J'eusse sû vous gêner, je ne l'aurais point mis !
Vous avez inquiet avec pied qui s'accorde,
Diérèse, je crois, tire un peu sur la corde,
Pour la faute, tant pis, car nous nous amusons :
Avant toute contrainte en vers nous nous plaisons
A discourir en paix pour meubler nos vacances
Et ceci ne doit pas devenir pénitences.
Sur cette phrase abrupte il me faut vous quitter...

La flamme se mourait faute de nouveauté
Quand du diable vauvert surgit soudain la plume
Qui noircit ce feuillet afin que se rallume
Le bien plaisant flambeau d’un propos byzantin
Qui nous vaudra bientôt quelque beau strapontin,
Si ce n’est un fauteuil, en cette Académie
Où vous et moi rêvons, ô vieillesse bénie,
De prendre notre place au rang des Immortels…

Nous nous considérons, en tous cas, comme tels !
Même si nous n'entrons jamais sous la coupole,
Des vers de douze pieds avons le monopole,
Chez Oniris déjà, tout au moins en ce jeu
Auquel nous nous prêtons, sans aucun désaveu
Que peut-être ferait comité de lecture
Si nous soumettions ces strophes en pâture...
Alors allons en paix et rimons de concert

N’ayez crainte Mona, ce qui nous est offert
Sera apprécié. Nul besoin d’être âgé
Pour goûter au plaisir de ces sonorités.
La mode trop souvent en ces temps d’aujourd’hui
Nivelle les idées et entretient l’ennui.
D’autres que moi , je sais, attendent vos propos

Je reviens en ces lieux, tel un joyeux hippo-
potame en un bassin du château de Versailles.
( Vous pouvez vérifier, les douze pieds y sont )
Ensemble nous pouvons danser la passacaille
Avec la vicomtesse et ses doux hérissons
(Surtout, ne cherchez pas. C'est juste pour la rime)

A faire Mallarmé notre Pierrot s'escrime !
Mais je ne raille pas, sinon le hérisson
Sortirait ses piquants contre un gentil garçon !
Aujourd'hui "ça ira" c'est le jour qui s'y prête
Sortons l'artillerie et même la trompette
Pour aller défiler près du vaillant soldat
- enfin ce qui nous reste, invincible armada,
Qu'un peuple belliqueux aurait tôt fait de vaincre -
Mais je vous vois d'ici difficile à convaincre :
L'armée est un métier, supprimer le troufion
Réjouissant Bidasse et son gai compagnon
A libéré les jeunes d'une servitude
Venue au fil des ans comme une turpitude...
Le "service" pourtant quelque part les aidait,
Grâce à lui, disait-on, un homme se formait...
Mais ne regrettons point ces flons-flons, ces fanfares
Autres temps, autres moeurs, nous avons d'autres phares
Pour guider nos destins vers d'autres horizons

A trop vouloir convaincre on tombe en déraison !

Corneille avait raison et nous avons nos torts…
Nous partîmes à trois et sans de prompts renforts
Nous vîmes acculés à déposer les armes
Non sans avoir un temps déclencher nos alarmes
Qui restent sans effet si j’en crois ce revers
Et le peu d’intérêt suscité par nos vers…

« Ô combien d’actions, combien d’exploits célèbres
Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres ?»*

« Et le combat cessa faute de combattants ! »* ???


* Le Cid, acte 3, scène 4

Voyons, mon cher Alex, nous sommes ces battants
Qui conversent en vers et savent le défendre
Jusqu'au bout de nos ans sans récompense attendre.
Notre minorité n'entache aucunement
La valeur qu'on nous prête aussi complaisamment
Mais qui n'atteint jamais le nombre des années.
Aussi n'hésitez pas après dures journées
Poètes à risquer vos rimes qui par jeu
Délassent notre esprit ; si pour vous c'est trop peu,
Pierrot juste à côté à grands cris nous appelle
Avec ses bouts rimés qu'il nous offre à la pelle !
Venez nombreux, ceci n'est pas publicité

Difficile Mona pour nous de s'aligner
Sur vos cadences folles à vous les trois battants.

Pour cet apprentissage il faudrait un espace
Où l'on pourrait tenter de présenter ces vers
Sans allure imposée.

Maîtriser le rythme puis la rime et le thème
Ce n'est que pas à pas que l'on peut avancer
Sur ce chemin antique.

Excusez mes propos s'ils vous semblent futiles
Mais vos alexandrins, s'ils ravissent nos coeurs
Nous découragent aussi.

Quel est le dernier son ? Est-ce bien cet "aussi" ?
Marite vous tremblez, vos cadences sont folles !
Apprenez à compter! Oh! que vos vers décollent
et, traversant la terre, éclairent les Aussies.