Ville déchue
Royaume annihilé
Forêt victorieuse
Trône enseveli

Fils de mots brodés sur l’orfroi,
Poséidon guidant mon errance apatride,
La poésie m’offre l’abri de son égide ; 
Une liberté sans pourvoi.

Comme un ménestrel d'autrefois,
Vagabond suranné, minnesinger placide,
Suivant le fil de l'eau, sans cesse je dévide
Mes vers chantant l'amour courtois.

Lors, de galeries en beffrois,
Coule la cavatine en mon humble bastide,
Dégouline en babil et se ballade en lied,
Ou caprice aux accents gaulois.

De l’humble troubadour c’est le chant qui s’élève
Révélant du Midi cet occitan rieur
Villages médiévaux et ruines de châteaux
Se dressant fièrement sur des pitons rocheux

Elle trépigne d'amour
Mais elle ignore
le gouffre
où retombe la passion

Un vent fuit
vers les pôles
La pluie ralentit
sur la route

Elle tinte comme l’octroi
Qu’à mes lèvres solfiant cueille une cariatide ;
À la source n’offrant qu’une crevasse aride,
Sans conséquence ni pourquoi.

Paresse apesantie sous un soleil blond ;
Sur la pierre alanguie tel un chardon brûlant,
Au voisinage zélé de taillis sifflotant -
Au decor la fougue, mais à l'esprit le con !

Hors de ma vue, masque sans visage!
Me transcende la lumière ancestrale,
des ténèbres de l'âme, de l'invisible,
la laideur dans toute sa nudité!


(L'altérité ou la mémoire partagée du récit de soi)