Ah Palimp, j'aime bien la petite histoire improvisée que tu viens de faire là. Merci de m'encourager!
Et oui Brabant. C'est parti pour être une belle relation gendre/beau père n'est-ce pas?

Lorsque mon copain Gabriel vit Mégane pour la première fois, ce fut le coup de foudre. Peut-être parce qu'elle portait un nom bien en chair. Parce qu'entre nous, une jaguar type E ou une Aston Martin DB9, je trouve ça autrement exaltant que la Renault de mon voisin, même équipée de ma voisine qui a le pack complet d'options, surtout le freinage ABS, qui ne fait pas mon affaire.
Mais on n'est pas là pour parler de ma voisine. Encore que.
Donc, Gabriel tomba raide dingue de ma Mégane.
Il aurait pu, en toute logique, étendre le fruit de sa passion à l'ensemble de la gamme, et même s'en payer une d'occase pour assouvir sa passion mécaphile. C'était sans compter le caractère exclusif de mon copain.
Dans un sens, il faut le comprendre. Les hormones, ça ne se commande pas. Quand tu es fou de ta voisine, tu ne vois même plus que la racine de ses cheveux vire sur le gris, qu'elle a de l'acné rebelle, tu ne sens pas qu'elle sent à dix heures du matin, tu ne te rends même pas compte qu'elle a un mari, tu subis tes humeurs et tes coups de grisous nerveux, tu ne la vois pas tu déprimes, tu la vois, tu bandes. C'est ainsi.
Moi, je finissais par aller voir Gabriel à vélo, mettez-vous à ma place.
Il me faisait des scènes, des crises de jalousies. Bien sûr, le pastis, ça n'aidait pas, et moi, plus il pêtait une durite, plus je bichais.
Jusqu'au jour où je me suis retrouvé du matin et suis parti au boulot et au radar vers 4 heures 30. La voiture était garée sur le trottoir, dans le brouillard, devant la porte du garage. Je n'ai rien vu venir, je suis parti en marche arrière pour me dégager, et là, j'ai senti un choc. Je me suis dit, merde, je me suis pris un chien, ou un renard. Je ne suis pas le mauvais bougre, je suis sorti de la voiture et j'en ai fait le tour. Et là, à moitié sous le pare-choc, il y avait Gabriel, Dieu m'est témoin et sans vouloir l'offenser, tout le bazar à l'air, avec des traces carrément suspectes, comme s'il sortait d'un terrier. Tu ne comprends pas, je te fais un dessin (me contacter en privé).
Et moi, je l'avais salement amoché alors qu'il était sur le trottoir, comme n'importe quel piéton en mode automatique, complètement démuni de la moindre intention.
Zigouillé par ma Mégane.
Il a tenu bon face aux assurances.
Il a refusé de porter plainte. Il voulait se marier avec.

Bravo misumena, j'ai adoré la parenthèse, comme une interaction avec tes lecteurs :)

J'ai beaucoup aimé, misumena, je trouve la chute très bien amenée !

Merci tout le monde. A retardement, la dernière pirouette de Palimpseste m'a bien plu.

Bien aimé le bout de texte de misumena. ça me donne envie d'aller voir tes nouvelles.

(Au fait, personne n'a rien dit sur le mien. J'ai compris c'est "archinul". Je ne poste plus, c'est promis

La conquête de Genève (1/3)
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Chaque année à Genève, le 12 décembre, on commémore la bataille contre l'envahisseur savoyard.

La reconstitution est rude: il s'agit de montrer combien le vaillant peuple de la ville s'est réveillé brusquement au son de l'alarme, alors que l'ennemi avait traitreusement posé des échelles contre les murailles. Alors que la manœuvre espérait surprendre les genevois dans leur sommeil, elle échoua. Dans toutes les maisons, on s'éveilla, comprit le danger et couru sus à la troupe.

Ce fut la débandade dans les troupes du Duc de Savoie qui admit sa défaite et s'engagea à une paix durable.

Depuis, un feu de joie célèbre cette victoire. Chaque anniversaire est jalonné de jeux et de parades pour garder intact ce souvenir fondateur, même si Genève a beaucoup changé.

Quatre siècles plus tard, la Savoie aussi, a beaucoup changé. Ce n'est plus un presque royaume richissime et puissant, mais un modeste département français, pointant au numéro 74 dans la liste. Les savoyards ont aussi remisé leurs envies de conquête territoriales et personne ne songe plus à envahir le canton de Genève.

Tous? Non... Il en reste un qui rêve d'agrandir la possession du conseil général d’Annecy en ajoutant la languette de Suisse qui longe le lac Léman et s'enfonce en France. Pour lui, l'annexion de ces quelques kilomètres carrés devrait être décidée par la puissance publique, dont malheureusement on ne peut que constater chaque jour la pleutrerie.

Décidé à devenir le spermatozoïde fertilisant d'une armée-ovule savoyarde, il devint policier pour avoir le droit de porter une arme, qui deviendrait la première pièce de l'armurerie de son futur Ministère de la Guerre.

Il commença au bas de l'échelle par un carnet de contraventions, puis gravit les échelons pour avoir une matraque, un Taser puis finalement, un véritable pistolet avec sa boite de cartouches.

Comme la dotation d'une boîte (portée à deux par une habile -et fausse- déclaration de perte) ne représente pas une puissance de feu importante, il décida de jouer sur l'effet de surprise.

