@Navire (mais pas que)

je pense à deux exemples illustres : Andreï Sakharov d’une part et Robert Oppenheimer d’autre part ont tout deux participé activement à l’élaboration de l’arme nucléaire pour finir par militer contre l’utilisation de cette même arme… ils auraient mieux fait de se retenir de faire progresser ces technologies. Ce qui ne leur aurait sans doute pas été facile, et peut-être impossible, je ne sais pas.
La question est posée.

Ça c’est au niveau des créateurs de techniques ou de chercheurs qui permettent des avancées technologiques. La question à se poser serait de se demander à quoi et pourquoi (ou pour qui) certaines évolutions sont désirables… est-ce que cela est vraiment absolument indispensable… ? (en outre s’ils inventent, c’est quand même nous qui payons...)

Je pense qu’il faut du temps, énormément de temps, si l’on veut évoluer il faut le faire à doses homéopathiques, je fais un parallèle avec ce qui se passe dans la nature, je crois que beaucoup de choses ont fonctionné, non pas sans heurts, mais sur de très longues périodes, en général, les forces ou les êtres concernés ont pu s’équilibrer, et tenir et cohabiter. Le problème de l’évolution récente des techniques est qu’elles vont trop vite, sans que ce qu’elles bousculent puissent s’adapter, se défendre et survivre.

Dans la vie de tous les jours, les petits gestes comptent, comme vous le dites, quant à savoir de quoi se retenir dans notre quotidien… c’est difficile de répondre, mais une attitude critique et réservée sur les problèmes et les solutions et de l’homme moderne est déjà un premier pas.
Il y a une force (somme de plusieurs forces) qui nous poussent à penser qu’il y a urgence, qu’on ne peut pas lever le pied, on compte sur la technique pour nous préserver de ses effets néfastes, mais souvent lever le pied serait une meilleure solution, non pas inventer une autre technique, mais par exemple pour l’automobile, rouler moins, développer des transports publics de qualité, décentraliser, favoriser les commerces de proximité… arrêter d’aller passer ses vacances aux antipodes en avion… est-ce difficile ? Je ne crois pas, mais cela demande un certain courage et une vraie abnégation, enfin pas pour moi qui suis assez casanier.

Reste bien entendu un nombre élevé de barrières : mentales, politiques, d’intérêts de groupes sociaux différents, etc. ce pourquoi je crois que des poèmes, comme celui qui sert de point de départ de cette discussion, sont importants.

Pour en revenir au débat je trouve que c’est déjà, même si ce ne sont que des mots, comme le poème, un moyen de résister, comme un petit geste, pas inutile pour autant.

Un dernier mot : à propos de la conviction c’est-à-dire de ce qu’exprime quelqu’un de convaincu…le problème c’est quand le con-vaincu tente de con-vaincre quelqu’un, il peut parfois se contenter d’exposer les arguments qui l’ont vaincu lui-même, sans présumer de ce que son interlocuteur en pense, mais suivant l’attitude qu’il adopte et le discours qu’il pose il peut facilement en arriver à une certaine agressivité. L’agressivité ressentie c’est comme la douleur ça reste subjectif et parfois on peut donner l’impression de prendre l’autre pour un con, quand même on ne le vaincrait pas, quand même on ne le pense pas.

Je crois qu’une clé d’un débat valable est le respect mutuel qui est plus facile à pratiquer si l’on ne présuppose pas de ce que l’autre pense, vit, est…car en général on en sait rien, ensuite il est difficile de s’exprimer et encore plus difficile de comprendre ce que les autres expriment. Par exemple dans le début de ma réponse je n’ai pas trop développé ce que l’expérience des physiciens que je cite pourrait déceler, mais d’abord je n’en ai pas la capacité et puis pas le temps…donc on pourrait me dire que ça n’a pas grand intérêt, ou me rétorquer un tas de choses, pour ma part ce genre d’exemple peut, je crois, nourrir la réflexion pas que le débat, mais aussi ce qui reste j’espère parfois d’un échange…un tout petit germe qui peut amener chacun à réfléchir, peut-être un tout petit peu autrement, ou d’enrichir, un tout petit peu la pensée de quelqu’un…sauf à penser qu’on sait déjà tout, par exemple à propos de Pavese suivant la réponse de Cat, je peux envisager qu’en effet Pavese évoquait aussi la situation sociale et politique de son époque lorsqu’il parlait de complexité, alors que dans un premier temps je me suis focalisé sur ce que je savais de Pavese, de son rapport à la vie et aux autres.

