En général, ce qui me rebute (parfois) dans l'écriture, c'est lorsqu'elle est (liste non exhaustive):

- pas fluide : qu'à l'oreille, elle accroche (oui, bcp d'auteur ne se relisent pas à voix haute et cela se sent)
- trop convenu, scolaire ou mièvre : phrases/formulations trop lues, associations ou images mille fois usitées
- trop appuyée, forcée :
- trop précieuse : en gros lorsque l'auteur (se la) joue écrivain
- sur-explicative : je déteste qu'on me sous estime ou qu'on me surligne les effets au marqueur)
- prétentieuse : qui n'est pas adéquation avec le récit car uniquement destiné "à épater la galerie"
- trop chargée : mais là, c'est l'hopital qui se fout de la charité, car moi même je déconne là dessus (abus d'adverbes, adjectifs)

....

W

Encore une chose qui me rebute : les métaphores moles.

Quelques associés des métaphores molles : "comme", "tel", "c'était comme si",...

Exemple :

1a : "La première fois que je le vis, Jacky me faisait face, tel un pitbull défendant son bout de viande."

J'ai horreur de ça.
C'est quand même très mou du genoux.

Pourquoi pas ? :

1b : "Un pitbull me faisait face, défendant son bout de viande. C'est ainsi que m'apparut Jacky la première fois."

ou carrément :

1c : "Un pitbull me faisait face, défendant son bout de viande. Ce fut la première fois que je vis Jacky."

Pourquoi diable ne pas assumer ses métaphores ?
Le "1b" n'assume pas totalement, puisqu'il établit encore explicitement la comparaison, bien qu'évitant ce "tel" terriblement scolaire. Aussi, la comparaison n'est faite qu'en second lieu, ce qui laisse intact le choc de l'image pour le lecteur.
Le "1c" assume davantage, puisque la comparaison n'est plus explicite, faisant ainsi confiance au lecteur.

Sauf que si tu mets un mot de comparaison c'est pas une métaphore..mais une comparaison.

Comme de même que pareil à etc..sont des mots de comparaison.

"Un pitbull me faisait face, défendant son bout de viande. Ce fut la première fois que je vis Jacky."

Ton Pitbull s'appelle Jacky ?

Cette phrase n'a pas le même sens que la première il me semble :

"La première fois que je le vis, Jacky me faisait face, tel un pitbull défendant son bout de viande."

La comparaison permet de faire comprendre... qu'il n'y a pas vraiment de pitbull.

Citation :

C'est exactement l'idée, oui.
Je ne veux pas que lecteur voie un type dont l'apparence ou le comportement puisse rappeler celui d'un pitbull, je veux qu'il voie un pitbull, tout simplement Ce n'est pas de la réalité, c'est de la littérature.
Ce serait quoi un type ayant l'apparence d'un pitbull ? Un gars dont les oreilles se dresseraient au-dessus de la tête ? La truffe qui fronce ? C'est trop compliqué, tout ça. Allons au plus simple, droit au but.

Le contexte, suivant ou précédent, servira bien à lever l'incertitude quant à l'espèce du mammifère dont il est question.

Citation :

Ne prenez pas mal ce que je vais dire, incognito, mais n'y a-t-il pas un peu de présomption à vouloir démontrer le bien-fondé de vos principes en vous servant de vos propres productions (c'est le cas là, non ?) ? Etes-vous bien sûr d'être suffisamment à distance pour percevoir si cette façon d'écrire est celle qui fonctionne le plus ?

Et ce qui me gêne bien plus encore, même si vous avez bien expliqué auparavant que c'était votre façon de voir et pas la vérité suprême, c'est l'idée sous-jacente, assez communément répandue d'ailleurs, qu'il faudrait écrire de telle ou telle façon pour faire naître l'émotion à laquelle vous vous dites si attaché. Sauf qu'il me semble que cela ne répondra jamais qu'à votre façon à vous d'être ému. Qui vous dit que les autres seront sensibles aux mêmes stimulations ? La pluralité des commentaires, et notamment sur la qualité d'une écriture, devrait quand même vous donner à réfléchir, non ?

J'ai l'impression que le fait de constater que chacun peut être rebuté par des choses différentes ne vous apprend rien, parce que ce n'était pas le vrai sujet de votre fil. Mais que vous vouliez simplement expliquer comment l'on doit écrire pour traduire l'émotion telle que vous, vous concevez qu'elle soit transmise.

Mais je vous accorde volontiers que je me trompe peut-être du tout au tout.

