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Re: Qu'est-ce qu'un écrivain?
Maître Onirien
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"toutafaitdacor" :)

Ninj'

Contribution du : 01/08/2007 13:52
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Re: Qu'est-ce qu'un écrivain?
Expert Onirien
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Quel bonheur de vous lire! Finalement Ama tu avais raison. il suffit de voir le succès de ce forum pour confirmer que l'acte d'écrire n'est en rien égoïste.
En ce qui me concerne, l'écriture est conditionnée par les autres, je me demande lorsque je produis quelque chose ce que je pourrais leur apporter de nouveau. Bien sûr, on ne peut éviter qu'une part de nous-même apparaisse dans nos récit. Je défie quiconque de me dire que son récit n'a rien à voir avec une forme de vécu quelle qu'elle soit (une forme d'exhibitionnisme? Pourquoi pas) Simplement on ne se reproduit pas - sinon on est dans le domaine de l'autobiographie- on produit un autre moi, fictif, mieux ou pire suivant les désirs cachés de chacun. je pense donc que l'écriture est un acte courageux de confrontation avec l'Autre (le lecteur dont parle Ama)
Quant au langage, la force des mots, la valeur du concept et de l'idée, le rapport signifiant/signifié, qu'en est-il pour le sourd ou le nonvoyant?

Lorsque vous écrivez, pensez au nonvoyant de naissance, c'est vous, avec vos mots et votre don de la personne qui lui permettez d'avoir un imaginaire, imaginaire qu'il va pouvoir de fait transmettre avec sa sensibilité propre et le partage continue........

On peut faire du braille sur Oniris...;)

Contribution du : 01/08/2007 15:45

Edité par guanaco le 1/8/2007 19:28:09
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Re: Qu'est-ce qu'un écrivain?
Chevalier d'Oniris
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... par élitisme, plus que "langage soigné", j'entendais le travail énorme qui permet de recréer la réalité dans ses moindres replis, dans toute sa profondeur. Il va de soi que pour ce faire, il convient de choisir le langage ad hoc. Le langage peut et doit faire entendre, par exemple, celui des banlieues si l'on situe son récit là-bas. De préférence en faisant en sorte qu'il n'ait pas l'air ringard au bout de six mois... En la matière, Ramuz est exemplaire: il a su créer un langage du terroir, on dirait du français des campagnes suisses... mais d'un autre côté, personne en Suisse ne parle comme il écrit.

Donc, plus que "langage soigné" (qui laisse entendre que seul le langage soutenu, "écrit" a droit de cité", je préfère l'idée de "langage travaillé" - travaillé suffisamment, d'un autre côté, pour qu'il ait l'air évident, aisé, facile.

