Les ors de ma toison m'ont valu mille injures,
Et pourtant je suis là, sous la rouerie des vamps.
Elles bénissent des singes qui crachent à ma figure,
Voici mes gènes martyres, et s'éteignent mes lampes.

Moscou brûle; une petite lampe a allumé l'incendie.
Hiroshima poésie narguant les siècles, Nagasaki longue pointe!
Paris outragé! Paris brisé! Paris martyrisé! Mais Paris libéré!
Plus pâle qu'une tâche de lune, malgré le fard, Gaza le teint blafard...

Il faudra bien un jour que cette ritournelle
Laisse mon âme en paix, avant qu'il soit trop tard.
C'est ainsi que parlait son cœur de jouvencelle
Au clair de cette nuit saoule de cauchemar.

Erreur d'horaire

Un fidèle perdu au jour de l'assomption
A prié en silence sous le chahut des orgues.
J'interrompis mon Franck, feignant la dévotion,
Entonnai Buxtehude comme aux jours de morgue...

Un pas de côté
pour voir autrement
le rire
et les silences

Je connais la beauté des jardins interdits
Et le regard brillant du monstre qui y vit.
Déjà passant le col de la forêt de nuit
La rumeur silencieuse appelle l'incendie.

Et s'il arrivait
que le lac gelé s'envole
ce serait une idée
des oies sauvages

Sur les cimes est le ciel, comme un large étoignoire.
Les nuages ruissellent, les vals y font miroirs.
Des langues de rochers, autant de déversoirs.
Une chape de pluie berce l'air du soir.

Elle se fermerait, vivante citadelle.
Gardien de sa vertu, l'invincible rempart
Que rien ne franchirait, pas même une hirondelle,
Arracherait son âme aux baisers du blizzard.