Je m'y essaie, Siebby


A la sortie du bosquet, après une marche épique dans les buissons enchevêtrés, Cerise et sa mère posèrent leur fagot sur le bord du chemin inondé de soleil. Les chants mélodieux des oiseaux cessèrent tout à coup à l'approche d'un homme étrangement vêtu.

- Maman, pourquoi il met un turban, le Malaimé ? chuchota la jeune fille.
- Chut, on n'appelle pas les gens ainsi, voyons. Ce n'est pas de sa faute. Il se cache justement pour ne pas nous gêner.
- Mais pourquoi ?
- Il a eu un problème à la mâchoire inférieure. Disons qu'il a un visage... incomplet.

La métaphore était pudique et les efforts épiques de sa mère pour ne pas prononcer le mot firent sourire Cerise.
- Oui, bon, en fait il est agnathe, c'est ça ? J'ai entendu l'institutrice en parler mais j'ignorais ce que ça voulait dire et comme je ne savais pas écrire le mot, je n'ai pas pu regarder dans le dictionnaire.

Comme l'homme approchait, elles se turent.

Bien joué, l'artiste !

Le bosquet semblait inondé de larmes de sang. La saison des cerises avait débuté, synonyme d’escalades épiques dans le but de récolter le précieux fruit.
Jean passait sur le chemin, un fagot de bois sec posé entre ses deux épaules. L’attrait d’une pause fruitée le fit ralentir, et finalement stopper.
Se lançant à l’assaut des branches les plus basses, un sifflement mélodieux le fit se retourner. Un homme dont le crâne était orné d’un turban extravagant le fixait. Le temps d’un battement de cils, il avait disparut. Arc en ciel privé de lumière et qui soudain s’éteint.
La métaphore déposa un sourire sur les lèvres de Jean qui reprit son chemin. Déjà, l’aventure s’estompait dans son esprit.

***

Plusieurs années plus tard, perché sur un bateau pour une pêche à l’agnathe, ni le cri des mouettes ni le fracas du ressac ne parvenaient à effacer un son étrange et exotique de ses oreilles.
Depuis un certain jour d’été, il avait le sentiment d’avoir perdu quelque chose en lui, et se sentait un brin mal-aimé et perdu.



Un peu extravagant peut-être, mais c'est tout ce qui m'est venu à l'esprit, désolée

Denise aimait la tranquille monotonie de la pêche en étang. Ca la reposait de son boulot stressant de caissière au supermarché. Nostalgique, elle rêvassait en surveillant sa ligne. Peut-être s'endormit-elle, bercée par les chants d'oiseaux...

- Dis donc, grosse baleine, t'as pas fini de ronfler ? Tu fais fuir le poiscaille. Et regarde ton moulinet, ça mord !

L'audacieux qui venait d'interpeller ainsi la plantureuse Denise, rompant l'harmonie du lieux de sa voix vulgaire, ne vit pas venir la grosse baffe. Il s'en alla manger le talus herbeux sans autre avertissement.

Il se releva dans un flou cotonneux en crachant un zeste de sang. L'œil courroucé de Denise le fit revenir à la politesse :

- Scusez, M'dame, c'était une blague. Je vous ai pris pour une copine...

La cible était droit devant, ignorant encore tout du sort qui l'attendait.
Janie se lança, grande blonde plantureuse lançant des regards audacieux par dessus de larges lunettes ambrées. Un zeste d'élégance, une certaine harmonie dans les mouvements... Et c'était gagné.

La cible portait un pullover bleu baleine, curieusement assorti à la couleur d'une chevelure destructurée.

Janie dessina une moue boudeuse sur sa frimousse d'ange et s'assit sur le talus herbeux à côté du bel inconnu.
La cible lisait un vieux roman de Framboise Sajan tout corné. Salut Sadness.

- Nostalgique ? C'était mon préféré, se lança-t-elle.

La cible, surprise, se retourna brusquement, bousculant au passage la belle Janie. Celle ci tenta de rétablir son équilibre en exécutant de grands moulinets de bras. Peine perdue, elle roula le long de la pente, et termina le nez dans une hideuse flaque de boue.

Si elle n'avait pas porté pas ses fruits, cette petit aventure aurait au moins eu l'avantage de rompre la monotonie de l'après midi.

La cible, goguenarde, la regarda se lever, piteuse, et continua sa lecture.

Flûte, j'ai oublié cotonneux...

La cible était droit devant, ignorant encore tout du sort qui l'attendait.
Janie se lança, grande blonde plantureuse lançant des regards audacieux par dessus de larges lunettes ambrées. Un zeste d'élégance, une certaine harmonie dans les mouvements... Et c'était gagné.

La cible portait un pullover bleu baleine, curieusement assorti à la couleur d'une chevelure destructurée.

Janie dessina une moue boudeuse sur sa frimousse d'ange et s'assit sur le talus herbeux à côté du bel inconnu. Quelques nuages cotonneux peuplaient le ciel bleu azur.
La cible lisait un vieux roman de Framboise Sajan tout corné. Salut Sadness.

- Nostalgique ? C'était mon préféré, se lança-t-elle.

La cible, surprise, se retourna brusquement, bousculant au passage la belle Janie. Celle ci tenta de rétablir son équilibre en exécutant de grands moulinets de bras. Peine perdue, elle roula le long de la pente, et termina le nez dans une hideuse flaque de boue.

Si elle n'avait pas porté pas ses fruits, cette petit aventure avait au moins eu l'avantage de rompre la monotonie de l'après midi.

La cible, goguenarde, la regarda se lever, piteuse, et continua sa lecture.

Ma modeste contribution du mois d'avril :

Les baleines d’une ombrelle transparente strient la poitrine trop audacieuse de la plantureuse Harmonie. Les prétendants se défient en vains moulinets et croque-en-jambes pour lui plaire, leurs parades ne percent guère la monotonie cotonneuse dans laquelle s'immerge la jeune femme. Les débris nostalgiques d’une première passion lui accaparent l’esprit. Etalée, les bras en croix, sur un promontoire herbeux, elle scrute les zestes évanescents d’un ciel radieux. Elle sait elle-aussi qu’il pense à elle.

C'est le quart d'heure sentimental... hum j'arrête là.