Contribution du : 01/08/2007 22:10
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Re: Qu'est-ce qu'un écrivain?
Maître Onirien
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09/07/2007 19:16
De par le fait
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Whoua !
Je ne pensais pas qu’un tel thème puisse être sujet à polémique…
Désolé Ama, mais comme je suis celui qui peut laisser le plus entendre dans mes propos, que l’écriture et l’égoïsme était lié, j’ai l’impression que tu me fais la morale sur ce que doit être un écrivain…
Je suis vraiment désolé si mon point de vue t’a choquée d’une manière ou d’une autre. Ce n’était absolument pas le but. Au contraire.
Je pensais juste que le sujet était intéressant et qu’apporter un point de vue personnel l’était autant.
Preuve que l’écriture est avant tout de la communication, là ou je te rejoins entièrement d’ailleurs…
Vraiment je déteste les polémiques. J’aime les débats. J’adore les consensus.
C’est pour ça que je voudrais clarifier deux, trois éléments…
Et accessoirement défendre et expliquer le camp (restreint ?) des égoïstes...
Je crois effectivement que l’homme est à la fois et d’instinct, un être égoïste et social. C’est comme ça, il n’est pas l’un ou l’autre, il est les deux en même temps. C’est mon point de vue. Je n’oblige personne à le partager.
L’homme, n’est pas comme Rousseau le pense entièrement bon à l’état naturel et corrompu par la société, et à l’inverse il n’est pas un animal mauvais mais doué, qui à la faculté de se sociabiliser. Je dirais même que pour moi, l’homme ne nait pas doux et bon et qu'en plus la société le rend encore pire. Vision un peu pessimiste, mais bon… C'est mon choix... Ca se discute...
Quand j’ai parlé d’égoïsme et de masturbation, je voulais dire sans provocation et sans cynisme (je ne suis pas un cynique), deux choses…
La première, et c’est peut être ce qu’il faudrait avoir à l’esprit en permanence, c’est qu’écrire n’est pas un travail, comme d’aller à l’usine… De l’artisanat, sans doute. Du plaisir certainement… Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire des efforts, avoir de la rigueur, passer par des moments pénibles et laborieux… C’est juste relativiser un peu sur les choses artistiques et comprendre que l’écriture est avant tout une joie, un plaisir, un moment plus proche de la jouissance que de la corvée (encore qu’avant, les scribes égyptiens et les philosophes grecs étaient des esclaves). Même si il y a de la souffrance à écrire, ça reste du plaisir. C’est donc d’ailleurs peut être du masochisme, mais passons, si l’idée est trop choquante…
Deuxièmement, je voulais juste appuyer ce que Cyberalx disais et que je partage entièrement à savoir qu’au départ nous écrivons seul, souvent très seul. L’écriture est alors avant tout une pulsion de vie, voire de survie.
C'est a mon avis la base même de toute essence artistique... Un cri, pour saisir l'inexplicable qui se mêle à la vie.
Ca fait partie d’un ensemble de motivations ensuite beaucoup plus élaborées, à mon sens aussi, mais au départ il y a toujours cette volonté, ce besoin d’écrire, comme on à besoin de respirer…
C’est St John Perse qui à la question « pourquoi écrivez-vous ?», répondait :
-« Pour mieux vivre »…
Il avait peut être oublié de rajouter, à la fin de sa phrase, « parce qu’ainsi je rencontre l’autre… », et c’est certainement aussi, on est d’accord, une raison profonde qui pousse à écrire.
Moi, au risque regrettable de te choquer encore, je pense que même dans un désert, je continuerais à écrire pour moi-même. J’appelle cela de l’égoïsme et je l’assume.
Peut être faut il encore faire rentrer ici la notion de l’art… L’écriture est quand même une forme d’expression artistique... On n’écrit pas pour déclamer des articles en soldes ou uniquement pour communiquer un ordre de mobilisation générale à placarder sur les murs avant la guerre… Ecrire participe donc à l’art. Même nous scribouillard que nous sommes, nous tâtonnons dans ces alentours.
L’art est un moyen d’expression et de communication.
Mais les cheminements ne sont pas aussi simples qu’une marche militaire, même si celle-ci défile sur des pavés de bonnes intentions.
Il y a dans tout cela des notions de recherche intérieure, de perception et d’introspection obligatoire qui me semble difficilement compatible à ce stade avec la communication avec une personne autre que soi même.
C’est pour cela que je différencie bien en tant qu’étape et vie autonome, l’auteur, le lecteur et le récit. Ce n’est pas de l’égoïsme, ni de l’égocentrisme (je partage ton dégout de ce cancer qui gangrène nos sociétés, notamment en littérature), mais c’est juste pour moi trois entités qui peuvent rentrer en interdépendance et qui tu seras d’accord avec moi, ne le font pas toujours.
Nous avons tous des auteurs ou des œuvres qui restent pour nous hermétiques et qui plaisent éperdument à d’autres. C’est cette alchimie aléatoire que je trouve merveilleuse.
Si elle réussi, c’est que le couple lecteur auteur se retrouve en phase, mais il n’y a jamais communication directe, c’est le récit qui fait la liaison. D'ailleurs, quand tu lis un livre c'est ta voix qui résonne dans ta tête au fil des phrases, pas celle de l'auteur. Tu es seule avec le récit. Mais il y a quand même communication, et certainement même plus que cela… Les sentiments sont présent… Effectivement quand on lit, on aime le récit et du coup on s’intéresse à l’auteur. C’est être humain. Mais il en va différemment de la relation auteur-lecteur…
Moi (je m’excuse d’être égocentrique, mais je donne juste mon avis) par exemple, quand j’écris, je ne m’intéresse que peu au lecteur.
Et ce n’est pas de l’égoïsme au sens odieux où tu as voulu l’entendre.
Juste que si je pense déjà au lecteur à ce moment, cette communication intempestive va parasiter mon travail artistique. Pour l’instant, je suis devant ma feuille et je dois prendre plaisir à coucher des idées de façon efficace et sereine. C'est déjà pas facile.
Avec le lecteur en tête, je me bride, je m’obnubile, je risque même (mais je ne sais pas si ça va te plaire…) l’éjaculation précoce.
Plus sérieusement, il y a aussi quelque chose qui me gène dans l’idée de m’adresser directement au lecteur, c’est ce risque alors que représente pour moi la tentation de se croire assez suffisant pour donner la bonne parole.
Ici pointe dangereusement l’idée, d’engagement.
Avant d’aller plus loin, que les choses soient claires... L’engagement pour moi n’est pas un vilain mot, au contraire.
On pourrait discuter des heures durant, d’engagement, de politique, de citoyenneté, d’universalisme et de république…
J’ai un parcours personnel qui gravite éternellement dans ces eaux là.
Avant, j’étais de ceux qui pensaient qu’on pouvait se servir d’une plume comme d’une mitraillette, comme certain utilisait jadis le sabre et le goupillon. Faire de la propagande chantante. Mais depuis que j’ai recraché avec dégout quelques dogmes récités comme du catéchisme, j’ai une certaine répulsion à faire rouler les mots aux sons des tambours et des canons… A donner des ordres de marche… A charger étendard au vent et sabre au clair de lune…Même avec des mots de fleurs…
René Char qui reprochait le caractère engagé de ses poèmes à Aragon, l’appelait en toute sympathie « le colonel des mots »… Cela n’a pas empêché Char d’être un des rares écrivains à ne rien publier pendant l’occupation et de participer activement à la résistance en tant que capitaine d’un groupe franc sur le terrain provençal.
Je pense juste que morale et artistique font un curieux mélange, difficile à doser.
Je trouve même que le caractère de l’artiste en général et de l’écrivain en particulier doit aller vers le désengagement, comme un comédien s’oublie quand il rentre dans un rôle de composition, de façon à appréhender même des personnages qui seraient répulsif pour sa morale personnelle.
J’ai horreur de la morale et du sérieux. J’ai horreur de l’illusion de toute puissance en matière de communication.
L’hermétisme, la masturbation… Pourquoi pas, si tout cela est sincère.
Voilà en gros ce que j’ai voulus dire.
Au final je suis entièrement d’accord avec toi sur le fait qu’on écrit pour échanger et communiquer.
Pour moi, il y a juste des phases complexes que je décortique comme je peux.
La trinité (je sais que ça va t’énerver puisque tu es athée, si ça peut te rassurer moi, je ne suis pas religieux) Auteur-lecteur- récit sont pour moi une pyramide formidable dont les bases sont formés de l’auteur et du lecteur et dont la pointe est le récit.
Le triangle peut être équilatéral.
Pour finir, je précise bien que ce qui est dit ici n’engage que moi, que c’est un point de vue parmi de nombreux autres, que j’ai juste envie de le donner puisque l’occasion m’en est laissé et que je demande donc que celui-ci soit respecté en tant que tel, comme moi je respecte ceux exprimés, même s’ils diffèrent (un peu) du mien…

