(j'ai un peu honte de sortir mes balivernes après cette poignante et magnifique histoire d'Oscar)

Après l'heure, c'est le heurt...
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Combien de fois fallait-il lui répéter ? Les Shinkensen, ces trains rapides japonais, ne sont jamais en retard, sauf tremblement de Terre majeur.

Superman, en visite dans l’Empire du Soleil Levant, voulait absolument procéder à une action spectaculaire pour s’y affirmer comme super-héros. Autant il est illustre aux USA et en Europe, autant sa popularité est faible dans l’archipel nippon. Largement ignoré par les amateurs de dragons et autres créatures volantes, Superman ne fait pas recette.

Pire : le jour de son arrivée, il avait eu terriblement peur d’une minuscule secousse tellurique lors de sa conférence de presse. Superman, tremblant comme une feuille, avait été "sauvé" par deux dragons de mangas. Rigolards, les journalistes avaient écrits des papiers condescendants sur cet esbroufeur hyper-vitaminé, dont les nerfs secouaient les nouilles.

Dans l’ensemble du pays, d'immenses éclats de rire accompagnaient ses parades. Il fut terriblement vexé en comprenant que « avoir du sang de miso » n’était pas le compliment qu'il pensait.

Superman chargea donc son assistant de ficeler une donzelle sur des rails, juste en face d’une caméra haute-définition pour le streaming. La pseudo-prisonnière (en fait, une starlette bien connue de la télé nippone qui avait accepté un rondelet cachet) devait être délivrée juste avant le passage du Tokyo-Nagoya de 11h28.

Malheureusement pour elle, le super-héros de chez Marvel n’a connu comme trains que l’Amtrack américain (chroniquement en retard), le TGV français (toujours en grève) ou l’ICE allemand (régulièrement en panne). Il a donc de très mauvaises habitudes en matière de timing ferroviaire.

De plus, l’infâme Lex Luthor, mis au courant, décida de ruiner la réputation de son ennemi juré. Jouant sur la suffisance bravache de Superman, il le provoqua en duel quelques minutes avant l’heure programmée pour le sauvetage. Pensant avoir le temps de le battre avant l’arrivée du train, notre comique donna dans le panneau et parti faire le coup de poing avec son adversaire de toujours.

Dura Lex, sed Lex. Superman gagna en deux minutes de trop.

Le mal fut vaincu. C’est alors que le héros apparu. En retard.
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(2.000 caractères, c'est avec ou sans les espaces ?)

Bravo à vous deux pour votre état d'esprit et pour toutes les créations. Je crois qu'on avait limité le texte à 2500 caractères. Super !

Avec ou sans espace ? Tu me poses une colle ! Disons sans non ? Comment compte on normalement ?

ça dépend... Chez les traducteurs, c'est sans espaces (on facture souvent aux mots), chez les journalistes, c'est avec (parce que chaque signe occupe du mm2 de maquette)...

2.500 avec espaces, ça doit faire environ 2.000 sans (ratio a peu près statistique). Pour info, mon p'tit dernier pèse 1.823 caractères et 2.171 signes (avec les espaces comptées (*), donc).

Maintenant, "your game, your rules", Mister Nico84... Le choix vous appartient.

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(*) je crois bien qu'en typographie, "espace" est féminin.

Le sacrifice de Motaf
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N’en déplaise à quelques scientifiques, les « réchauffistes » avaient eu raison.

Depuis le Grand Dérèglement, la température à la surface du globe n’avait cessé de monter pour atteindre 28° en moyenne. La mer baignait maintenant Clermont-Ferrand, capitale d’une France méconnaissable, composée de quelques chapelets d’îles émergeants à l’endroit des anciennes Pyrénées, des Alpes et du Jura.

Les différentes espèces ont du s’adapter à ces nouveaux territoires. Tandis que les oiseaux prenaient de l’envergure pour franchir les immenses distances océaniques, certains mammifères réduisaient la surface de leurs échanges thermiques. D’autres perdirent leurs poils comme les volailles déposèrent leurs plumes. Seules quelques espèces comme les chiens ou les dauphins ne changèrent quasiment pas. La plupart des végétaux disparurent et les arbres rescapés étendaient sur des dizaines de mètres d’énormes branches chargées de larges feuilles.

Tolmec, le chef de la tribu des Yupies, avait la lourde charge des dizaines de familles composant le clan de l’Île des Mondarés, un archipel pelé sis sur l’ancienne Bretagne. Son plus gros souci était de procurer assez de nourriture à ses ouailles. Heureusement, la chasse était généralement bonne, la pêche également.

Peu de temps avant le printemps, une femme vint voir Tolmec, portant son bébé dans le creux de la main. Le nourrisson, gros comme un hamster d’antan, suçotait le sein de sa mère. Celle-ci cherchait à intercéder auprès du chef à propos de l’offrande à la prochaine fête de Sainte Ellepého. Le culte de cette figure mystique se perd dans la nuit des temps. Il exige le sacrifice d’humains aux oiseaux, pour calmer leur colère – et aussi leur appétit –.

La femme faisait valoir que son mari Motaf, choisi par le sort, était l’homme le plus grand du clan. Il manquerait cruellement aux prochaines chasses: rares sont ceux dont la taille permet de monter sur le dos des fox-terriers domestiques.

