Sirène




Par l’étroit détroit

Entre Scharybe et Scylla qui veillent,

La sirène traîne sa détresse.

Elle a cueilli quelques fleurs d’anémones et des larmes de vies volées .

Un nœud de sang lie ses pensées à tout jamais.

Pourra-t-elle encore chanter l ‘épopée des marins morts dans ses bras ?

Ira-t-elle ne noyer

joignant aux siennes les larmes piratées ?


Sous un ciel qui expie,

à l’écart,

Elle se pare de fard d’algues bleues ,

couvre ses jambes d’écus d’or coupants

et murmure sa légende.

Par pudeur, la sirène cache son visage

de monstre terrassé,


Par peur,

De nous prédire l’avenir.


Elle sait que l'océan serait sa vie, serait sa mort.

Juste une petite précision, il s'agit de Charybde et Scylla et non Scharybe.

Un joli petit texte à la limite de la poésie. C'est joli, c'est frais. j'aime bien.

Je laisse dériver le sloop et mes pensées.
Soudain des cris aigus vrillent mes tympans. J’ouvre les yeux : un immense nid d’alcyons flotte devant moi.
J’observe les créatures. J’avais toujours douté de leur existence et les voilà qui s’ébattent sous mon nez. Je descends dans la cabine et me saisis de mon vieux dico.

Alcyon : n m volatile chimérique.

Je pense aux bouteilles vides qui s’entassent là haut, sur la coursive.

L’alcyon a la particularité de faire son nid sur une mer calme.

Pour être calme, elle est calme, comme figée, un vrai miroir.

On lui prête des capacités de baromètre naturel.

Je vois… l’ancêtre de la chaîne météo quoi...

Son aptitude à deviner l’approche de tempêtes fait de lui la proie des habitants des côtes qui le chassent afin de les transformer en suspension desséchée appelée vire-vent.

Je les observe un peu mieux, essayant de les imaginer en girouettes, fluctuant pour toujours au gré des vents. Dans cette atmosphère de serre chaude, l’idée même d’un minuscule déplacement d’air me fait du bien. Sont-ils comestibles au moins ?

On remarque aussi l’utilisation de ce nom d’oiseau en poésie, comme dans les vers bien connus de Chénier :
Oiseaux chers à Thétis, doux Alcyons, pleurez…

En attendant, je suis pas loin de penser qu’ils sont plutôt affamés que désespérés. On dirait même qu’ils ont un petit air menaçant. En voilà un qui attaque. Cette fois je sens que j’aurais dû écouter ma femme qui se plaint toujours de mes sorties en mer.
Je balance le dico. En voilà deux autres qui rappliquent.

Nous apprenons à l’instant la disparition en mer du célèbre marin solitaire Erwan Guéguen. Nous sommes certains qu’il aura une place de choix au paradis des amoureux de la mer. L’océan fut sa vie, l’océan fut sa mort.

merci. à mon âge , on ne peut être que fraîche

Allez, une autre petite :

Sous l'eau, l'arroseur peut-il être arrosé ?

Les adeptes de films angoissants se trompent. Lorsque le requin se déplace, point de « tadadadadadadam, skwing ! skwing ! skwing ! », mais un silence de tombe, tout juste brisé par les variations de l’eau et le chant lointain des cétacés.
Il se meut inlassablement dans l’immensité de l’océan, cherchant une proie. Le moindre arrêt lui serait fatal, ses branchies ne permettraient plus la récupération d’oxygène et le poisson, quoi qu’on en dise, se noierait purement et simplement. Le requin bleu ne connait rien d’autre que la mer, il y est né, quelque part le long des côtes européennes. Il est aujourd’hui dans les mers chaudes des caraïbes, seul, traquant un banc de calmars. L’océan est sa vie, l’océan sera sa mort.
Voilà plusieurs jours que ces satanés céphalopodes lui échappent. Notre squale a faim.
Il erre dans une barrière de corail, jetant un œil dans chaque recoin, chaque fissure, mais le récif est désespérément vide.
Une maladresse, et le voilà blessé, le vendre ouvert en une entaille longue comme une nageoire caudale. Le sang se répand, diffusant dans l’eau salée son goût et son odeur ferreux. Une ombre ne tarde pas à surgir au détour d’une ravine. Une ombre furtive, rapide et imposante. Noire et blanche. C’est un épaulard. Non, deux, trois épaulards. Le chasseur devient proie. Les orques attaquent, sans pitié. Il en vient de plus en plus, la peur du prédateur se diffusant à des kilomètres à la ronde.