Contribution du : 06/08/2007 00:43
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Re: Qu'est-ce qu'un écrivain?
Maître Pattie l'Orthophage
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Je rebondis sur un autre thème abordé.

Il m'a semblé comprendre que pour certains, c'était faux de dire qu'écrire suppose un certain talent. Je n'ai pas compris pourquoi.

Je trouve encore plus élitiste de dire que l'écriture, c'est du travail avant tout, parce que ça suppose que ceux qui écrivent moyen ne travaillent simplement pas assez, que c'est, en quelque sorte, "de leur faute".
Ecrire, c'est du talent, et puis plein plein plein de travail, c'est sûr. Mais sans le "petit truc", le travail ne sert à rien. Comme chanter, quoi. Certains ont un tout petit "truc", d'autres un grand, sauf que la taille compte énormément, là ! On peut chanter faux et de bon coeur, mais faut pas espérer faire écouter ça. On peut chanter assez juste et agréablement, on sera écouté, mais on ne vendra pas assez d'albums pour en vivre.

Pattie

Contribution du : 06/08/2007 01:17
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Re: Qu'est-ce qu'un écrivain?
Chevalier d'Oniris
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Me voilà toutàfé ravie de te répondre, Larivière. Je veux d'abord clarifier un point où nous sommes totalement d'accord : je n'ai aucune envie de polémiquer, j'écrivais toujours dans l'idée d'un débat. C'est vrai que ma dernière réponse était un peu piquée, comme je l'ai remarqué moi-même, mais chacun sait qu'il est des jours où on a plus d'humeur que d'autres. Ces jours-là, il ne faut peut-être pas participer aux débats... :) Je suis donc ravie de pouvoir te répondre dans les termes les plus cordiaux d'un débat onirique. Je ne prétendrai jamais faire la morale à kikesesoi. J'expose mon point de vue, que je pense bien sûr correct, mais je réfléchis à ce que l'on me répond et j'envisage tout ce qui se présente de nouveau. Si je me suis un peu énervée la dernière fois, c'est que j'entends à peu près les mêmes arguments à chaque fois; mais en fait, c'était moins dirigé contre toi que contre toutes ces bouches que j'ai inlassablement entendu répéter les mêmes choses.
Je te réponds donc, à toi cette fois, et je fais ça proprement, dans l'ordre où tu as énoncé tes pensées.