Toc-art, j'ai d'autant moins de raison de mal le prendre que vous l'exprimez plus ou moins respectueusement.
J'ai moins à coeur de démontrer que de montrer, développer ce que j'aurais pu me contenter d'exprimer en une phrase.
Tout de même, je ne comprends pas bien cette volonté répétée, ici ou ailleurs, de chercher de la présomption dès lors qu'il s'agit d'expliquer une démarche, une façon de voir. Ne sommes-nous pas ici au coeur de ce que nous sommes venus partager sur ce site, bien loin de certains sujets qui ne naissent que pour "passer le temps" ? Faudrait-il se contraindre à quelques phrases succintes seulement pour ne pas paraitre présomptueux ?
Ce fil est ouvert à tous. Je serais ravi qu'un maximum de personnes y participent et y développent leur point de vue, le plus longuement possible pour comprendre mieux leur propos, en s'appuyant au besoin sur des exemples comme vous l'avez fait vous-même précédemment.
Je touverais cocasse que l'on me reproche, sur ce site, de parler de ce qui me passionne, puisque c'est précisément pour cette raison que je m'y suis inscrit, comme vous j'imagine. Ma parole n'exclut pas celle des autres. Vous êtes intervenu deux fois sur ce fil pour contester mes propos, mais je ne vous interdit pas d'intervenir pour développer les vôtres.

Ce que vous soupçonnez être de mes productions ne sont que quelques phrases que j'ai ajoutées aux deux phrases que j'avais prises pour exemple précédement, parce que je souhaitais développer ma réponse à une question que David me posait. Je les ai écrites pour l'occasion, ce n'est pas de la publication détournée. J'aurais pu chercher un exemple ailleurs, mais cela aurait-il nécessairement constitué l'assurance d'une plus grande distance ? Et cela aurait-il été gage d'une plus grande honnêteté que de m'appuyer sur des phrases que je n'aurais pas moi-même écrites ?


Et maintenant, vous ne voulez vraiment pas nous dire ce qui vous rebute dans une écriture ? (parce que c'est quand même un peu le but de ce fil, et pas de savoir ce qui vous rebute dans la manière qu'a Incognito de s'exprimer)

J'ajouterais que je vous ai demandé des précisions quant à l'exemple que vous avez fourni, afin que nous puissions, le cas échéant, en discuter, mais vous ne m'avez pas répondu.

Voyons… j'ai lu le fil en entier et, comme charivari, même si j'ai mes gouts propres, je suis d'accord avec lui : tout le monde se rejoint sur certains points comme le manque évident de travail ou de recherche.
Encore que j'aime bien les trucs légers et que je ne sois pas toujours capable de déceler le travail des auteurs ^^

Bon, j'ai du mal à dire ce que je n'aime pas uniquement… je fais un mix avec ce que j'aime :p

Sur les personnages :

- Je n'ai pas du tout la mémoire des prénoms alors je déteste la multiplication des personnages, d'autant plus s'ils ne font que deux apparitions, le genre de truc à te faire remonter toute la nouvelle ''ah oui, il lui offre une bouilloire pour son anniversaire à la deuxième ligne…'' il y a quelques films comme ça, où 5 ou 6 histoires se croisent en parallèle… je ne pige jamais rien.
- J'aime bien les personnages qui m'émeuvent de par leur simple personnalité. On les lit et on en pleure tellement ils sont beaux… Pas forcément ''complexes'' avec une finesse psychologique très poussée, mais un peu originaux et qui nous rappellent pourtant une part de nous.

Sur le style :

- C'est très variable : j'aime bien les styles simples mais je m'aperçois que je varie selon les périodes… il y a des moments où je trouve tous les textes mal ponctués, d'autres fois ils portent tous des répétitions… les hormones c'est sur ^^
- Par contre, je suis assez sensible au rythme d'une histoire, j'aime bien que les phrases et tout collent au fond. Le pire, ce sont les dialogues très lents, ou pas réalistes, je m'endors. Si en plus on ne sait pas qui parle ou qu'il y a trop de personnages… ><
- Je mets un énorme +++ à ceux qui parviennent à me faire visualiser leurs actions parce que ça m'arrive genre un texte sur 50, pas du tout visuel moi :p donc l'absence de visualisation n'est pas rédhibitoire pour moi.
- J'aime bien les recherches de style fines, dont on remarque le bon mot ou la tournure (sur Ada de Nabokov, dans la première partie, je restais parfois plusieurs minutes sur une page à savourer quelques mots) mais il faut que ce soit très bon… je préfère quand la recherche existe mais se fait juste remarquer et apprécier (la part de l'autre, schmitt), ce qui est beaucoup plus fréquent.
- Donc, ce qui me plait moins : les styles sans aucune recherche (sauf si le dépouillement sert précisément la nouvelle, mais il y a dépouillement et vacuité, c'est pas pareil…) ou les trucs trop lourds avec des panneaux ''bon mot''.

