Je m’égarerais loin du chemin vicinal,
Laissant à mes voisins l’art des piques malignes ;
L’inconnu pour boussole et le charme vernal
pour seule direction, j’irais par les campines.

Je ne regretterais ni l'encre d'un journal,
Ni le triste factum de joutes assassines
Et quand j'arriverais, mon regard virginal
N'aurait pour horizon que les champs d'aubépines.

J’étais prêt à braver l’abîme destinal,
Délaissant le profit de rentes et tontines.
Je me voyais, gaillard, au cœur d’un fortunal,
Affronter le péril en chantant des sextines.

On dit bien que le vent
traverse les violons
depuis l'aube des temps
jusque dans les orions

J'ai parfois éloigné le chagrin-gardénal
qui me prend à l'instant de paraître enfantine
Loin de moi le néant du matin automnal,
Je préfère créer de jolies sonatines.

Dans le matin, deux mômes qui refont le monde,
Un miroir du temps qui s'en vient de l'école,
Des différents joviaux en mon esprits débondent,
Au sujet de cartouches et de tubes de colle.

Quand l'or s'approcha des bouches du hasard,
Son éclat palpitant et sa muette beauté,
Tout son corps et son âme consacrés au bel art,
Eurent la prémonition de s'être trop soigné.

[soignéS] !

Le long des galaxies, j'ai perdu deux étoiles
qui se répartissaient des sagesses extrêmes
des vers aériens et des ocres sans nom.
Personne ne saura évaluer ma peine.

Elles ont pris le pli d'embaumer le silence
de jeter toute attache et de vivre pour soi.
Sans même imaginer combien leur absence
a plongé ma raison au fond des solitudes.