Bravo pour l'utilisation de deux des phrases proposées !

UN LOUP

Mais pas n'importe lequel ! Si gand si gros qu'on l'appelait "Garou", allez savoir pourquoi ? On se demandait d'ailleurs si c'était vraiment un loup ?

Il ravageait toute la région, massacrant sans vergogne moutons ou enfants sans aucun discernement.
Chacun se terrait chez soi dès la nuit tombée en barricadant portes et fenêtres.

Eh ! oui ! ce vandale n'opérait que la nuit, donc le jours s'écoulaient dans une relative tranquillité et tous les villageois vaquaient à leurs occupations sans crainte.

Mais un jour, pourtant...

Un mouton fut retrouvé égorgé, un enfant disparut presque sous les yeux de sa mère qui les avait détournés seulement quelques instants, même une jeune fille nubile fut enlevée comme une biche affolée par ce méchant loup-garrou ! Et tout ceci sous le soleil de midi !

Ne sachant comment le nommer on l'appela la Bête du Gévaudan et

la peur de ce prédateur se diffusa à des kilomètres à la ronde.

Bravo mona :)

Alors bravo à tout le monde, les textes ont été d'un trés bon niveau !

Par contre, il faut un seul texte par auteur.
Voici les fins de la semaine :

- Pris de panique, ce(tte) scientifique consulta une voyante.
- Le petit requin gambadait dans la savane, souriant(e), avec son sac de grilles pains sur l'aileron.
- Il était mythomane. Mais cette fois ci, il avait dit vrai.

Vous pouvez modifier le temps des verbes et le sexe des individus (il/elle).

Allez hop (et ce coup-ci c'est d'accord Nico84, je n'en ferais qu'une) :

Salim et José

José était né à peine dix mois auparavant dans les eaux chaudes de l’océan indien. C’était un petit requin-tigre fort aimé de ses parents, très gourmand et joueur. Cette nuit de décembre avait connu une forte tempête qui avait secoué les fonds marins et provoqué de grandes vagues qui étaient venues s’écraser contre les plages africaines. C’est ainsi que le pauvre animal s’était retrouvé échoué sur la plage près de la ville tanzanienne de Tanga. Craignant pour sa vie, José s’était démené pour se remettre à l’eau, jouant de la nageoire et du ventre pour se déplacer sur le sable blanc afin de regagner l’océan mais, peine perdue, il avait dû se résoudre à la mort et avait abandonné la lutte.
Ne voyant nullement la mort arriver, et se rendant compte qu’il respirait tout aussi bien à l’air libre que dans l’eau, le petit requin-tigre avait été fort étonné. Et de la même manière, Salim, un petit pêcheur de la région, l’avait été tout autant lorsqu’il avait trouvé l’animal, en pleine santé, sur la berge. Ne pouvant se résoudre à tuer un requin si singulier, Salim l’avait attaché sur son dos et courrait de village en village pour montrer à tous sa trouvaille. Les jours passèrent et l’enfant et le requin devinrent bons amis, José apprenant même à une vitesse inouïe les bases du langage swahili. C’était vraiment un bien curieux requin.
José était fasciné par l’existence des humains et la manière dont ils avaient pu adapter leur environnement et créer de toute pièce des instruments destinés à leur simplifier la vie. Parmi les objets qui l’émerveillaient tout particulièrement se trouvaient les ustensiles de cuisines, José étant resté très gourmand, et notamment les grille-pains puisqu’il avait développé une véritable passion pour les toasts. Il avait décidé, d’un commun accord avec Salim, de récolter bon nombre d’objets qu’il rapporterait à sa famille, dans l’océan, lorsqu’il retournerait auprès d’eux. Il avait ainsi collecté un nombre étonnant de toasters qu’il attachait solidement sur son dos, dans un sac de jute, un pour chacun des requins de sa famille.
L’enfant et José vaquaient donc de maison en maison réclamer à qui un four à micro-ondes, à qui un fer à repasser, à qui un moule à gaufres, riant aux éclats de leur amitié si peu conventionnelle. Un riche médecin de Dodoma offrit même à l’animal une paire de jambes articulées, destinées aux culs de jatte, afin que Salim n’ait plus à le porter sur son dos.
C’est cette histoire que j’appris des habitants de la région alors que je me croyais fou. Quelques jours auparavant, au détour d’un chemin j’avais croisé le couple le plus étrange qu’il m’ait été donné de rencontrer. L’enfant tirait une charrette remplie d’un bazar surprenant et près de lui, le petit requin gambadait dans la savane, souriant, avec son sac de grille-pains sur l’aileron.