Tolmec fut inflexible : s’il faisait une exception maintenant, cela remettrait en cause tous les tirages ultérieurs. Il ne pouvait se permettre un tel précédent.

Le jour de la fête, l’attention des oiseaux fut attirée par moult danses. Motaf, attaché sur le parvis de caverne principale du clan, fut aspergé par Tolmec d’un nectar de fleurs et laissé à son sort expiatoire. Des incantations furent chantées pour prévenir que le sacrifice pouvait avoir lieu.

Le vautour géant survolait la Terre, l’œil vif. Le repas était prêt.
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ceci est bien une socquette (= le texte de Socque m'a inspiré)

Ouah, Palimpseste, quelle santé ! Bravo.

(Sinon, je suis traductrice littéraire, et on compte avec les espaces nous aussi. C'est peut-être différent pour les traducteurs techniques ?)

Disons que l'on compte les espaces alors :)

Et ton texte est encore une fois de trés bonne qualité !

Prolifique le Palimpseste. Et toujours de qualité. Je vais devoir mettre les bouchées doubles dès la semaine prochaine.

Merci de vos mots aimables... Y'a surtout pas de compet' !

Merci Socque de ton texte qui a inspiré le mien (tu as fais grandir le vautour, j'ai fait rapetissir les hommes... mais sans ton idée originelle, la mienne ne serait sans doute pas venue)...

Oscar, j'aime beaucoup ce que tu écris. Tu n'entretiens pas qu'une saine émulation, mais surtout une réelle exigence de qualité.

Placebo également (dont on sent bien pourtant qu'il est rempli de substances actives)...

Aussi à Nico84 et ses phrases à décaper les neurones...

Et puis tous les autres aussi, bien sûr...

Je viens de traverser une dizaine de mois sans quasiment rien écrire et j'en ai été très affecté , même si je savais que "ça allait sans doute revenir un jour ou l'autre". Mais de compter les mois sans quasiment voir la moindre page, même petite, c'est LONG...

Alors de sentir la source avivée et abondante, c'est un vrai bonheur dont je vous remercie du fond de l'encrier... et c'est aussi un peu grâce à vous tous et je suis heureux de vous offrir des textes tant qu'ils vous plaisent (et quand ils ne vous plairont plus, j'espère que vous m'étranglerez affec-tueusement pour que je ne sombre pas dans la médiocrité)

MERCI !

Bravo pour votre état d'esprit et la créativité dont vous faites preuve chaque semaine. Voici les fins de cette semaine :

- Il se produisit un miracle. Le tyran épargna sa vie.
- Sa femme le dénonca illico. Elle l'aimait pourtant. Il fut condamné à mort.
- Le mouchoir chuta avec un fracas démesuré.
- En résumé, tout était calme. Jusqu'au moment où l'autruche avait débarqué avec sa poèle et sa tête de zombie.

La ruse des Tripes au Lit
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Le colonel avait trouvé un moyen infaillible pour asseoir son régime : le divorce était supprimé, mais chaque épouse pouvait dénoncer son mari s'il était activiste.

Par activiste, il ne faut pas entendre un terroriste bardé d’armes, rasant les murs le poignard entre les dents pour aller égorger un membre du pouvoir.

Non… Pour être activiste, il suffisait de surfer sur des sites de la presse internationale, d’avoir un disque de Georges Brassens ou même de s’adonner à autre chose que de turbiner dans les usines d’armement nationales, les seules industries encore licites.

Et la sentence pour activisme était simple : la mort.

Du coup, la suppression des divorces ne fut pas perçue comme une atteinte aux libertés. Le régime n’avait eu qu’à se féliciter de cette brillante idée. La pyramide nationale des âges en avait été très affectée. En conséquence, les mâles restant peu enclins à se marier, d’autant que les femmes libres étaient légions.

La dictature se portait donc bien, même si elle était dénoncée par quelques rares courageux des deux sexes.

Quelques rebelles à l’ouest essayaient encore de résister de temps à autre. Mais leurs soulèvements étaient réprimés avec une implacable férocité. Contre les chars et l’aviation, leurs pétoires ne faisaient pas le poids et, quelques milliers de morts plus tard, le calme régnait jusque dans les cimetières.

Malgré les cadeaux somptueux dont il couvrait sa parentèle, le colonel se doutait bien qu’il serait trahi par les siens un jour ou l’autre. Aussi était-il spécialement méfiant envers ses proches.

Comme disait Racine, si bon connaisseur du cœur des hommes : « Comme il les craignait, tous en avaient peur ».

Un matin, le colonel prit son petit déjeuner au lit, composé d’une marmite de tripes à la mode de Caen cuisinées par sa dernière épouse, une fille de l’Est aux formes très lestées.

Il mangea avec délectation du plat, ignorant que c’était là une ruse diabolique de sa femme pour le faire exécuter par ses propres sicaires.

S’adonner à un plat occidental était un délit grave. La semaine d’avant, trois hommes ayant mangé des saucisses de Francfort avaient été pendus, et le mois précédent avait vu la décapitation d’une tablée entière de mangeurs de foie de veau « à la vénitienne ».

« Avait des tripes au lit, son compte est bon ! », avait pensé l’épouse en composant le numéro spécial de délation des Services Spéciaux. L’occasion était trop belle.

Sa femme le dénonça illico. Elle l'aimait pourtant. Il fut condamné à mort.