euh c'est trop long désolée

le titre " lette à ELIz"

Le faiseur d’art.

L’artiste était en pleine création. Les idées pétaradaient comme un jour de carnaval. Les enfants, admiratifs, poussaient des « ho » et des « ha » à chaque prouesse du vieil homme. Ses pinceaux dansaient sur la toile et enveloppaient l’assistance de crépuscules rougeoyants et d’aurores dorées, de landes humides et de fleurs éclatantes. Pas un œil ne cillait, ne voulant pas perdre une miette du spectacle grandiose qu’offrait Viktor le tzigane, le plus grands des artistes, celui dont l’esprit ne connaissait de limite et dont le talent réchauffait le plus minéral des cœurs. La musique, atmosphérique, était également de sa composition et coulait sur l’assistance tantôt comme un doux et léger parfum, une brise, tantôt, rageuse, comme une mer déchaînée, une tempête fouettant la roche et déplaçant les dunes. Un crayon apparut entre ses doigts noueux, un tout simple et tout bête crayon de graphite. Mais entre ses mains, il s’anima et l’artiste disparut pour ne laisse sur scène que l’expression brute. Ce n’était plus le vieux gitan, qui écrivait et qui peignait. Ce n’étaient plus l’encre, la peinture, la sanguine et le carbone qui couvraient la toile et le papier mais l’art qui s’exprimait seul, comme une entité autonome et animée, douée de parole et de chants. La feuille elle-même, rieuse, hurlait son bonheur en de vibrantes variations de teintes et de formes. Les vers déclamés se perdaient en l’oreille de chaque auditeur pour établir un nid douillet au détour des émotions et les couleurs se reflétaient dans les yeux, les rires et les mains battantes d’un public en transe.

Patatras ! Tout dégringola. L’artiste s’arrêta, l’œil noyé, et son sourire se figea en un rictus d’effroi. La page resta blanche, l’imagination avait déserté la place. La fête était finie et le feu d’artifice termina sa course dans l’eau avec un triste sifflement d’échec. Le public avait fuit, déçu. Le crayon se tut et la page se mit à pleurer.

Ah! Chouette!

Trés bien de la part des deux premiers auteurs. Toujours aussi surpris de votre rapidité et de la qualité des textes :)

Dans l'attente d'une réponse…


Il saisit la bouteille de lait dans le frigo et retourna s'étendre dans le canapé, inclina la brique blanche. Une partie du liquide coula lentement sur son menton, au grand dam du plaid qui reçut les premières gouttes comme autant de poignards puants sur son étendue de carreaux. Julien étouffa les protestations des coussins en les boxant avec nonchalance. Ils se turent.

Rêveur, le jeune homme laissa errer sa main dans les poils du tapis murmurant des histoires de plumes et de poils, des histoires un peu bêtes qui font éclater de rire les enfants et rajeunir les adultes.

Julien glissa le long du canapé et, après une dernière caresse amicale au persan, rejoignit sa table de bureau et sa chaise. Il devait terminer cette lettre. La commencer. Écrire quelque chose, sans doute, peut-être.


Il alluma sa chaîne Hi-fi, pianota sans conviction le tableau de bord scintillant jusqu'à tomber une station diffusant une musique potable. Il but un peu, bailla, sentit la faim le tenailler, se prépara une salade, martyrisa les touches de son téléphone portable sans ménagement, entendit enfin la casserole hurler, plongea un œuf cru et le retira mollet, reçut la réponse à son texto et enfila son blouson en avalant son repas fissa, tout en nouant ses chaussures et se recoiffant.

Il jeta un œil sur son studio. Tout se trouvait à sa place, bien rangé, bien sage, bien calme. Seul le crayon, la mine sombre, marmonnait dans son coin.
Julien haussa les épaules, ouvrit la porte, se ravisa. N'oubliait-il vraiment rien ? Cela commençait par un ''l''…

Il faillit se frapper le front, se retint à sa montre, entra dans la salle de bain et en ressortit aussitôt. Lavage de dents. Il emporterait sa brosse, caline, avec lui. La porte claqua.


Sur le bureau, la lampe baissait tristement la tête. Le mot, prostré dans l'enveloppe, jeté à la corbeille, était figé par l'horreur. Dans sa courte vie, il n'avait jamais connu un inconscient pareil.

Le crayon se tut et la page se mit à pleurer.



(oui, j'ai changé un mot dans la dernière phrase ;)

Très joli, Oscar et rafraichissant, castafiole :)

OGM

C’était ce qu’il avait toujours voulu. Une fuite, oui, et alors ? On a bien écrit un Éloge de la fuite… Né avec une cuillère en argent dans la bouche, il bénissait sa chance d’avoir pu réaliser son rêve – en dépensant presque toute sa fortune.
Sur le point d’accomplir son destin, il se rappelait les refus indignés des médecins, des chercheurs, les péremptoires « Impossible ! » qu’il avait reçus.
Le premier à l’écouter jusqu’au bout, très controversé dans la profession, on le surnommait « Docteur Mabuse ». C’est le millionnaire qui avait failli tourner les talons dans la salle d’attente lépreuse où l’hôtesse d’accueil ressemblait à la fiancée de Frankenstein ! Il s’était demandé si elle correspondait à une expérience ratée du professeur. Son sort s’était joué à quelques secondes ce jour-là. Mais, avant qu’il perde courage, on le fit entrer dans un bureau impeccablement tenu où se tenait un homme rongé de tics et de TOC et, sans pouvoir l’expliquer, il ressentit une confiance absolue pour ce savant fou. Le charisme n’est pas un vain mot.
Il dévoila une énième fois son projet, parla de budget illimité. Au milieu des convulsions bizarres sur le visage du médecin, un sourire apparut. « Ce sera douloureux », prononça-t-on.

Ce fut pénible, oui, long, décourageant, mais désormais le jeune homme timide, mal à l’aise depuis son premier souffle dans cet environnement si sec, dur et froid où il s’était toujours senti étouffer, regagnait la mer, douce matrice, berceau de toute vie.
Enfin, il était devenu homme-poisson. L'océan serait sa vie, serait sa mort.

Amusant comme, chaque semaine, une phrase paraît choisie de préférence par les auteurs, et pas la plus facile en apparence ! Bravo à ceux qui ont animé la feuille et le crayon...

j'aime que les objets aient une vie ..lol je vais regarder différemment ma brosse à dent, ma lampe, mon coussin ... et mon nounours, bravo , j'adore

Bravo aux deux derniers auteurs, socque et placebo ! Je vous rapelle que chacun peut être force de proposition en vue des semaines suivantes. N'hésitez pas à m'envoyer des fins en MP. Je dois juste vous avouer qu'avec le "peu" de temps que j'ai, je cherche mes phrases au tout dernier moment, en deux trois minutes :D

Mais j'essaie de faire original et des fins avec des styles différents. Si vous avez des questions ou des remarques, je vous écoute :)