Justement en parlant de style, le vôtre ne se laisse pas appréhender facilement... Je ne sais pas ce que vous voulez dire exactement, ne pourriez-vous pas expliciter votre message ?

" Vous reprochez pas à Van Gogh que ses églises soient biscornues ? à Vlaminck ses chaumières foutues !… à Bosch ses trucs sans queues ni têtes ?… à Debussy de se foutre des mesures ? Honneger de même ! moi j'ai pas du tout les mêmes droits ? non ? j'ai que le droit de respecter des règles ?. les stances de l'Académie ?… c'est révoltant ! "

Louis Ferdinand Céline (Entretiens avec le professeur Y)

Euh... Oui, et alors ?

Et alors ? Mince, je croyais que c'était clair... ça doit être rédigé dans un style hermétique alors.

Y en a peut-être qui ont voulu enfermer Van Gogh parce qu'il jouait avec la perspective. On se bouscule à Orsay ou ailleurs aujourd'hui pour les contempler ses églises biscornues.
En même temps, c'est fastoche, on a qu'à se dire : "Y a qu'à se foutre de la perspective et on pondra un chef d'oeuvre". Ah ! Si c'était si facile de se jouer avec les règles sans les mépriser, de pousser les barrières sans faire n'importe quoi. Le cable est mince, celui sur lequel se déplace le funambule. C'est pas de la petite voltige. Bien sûr, il y a l'histoire. J'en ai vu à tous les coins de rues d'Europe des églises, mais pas de celles de Van Gogh.
Personellement, c'est ça que j'espère quand je lis un texte, voir une église comme je n'en ai encore jamais vue.
Sinon, bien sûr, on peut expliquer qu'il y a une grande porte, des vitraux, un autel,.... Question de goût. C'est pas le mien.

Tout ça pour dire quoi : qu'un style personnel suffira à te séduire ? ou qu'il ne faut pas critiquer un style qu'on ne comprend pas car son originalité lui donnera au final sa valeur (on rejoint là en partie le débat sur l'hermétisme amorcé ailleurs) ?

J'ai bien compris le message de Céline, mais dans quel but, toi tu le mets en exergue ?

Je veux simplement dire que pour moi (j'ai vu que Kaos, par exemple avait un avis diamétralement opposé, et c'est tout à fait respectable), j'ai besoin qu'on me réveille avec la langue, que je sente une certaine intimité avec l'auteur en tant qu'écrivain (pas seulement le narrateur et les personnages), que je perçoive le plaisir que je l'imagine avoir pris à jouer avec sa langue, que je me sente au final partie prenante de ce jeu. C'est un plaisir, celui du jeu, que j'ai découvert aussi en me mettant à écrire.
J'ai trouvé dans tes textes justement, Jphil, des bribes de choses qui me plaisent et qui m'ont donné envie de les lire jusqu'au bout. Parce que la plupart du temps, c'est le contraire, je décroche très rapidement. Peut-être dans le fond que je n'aime pas lire et qu'il me faut beaucoup pour l'accepter. La perspective d'une "belle" histoire ne me suffit pas pour aller au-delà de ma fainéantaise naturelle à la lecture.
Je n'exprime bien sûr là que mon avis, mon ressenti devant un texte. Je peux très bien comprendre qu'il y ait d'autres façons de lire, de prendre du plaisir à la lecture. Je ne méprise ni ne fustige rien ni personne. Il m'arrive même parfois d'envier ceux qui ont lu tant et tant de choses, qui ont une "culture littéraire" que je n'approcherai sans doute jamais parce que je devrais me faire trop violence pour y parvenir.

Je rejoins incognito dans son propos ; en lançant ce débat je disais :
Citation :
Incognito dit :
Citation :
Il lui faut donc du style, de l'image, quelque chose qui lui parle ; et pour moi, et je suppose au vu de ce qu'il écrit, histoire et style se complètent et s'alimentent mutuellement, nourrissent le lecteur de la même façon, avec toutefois une nuance ; l'histoire peut prendre la pas sur le style et le style devenir aussi l'histoire... Et là, l'auteur a gagné. Il m'a entrainé dans son imaginaire et au fond, je suis heureux.

Citation :

+1, et puis la métaphore est jolie.

Ce qui compte pour moi, c'est la maitrise : personnellement, je ne suis pas fan du style de Céline, mais je lui reconnais une absolue maitrise de celui-ci, ce que je ne peux que respecter.