La neige lui jouait son air de violoncelle
Tandis qu’elle y menait son allure au hasard ;
Les flocons facétieux vaguaient en ribambelle
Avant de s’échouer sur ses lèvres sans fard.

Le corps est au diable
la raison est ailleurs
in vino veritas
je bois à la folie et aux passions

Ses pas l'avaient menée à la Sainte Chapelle ;
La grande voix du vent gémissait sans égard ;
Antienne hypnotique et valse intemporelle
D'un ciel de blancs cotons aux effluves de nard.

Les paupières baissées sur ses iris airelle,
Voulait-elle prier à l’abri des regards,
Faire un vœu comme on lâche à la mer une brelle,
Ou soulager son cœur du fardeau de cent bards ?

Dunes, sans fard, sans fierté, coupoles oblongues,
qui distillent quelques rêves d'humilité,
Dunes, mangeuses de ciels d’orange
recelant des amants dans des berceaux d'oyats.

Appel de la nature, comment te résister ?
Ne sont plus ces jardins qu'équanimes quiétudes...
C'est comme si couleurs, lumières, odeurs d'été,
Nous voulaient admirer cette volupté prude !

Joli Jeanphi

Dans l'immense mutisme et la paix éternelle,
A l'abri de la meute et du Paris braillard,
Elle se repentait comme ceux qu'on flagelle,
Soumise au jugement du Père fouettard.

Nul ne connaît l’esprit qu’en son for elle appelle ;
Cachait-elle – on le dit – en nourrice un bâtard
Qui ne put profiter du lait de sa mamelle ?
Elle avait le génie de moucher un jasard.

Si la mer était rose et la lune de miel,
on serait couple uni, emportés au sillage,
on aurait du champagne et des gâteaux nickel,
je verrai dans tes yeux l'infini du partage.