Sur l'intrigue :

- Je ne suis pas fan des intrigues trop complexes, embrouillées… j'ai tendance à me perdre facilement. Bon, j'aime pas savoir la fin avant non plus… Une ligne assez simple, quelques rebondissements genre trajectoire de ballon de rugby et pas boule de billard…
- Les erreurs logiques m'ont longtemps dérangé mais moins désormais… Perjoal avait soulevé un certain nombre de points sur l'étable de Jaimme me prouvant ça : je ne m'étais posé aucune question, avalé par le récit.
- une intrigue originale, j'adhère.


Tant que j'y suis, je vais donner mes impressions générales sur les genre (il y a plein d'exceptions, attention) :

- une bonne part des policiers : trop compliqués, trop de personnages, style parfois outrancièrement forcé. Sur oniris, il n'y en a pas tellement.
- Horreur : je suis très souvent déçu par les textes horrifiques. Alors que je ne tiens pas 5 minutes devant un film d'horreur. J'ai essayé la version japonaise du Ring mais j'étais déjà monté à 200 pulsations par minute… le jour où un auteur me fait ça, je suis prêt à faire la promo de ses bouquins à chaque étudiant de mon campus (3000 élèves). Le genre de livres que t'ose pas lire seul la nuit ou quand il pleut, quoi !
- Réflexion : souvent nombriliste, très rarement poussé au-delà du café du commerce. Ce genre de texte, faut que ce soit construit, soupesé, profond, et qu'il y ait des paliers tous les 1000 mots pour rattraper ceux perdus en route.
- En sentimental, faut que ce soit original sinon j'ai l'impression de rejouer pour la trentième fois la même pièce.
- Fantastique, j'accroche assez facilement, contes aussi. Heroïc Fantasy, moins… gros problème d'originalité de certains textes là aussi.
- Humour/détente : déjà j'ai un problème. La détente doit me faire passer un bon moment mais l'humour rire et je ne connais pas les intentions de l'auteur. Disons que je ris assez rarement devant un texte :) j'aime pas quand l'auteur s'agite dans tous les sens ou, au contraire, se réserve un bon mot toutes les 10 lignes. C'est hyper-dur à doser. Et puis, pourquoi le cacher : l'humour gras me fait bien marrer ^^
- Réalisme, aventure : j'en lis pas tellement ici. J'ai rien contre, j'adhère assez même.

Bah voilà, vous savez tout de ce que j'aime et aime moins :)
C'est pas dit que ça n'évolue pas d'ici quelques mois par contre ^^

Ah, voilà qui est complet. Merci, Placebo.

Je plussoie à 100% pour la mémoire des prénoms.
Justement, je suis en train d'écrire une nouvelle dans laquelle je répète souvent les prénoms, alors qu'il n'y a pourtant pas beaucoup de personnages. Avant, j'imaginais que ce genre de répétition pouvait être considéré comme un défaut, mais j'ai changé d'avis en constatant que moi-même je pouvais très rapidement perdre le fil si on ne m'enfonçait par les identités dans le crâne. Bon, c'est peut-être un défaut quand même... on verra ce que ça donnera à l'autopsie.

Sinon, au sujet du style, il a déjà été exprimé, sur ce fil, que les auteurs qui se "regardent écrire" n'étaient pas appréciés. Exprimé ainsi péjorativement, on ne peut évidemment qu'être d'accord, mais le problème, c'est de savoir ce que cela recouvre exactement. Perso, je suis plutôt attiré par ce qui est très stylé, même si je peux aussi apprécier une écriture qui se fait oublier, mais il m'est arrivé aussi de tiquer sur des effets que je trouvais exagérés, sans arriver vraiment à identifier pourquoi. Par exemple, dans "Zazie dans le métro", Raymond Queneau joue sur des mélanges de consonnances francophones et anglophones pour rendre des termes anglais "à la française" et j'aime ça, mais il y en a quelques uns que je rejette totalement. Peut-être que c'est la répétition qui finit par lasser, peut-être qu'ils ne tombaient pas au bon moment, je ne sais pas. Je suppose que tous les effets de style peuvent être appréciés dès lors qu'ils servent le fond, mais qu'ils provoquent le rejet lorsqu'ils ne sont plus qu'effet dans le vide.


Je pense encore à un autre truc que je n'apprécie pas, mais je le garde pour plus tard... en espérant ne pas me faire taper sur la tête