Hum ! c'est plutôt une parodie :


Malheureux comme moi quand je pars en voyage :
Oublieux du pourquoi, sans rime ni raison,
Je vais de par le monde abîmer ma toison,
Pour glander chez mes vieux le reste de mon âge…

L'odeur de soupe aux choux de mon petit village,
M'attire et son fumet, qu'importe la saison,
M'enferme comme un moine en ma pauvre maison
La province je hais, chaque jour davantage

De ce hideux terroir, je maudis mes aïeux :
Pour copier des romains les temples gracieux,
ils ont gâché le marbre avec l'ardoise fine…

Je n'ai qu'un ru croupi pour perdre mon latin,
Un aride coteau comme mont Palatin,
Et la flotte sans fin tombe sur l'ange vine…

Petite aparté pour vous témoigner quand même mon admiration à chacun d'entre vous : je suis très impressionné par votre capacité à faire ces rimes de grande qualité tout en respectant les contraintes!




Je vous laisse poursuivre...

W

Merci Widjet, venant d'un nouvelliste de talent, ce compliment me va droit au cœur.
Je pense qu'après un temps plus ou moins long d'apprentissage, l'exercice est à la portée de qui sait déjà manier la plume. Et quand on a pris la main, il suffit de laisser aller son imagination.
Et que je sache, elle ne te fait pas défaut.

Le petit-fils d'Alfred, au cours de son voyage,
Ne s'était pas soucié de tondre sa toison,
Il draguait la minette ( il avait bien raison )
Comme il sied aux jeunots qui profitent de l'âge.

Et c'est comme Samson* qu'il revint au village,
« Voilà beau temps qu'Antoine** est passé de saison »
Lui fit-on remarquer au seuil de la maison.
Pour le désarçonner il en faut davantage !

-Te voilà chevelu, lui dirent ses aïeux,
Charmés de son retour. C'est très audacieux,
En ces temps de tondus. -Vous me la baillez fine,

Le look gaulois fonctionne au pays du latin !
Je me souviens d'un soir, sur le mont Palatin
Mes tifs ont su séduire une belle angevine.


*personnage biblique célèbre pour son abondante chevelure ( avant qu'il ne fit une funeste rencontre )
**chanteur des sixties qui lança la mode des cheveux longs

Bravo Pierrot ! Voilà une belle inspiration et Antoine... c'est toute notre jeunesse !

Bien que toujours coiffé d’une épaisse toison,
Etrange phénomène au vu de mon grand âge,
Sans plaisir il est vrai, mais non pas sans raison,
J’ai cessé de courir les gueuses du village.

N’ayant jamais chômé, quelque fut la saison,
Quelques mâles ennuis, fruits de mon long voyage,
M’ont fait débaptiser aussitôt ma maison…
Lisez donc les tercets où j’en dis davantage.

Quelle mouche a piqué mes très lointains aïeux
Pour nommer Vert-galant, comme Henri l’audacieux,
Ce gîte où, grand jamais, n’eût lieu de partie fine…

En mon humble logis, sans luxe palatin,
Me gardant des jupons j’ai repris le latin
Baigné d’une douceur que l’on dit angevine…

Je le revois encore quitter notre maison,
Il ne voulait restait en une si belle saison,
Trop pressé, il ne démêla sa toison
Qui l’aurait dit, il se perdit, me perdit, perdit la raison…


Que d’errance, le temps s’empara de son âge,
La mer jouait lui jouait des tours, de cet affreux voyage,
Animait une peur que s’éteigne le feu d’une Pénélope davantage…


Ulysse aurait du rester, ce pauvre homme audacieux,
Se voulant guerrier à Troie, il prit la mer, ô, honorant ses aïeux…

Opéios, de son cheval rusé, troubla la nuit de la ville aux étoiles fines
Et mon époux, de sa main armé, sourit aux anges vains...


Puni par les Dieux, son navire échoua sur ce mont Palatin
Repêché, comment s’expliquer si l’on ne comprend le latin ?


J'ai adoré l'exercice.
Monlo

On s'amuse bien ici, même si l'alexandrin est parfois chahuté, ce n'est pas grave !

Une mention pour Alexandre et son Vert-Galant tout à fait inattendu.

j'ai toujours vu le titre au forum " bouts rimés" et je me disais tout le temps "mais qu'est-ce que c'est?"
Voilà, j'ai trouvé ca très interressant
je reviendrai c'est sur

Bienvenue monlokiana

Bravo à Monna et à Alexandre
Ce serait sympa si nous étions plus nombreux.
Qu'attendent les nombreux poètes oniriens pour venir s'entrainer sur ce fil ?