@ Corbivan

Je note tout de même que vous m'avez défini le mot conviction très penché vers l'extrémisme, ce qui fait que nous ne parlons pas du même degré de conviction, ce qui est à nuancer. On peut être empreint de convictions sans se tenir non plus dans un aveugle absolu :

Citation :

D'ailleurs, c'est pour ça que je dis qu'il faut faire attention quand on écrit, car cela suscite des réactions, or celui qui porte ses mots, pour moi il a assez de recul pour ne pas se sentir toujours "offenser" ou "agresser", après internet c'est pas l'endroit adéquat (derrière un écran) même si paradoxalement c'est là où il y a le plus de yeux et d'oreilles..

"S'abstenir" est un mot dangereux pour moi, beaucoup d'exemples ne plaident pas en sa faveur, et inversement. Andreï Sakharov d’une part et Robert Oppenheimer auraient pu bien s'appeler Ping Pong Pang ou Abdel que la bombe nucléaire serait quand même là (mais vous l'insinuez aussi ) Votre "je ne sais pas" est optimiste, j'en suis plutôt content à vrai dire, comme un pessimisme assumé mais pas abattu. (Je peux me tromper ^^ )

A moins d'arriver à un degré de sagesse jamais atteint (peut-être un jour), à partir du moment où l'homme a taillé son silex... On dit que l'on apprend que de ses erreurs. L'humain ne semble pas réceptif à la prévention en général, il est surtout dans la réaction. Mais en même temps y'en a qui n'apprennent pas de leurs erreurs... Mais bon est-ce que cela doit justifier la fatalisme et l'inaction ? J'aime écouter les mots de Nietzsche encore, quand il disait que l'humanité est une tentative. Pour un nihiliste, c'est tout de même très optimiste.

Le poème en soi, il est top. Ce sont les premiers commentaires qui l'accompagnent qui finalement l'enterre. Si l'intention n'y est pas vraiment.. j'aurais préféré un mensonge pour le coup, avoir révélé ses intentions fait pour moi sortir ce poème du cadre de la poésie.

Bien sur qu'un débat est constructif quand on est prêt à en disputer, non pas à en discuter. "Contrôler" son subjectif est aussi une clé, comme avoir du recul. J'en demande peut-être un peu trop.

Je ne répond pas à tous vos propos (s'ils attendaient réponse), mais ils sont très instructifs, je vous en remercie.

J'apprécie vraiment vos participations à ce fil.
Nous sommes ici exactement dans le "et quoi ?" du poème qui articule les deux parties : celle où il est question de nos vies et l'autre où il est question de la galaxie.

Et entre les deux, "et quoi ?", nous sommes de passage. de là la réflexion.

je réagis pour qu'on ne pense pas que je me suis cassée loin (hein, Cat :) Je suis tout près et je vous écoute...

Citation :

@Azedien,

Un grand merci pour ton passage et ton ressenti.

@Cat,

tu croyais vraiment que j'étais partie ?

@Eclaircie,

On va se calmer sur l'Apocalypse, je suis sûre qu'on a encore de bons moments à passer ensemble sur le site !

Je te remercie de ton passage; ce texte n'est pas fait pour plomber l'ambiance mais peut-être pour réfléchir un peu. Et tu as vu juste : l'Homme se sent tellement au-dessus de tout, il évolue...vers quoi ?
De quelle manière met-il à profit son intelligence ?

Mais allez, zou, on oublie tout ça et je t'offre un coup au bistrot du coin.