Il programma donc la conquête de Genève pour le prochain brouillard, qui permettrait de rentrer "tout de go" dans la ville : il irait avec son véhicule, emprunterait l'autoroute et prendrait la municipalité sans coup férir.

La chance fut avec lui: une semaine plus tard, une épaisse brume venue du lac se répandit sur la ville. Personne ne voyait à plus de trois pas.

Le dingo savoyard prit son arme de service et plongea dans la bouillabaisse.

Une larme au Diable (2/3)
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La mère regarda son enfant unique. Son petit front moite, ses lèvres agitées de tremblements, sa peau rouge d’une fièvre tenace étaient autant de symptômes alarmants. Adolph était d’une constitution faible et cette dernière attaque de la maladie menaçait de l’emporter. Sa mère s’était ruinée en médecins, charlatans et mages, vendeurs de drogues dites infaillibles, en réalité de vulgaires escroqueries.

La mère priait longuement chaque soir avec ferveur pour la guérison de son fils.

Malheureusement, Dieu ne reçu pas la supplique, mais le Diable.
Celui-ci, toujours à l’affût d’un mauvais coup, rendit visite à la femme. Elle le reconnu et lui défendit d’approcher le berceau où le petit Adolph geignait. Mais elle ne savait pas que, profitant d’un instant d’inattention, le Diable avait déjà touché du doigt l’enfant, dont l’âme lui était ainsi déjà acquise. Il ne restait plus qu’à le sauver de la maladie.

Prenant la forme d’un serpent, il s’enroula autour d’un vase à fleurs et se dressa devant la mère avec des yeux adoucis comme de belles pommes.

- Bonjour. Je viens pour ton fils.
- Diable, va-t-en ! Je veux que mon fils guérisse, mais surtout qu’il devienne un homme bon et juste. Je préfère qu’il meure plutôt que le voir devenir un de tes suppôts. Je l’étranglerais de mes propres mains si tu en fais un de tes esclaves.
- Tu vois le mal partout ! Je ne veux que la même chose que toi, répondit le Malin. Je te propose un marché : tu vas pleurer pour le guérir. Si tu remplis ce vase d’une seule larme, je ferai fuir le virus qui le tue.
- Que voudras-tu en échange ? Son âme ?
- Non, dit le Diable sans rougir. Je ne veux rien. C’est ma bonne action de l’année. Profites-en, c’est ta chance.

Naïve, elle crut le Diable. Pour remplir le vase d’une seule larme, elle pensa à des choses douloureuses et tristes. En quelques secondes, ses yeux s’embuèrent. Le Diable posa le vase devant la femme et lui réitéra sa promesse.

- Allez ! Une seule larme et ton fils est guéri. Si tu ne réussis pas, il mourra par ta faute. Si tu ne pleures pas assez fort, si tu ne l’aimes pas assez, il mourra !

La femme ne se retint plus. A son œil perla une énorme larme, grosse comme le poing. Elle enflait au fur et à mesure qu’elle écoutait le Diable et se concentrait sur ses désolants souvenirs.
Heureux de voir son stratagème réussir, le Diable l’encouragea.

- Allez ! Pour sauver Adolph, fais nous une grosse larme, Fraü Hitler.

Cette première goutte d’eau remplissait déjà le vase.

L’arroseur à rosser (3/3)
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Les hommes mûrs doivent toujours se méfier des femmes trop jeunes : ils risquent de se retrouver mariés avant d’avoir compris ce qui se passe.

Les femmes mûres doivent de même se méfier des hommes trop jeunes : elles risquent de se retrouver plaquées avant d’avoir réalisé ce qui ne se passe pas.

La très charmante Adélaïde était une sémillante quinquagénaire à la peau encore douce et aux seins plus prometteurs que ceux de bien des jeunettes.

Par égard pour elle, nous désignerons le salopard qui la séduisit par une simple initiale : M.

Ce maudit n’avait que vingt ans et déjà l’habitude de draguer des femmes sensiblement plus âgées. Il les rendait amoureuses avant de les faire chanter jusqu’à complet transfert de leurs économies dans sa poche.

Mais Adélaïde n’était pas née de la dernière pluie. Elle comprit le petit manège de M. et en conçu une véritable rage. Elle ? Se faire avoir par un gigolo qui la prend pour une truffe ? Pleine de colère, elle élabora un plan simple : se faire épouser pour son argent, puis avouer durant la nuit de noces qu’elle ne possédait rien.

Elle commença donc à parler de ses économies cachées, faisant miroiter l’existence d’un fabuleux compte off-shore regorgeant de millions inconnus de l’administration fiscale.

M. dressa l’oreille et, pour la bonne cause, pas que les oreilles. Adélaïde comprit que son amant était d’autant plus vigoureux qu’elle parlait de sa galette. Elle ne s’embêta pas et, pour profiter de la robuste constitution du garçon, pérorait des heures durant sur son énorme magot, le grossissant d’une façon éhontée à chaque nouvelle grimpette.

Elle réussit à lui faire comprendre qu’un mariage lui permettrait de profiter légalement de cette richesse. Il trouva l’idée bonne et les bans furent publiés.

Un policier, intrigué par ce mariage, s’avisa que le promis était déjà polygame et recherché pour diverses escroqueries et abus de confiance. Il incita Adélaïde à le dénoncer pour qu’il puisse le trainer devant la justice.

Elle refusa de porter plainte. Elle voulait se marier avec.

Plaimpseste bravo pour ces trois récits aussi bons les uns que les autres. Je te félicite d'autant plus pour ton premier où la fin n'était pas évidente.