Quand le givre doucement bruit
À quelque éternité de l’aube,
S’évapore l’œil de la nuit
Comme un rond d’huile dans la daube.

Un brouillard opalin baigne le contrefort
Du tertre où l'on devine une vieille guinguette.
La froidure en silence envahit le décor,
Apportant l'adipeux parfum d'une raclette.

Après la daube et la raclette !...Bon appétit.

Bientôt Noël et le froid hivernal
Nous incite, pour nous réchauffer,
A cuisiner un bon cassoulet.
Pour les toulousains, quoi de plus banal !

Quand le ciel en déliquescence
Épand sa folle cataracte,
La lumière alors se diffracte
En passementerie faïence.

On entend le ruisseau froufrouter sans effort
Et son clapotis semble une plainte aigrelette
Où s'accroche têtu, coriace et sans temps mort
Un fumet déjà froid de frite et d'andouillette.

Si tu quittes ton feutre au soleil de midi
attends toi à rêver de bonheur davantage
assieds toi et reçois les visions d'un autre âge
qui accourent, offrandes, depuis le grand Edit.

Pincée de cabochons, la nuit tend sa percale,
Fin tissu de mystère où l’âme se débine
Comme le menuchon fleurant sur la colline,
L’aède solitaire aliénant sa féale.

Un brin de lune sur un clair de muguet,
un clerc de pouce pour un coup de notaire,
et si le monde n'avait que faire de la logique
on verrait des nuages dans les rames de métro.

Où est-il le bonheur ?
Quand la nuit est un exil!
J’écris toujours aux aurores,
un abîme sous ma plume funambule.

L’an qui se ferme en m’étreignant
lègue sa hotte de misères.
Foin de son crépuscule poignant
et que voguent mille chimères.