Petite histoire en trois lignes de Pierre Desproges:
Un insensé sauta dans la fosse aux tigres du zoo d'Oklahoma-City en criant à tue-tête: "Je suis le Roi du monde, je suis le Roi du monde."
Quelques instants plus tard, il abdiqua.

Mangeant des melons à longueur de journée, Grégoire s'interroge sur le fait de l'été. N'y a-t-il pas mieux à faire pour se croire au cœur de la belle saison, comme promis à la détente et à la passion ? Retirant ses lunettes, il voit sur la table mise une autre paire de manches.

l'eau claire enveloppa mes pieds nus. Un délice qui me fit frissonner. Le léger clapotis massait gentiment mes plantes de pieds. Et me chatouillait un petit peu, aussi. j'écartai les orteils pour que l'eau s'installe et passe partout. Une belle eau, pleine et fraîche. Une eau libre. J'eus alors une envie : offrir de cette eau à quelqu'un.

Ah cette eau, hersen, ça fait du bien !


Longeant la terrasse du jardin, je compris, derrière les broussailles du matin, qu'il pleuvrait toute la journée, comme si on avait décidé de s'afficher dans le corps de l'automne... Au-dessus des nuages, le soleil poserait pour quelqu'un d'autre...

Encore la rhubarbe à récolter et en faire des confitures. Puis enfin les tâches du jour prendraient fin, on fera semblant d'ignorer une procrastination culpabilisante. Une soirée pour enfin réellement choisir : regarder les étoiles, continuer une lecture, donner des nouvelles aux amis ? Mais voilà, les jours d'été sont trop courts pour tout faire et on s'écroule, avant d'avoir choisi quoi que ce soit.

Un corps longiligne et verdâtre se trémousse... De même que, à côté de lui, une grosse un peu vulgaire et sa copine, petite aux cheveux incendiaires... Leurs trois bouches sont impitoyablement crochetées. Le plaisancier réussit encore une fois sa pêche miraculeuse : un maquereau, un thon et une rousette à chaque hameçon! Il la fête en fredonnant: "C'est ma nouvelle à trois lignes !" ...

Se lever tôt pour marcher jusqu'au café. Prendre un petit noir serré avec deux amis, sur la rue déserte. Revenir avec le pain frais et recevoir les sourires de ceux qui s'éveillent. Et puis la plénitude du ciel, la chaleur qui s'installe, triomphante.

Ah, je ressens ce vif plaisir de se lever tôt quand tout le monde dort encore... et si c'est pour retrouver des amis, c'est génial !


Je traversai la forêt à mains nues, seule, en songeant à septembre. Il faudrait raconter les vacances, sourire et se lancer dans le feu du travail. Je n'avais qu'une envie : courir jusqu'à la clairière d'une autre planète. Pouvais-je m'accrocher à la lune, en attendant ?

Les noix tombaient lourdement, quand les feuilles mortes se laissaient aller délicatement. Je ramasserais les fruits à mon retour, comme le faisaient Patrick ou Lucie quand ils allaient chercher leur pain. L'automne ne me réjouissait pas. Pourtant, j'allais me régaler.

Il avait trois "frangines". Elles se côtoyaient de loin en loin et s'appréciaient. La troisième avait rejoint tout récemment les rangs de l'intimité de ce bon vivant. Pour ses soixante ans, elles se sont regroupées pour lui faire un cadeau commun.