiers qu’elle connaissait depuis petite.

Ce jour-là, nous l’avions attendue sur le chantier. Elle devait remettre à notre chef un dossier à la rigueur de marbre qui nous avait donné le tournis durant des mois. Pierre tenait un document préalable sur sa poitrine, se reprochant une page de garde illisible. On lui aurait arraché avec une ventouse si ça avait été possible pour l’aider à relativiser. Le plus dur à faire lire à notre employeur était entre les mains d’Héloïse.

Quand notre impatience se fit le plus sentir, Héloïse nous envoya à tous un film. Elle jetait notre travail dans une crevasse avec pour seul mot : "Adieu, peau de chagrin".

Lulu, ton texte est épatant.
C'est amusant de voir comment, en utilisant les mêmes mots, on peut obtenir des textes aussi différents. Merci d'avoir "joué le jeu".

Nous partageons le plaisir d'écrire, Embellie. Comme toi, j'adore ce type d'exercices qui nous amène à inventer.

TEMPERAMENT ‒ CHEVRE – EMPLOYEUR – MASSIF – PEAU – ILLISIBLE – TOURNIS – VENTOUSE – MARBRE ‒ POITRINE



‒ Tu peux quand même me conseiller.

‒ Houlà, Pitchoun ! Ça sent la panique. Je la connais un peu, c’est pas le genre peau de vache.

‒ Tu sais quoi ? J’aurais préféré. C’est gentil une vache. Moi, j’aurais dit "tempérament de chèvre".

‒ Laisse tomber alors.

‒ Mais sa poitrine !

‒ Qu’est‒ce qu’elle a sa poitrine ?

‒ C’est du marbre, Gros, du marbre ! Je la vois, elle me donne le tournis.

‒ Fonce alors. Tu lui prends la bouche façon ventouse et tu vois venir.

‒ Ta stratégie, Gros…

‒ Quoi ?

‒ Illisible ! T’as pas plus fin ? On est sur du massif, là.

‒ Ne me demande pas alors… quelle chochotte… t’as peur de quoi ? Un #meToo ? C’est pas ton employeur. Elle va pas te virer.

‒ C’est pire.

‒ Comprends pas.

‒ Elle est Orga sur Oniris.

‒ Ha.

‒ Quoi "ha" ?

‒ …

‒ MAIS QUOI ?

‒ Non, rien. Fais comme tu veux. Mais tu parles pas de moi, ok ?! On se connait pas.

Dupark, je crois que je ne m'étais jamais rendue compte qu'on utilisait ce mot "employeur" uniquement au masculin... Certains mots se sont peu féminisés, même s'il est vrai que l'employeur représente plus, en général, la structure, que la personne même.

Vous avez tellement raison, Lulu.
J'y ai pensé. Le dialogue sans contrainte utiliserait le mot "patronne".

Avec un soupçon de mauvaise foi, je pourrais me justifier en prétextant que si le gars appelé "Gros" se moque de la féminisation des noms de professions, cela habille le personnage.

Bonjour Lulu et les oniriens,

On devrait faire un recueil de tous ces petits textes. C'est craquant.

Bon, je me lance avec les dix mots de Lulu :
TEMPERAMENT ‒ CHEVRE – EMPLOYEUR – MASSIF – PEAU – ILLISIBLE – TOURNIS – VENTOUSE – MARBRE ‒ POITRINE


L’alexandrin me semblait tellement illisible que j’ai bien cru devenir chèvre. J’ai appris qu’il fallait faire une césure avec, par exemple, le « e » muet du mot marbre ! En fait c’est une sorte de ventouse qui colle deux voyelles au milieu du vers. Mon tempérament initial de contestataire m’a d’abord encline à me rebiffer contre cet employeur au traité bien connu des oniriens tant il m’a donné le tournis avec ses règles en or massif aptes à provoquer une angine de poitrine au plus serein des poètes.
Maintenant que je l’ai dans la peau, c’est foutu pour une reconversion, je ne sais plus si je dois regretter notre rencontre ou l'oublier sur le champ.

Bravo Cristale ! Bel exercice qui pourrait t'inciter à aller progressivement aussi vers la prose et donc la nouvelle ! C'est impeccable...

On se propose de nouveaux mots ou on continue avec ceux-ci ?

Un instant Lulu s'il te plaît. J'en ai pondu un autre. Il n'est pas génial, mais...

TEMPERAMENT ‒ CHEVRE – EMPLOYEUR – MASSIF – PEAU – ILLISIBLE – TOURNIS – VENTOUSE – MARBRE ‒ POITRINE

Il était gardien de CHEVRES dans le MASSIF du Vercors. Le soleil avait tant tanné la PEAU de sa POITRINE qu'on aurait dit du MARBRE. Son TEMPERAMENT feu-follet l'empêchait de rester tranquille, il présentait une écriture ILLISIBLE et son EMPLOYEUR lui disait : tu me donnes le TOURNIS. Calme-toi, si non je vais te fixer au sol comme une VENTOUSE.