Je crois effectivement que l’homme est à la fois et d’instinct, un être égoïste et social

Voilà une phrase déjà remplie de complexitude. L'homme a-t-il un insinct? La majorité des gens s'écrieront d'office que oui, bien sûr, l'homme a ses instincts. Pour ma part, je pense que l'homme n'en a pas, ou alors de façon si réduite qu'ils sont complètement sommaires. Il s'agit quand même d'un autre débat, que nous pourrons avoir sur un autre topic, je ne m'y attarde donc pas.
Egoïste et social? Je crois comprendre ce que tu entends par là. Je suis d'accord avec ton association mais je remplacerai le mot 'égoïste' par celui de 'solitaire'. Egoïste signifie plus : indifférent à autrui, en quelques sortes, alors que solitaire signifie plus : toujours unique, toujours seul, quelque part, au milieu des autres. Solitaire et social à la fois, voilà très justement ce que me semble le caractère de l'homme (pour ne pas dire 'nature'. Car vous l'aurez deviné, si je ne crois pas aux instincts, je peux difficilement croire à une nature humaine). Solitaire et social à la fois, donc, toutàfé. A ce sujet, je viens de lire Le Temps et l'Autre d'Emmanuel Levinas, un phénoménologue, que je conseille à tlm. Il y traite précisément cette solitude de l'être dans son rapport avec l'Autre.

L’homme, n’est pas comme Rousseau le pense entièrement bon à l’état naturel et corrompu par la société, et à l’inverse il n’est pas un animal mauvais mais doué, qui à la faculté de se sociabiliser. Je dirais même que pour moi, l’homme ne nait pas doux et bon et qu'en plus la société le rend encore pire.

Il convient en premier lieu de rappeler que les théories de Rousseau sont comme toutes les théories philosophiques de cette époque : imaginative, hypothétique. Rousseau sait très bien que l'homme-nature n'a jamais existé pour ensuite devenir homme-citoyen. Ce sont des états fictifs pour tenter de décrire le processus de sociabilisation. Pour Rousseau, l'homme est corrompu par un pouvoir unique et dominant, un roi, un tyran, un monstre, et il ne peut s'humaniser que lorsqu'il s'unit avec les autres hommes : lorsque il met son individualité au service du général. Lorsque l'homme, en tant qu'homme unique, se donne comme partie d'un tout, la volonté générale, et qu'il aide ce tout à lui poser des contraintes comme il en pose aux autres.
Rousseau donc, en schématisant un peu, pense l'homme comme plus ou moins bon lorsqu'il est citoyen dans une démocratie.
Je suis toutàfé d'accord avec toi, et je ne pourrais l'être plus, sur ce point : l'homme ne nait ni doux, ni bon. Il naît avec rien du tout. Et l'enfant n'est ni innocent, ni inscouciant. C'est un « pervers polymorphe », pour reprendre les mots de Freud que certains trouveront choquant. Dans la tête de l'enfant, il se passe tout autant de choses complexes que dans la tête de l'adulte. Bref, je vais pas m'étendre là-dessus, mais je suis d'accord pour dire que le bébé ne nait pas bon. Après, je voudrais nuancer l'impact que la société aurait sur l'homme.
Déjà, ça dépend de quelle société. L'homme est sociable avant tout, tu es d'accord pour ça, même si tu ajoutes la caractéristique 'd'égoïste' avec. Dire que la société le rend pire, c'est être vraiment très pessimiste, parce que c'est dire que de toutes façons, l'homme empire et ne peut qu'être mauvais. Ce n'est pas vraiment la société en elle-même qui abrutit l'homme ou l'enlaidit. Ce sont les tendances et les mauvaises influences que chaque régime a forcément, de façon plus ou moins prononcée. Notre régime capitaliste, par exemple, met l'argent, le plaisir et l'individualisme avant toutes autres considérations. Pour ma part, je trouve que ça engendre pas mal de cons.

écrire n’est pas un travail, comme d’aller à l’usine…

Rien de plus vrai. Pas besoin de s'y étendre, j'espère que tout le monde comprend cette différence-là. Mais cette considération est vrai pour tout autre métier que celui de l'écriture, s'il n'est pas aliénant et qu'on y trouve son plaisir. Je viens de retrouver une amie qui veut absolument devenir hôtelière, un rêve qu'elle nourrit depuis très longtemps. Pour moi, hôtelière serait un métier abominable. Je m'y ferai chier à mourir et ce serait une véritable corvée. Je ne le mets pas au même niveau qu'être ouvrier, où l'on fait du travail à la chaîne et où l'on est sous-payé. Mais j'essaye de montrer simplement : boulanger n'est pas un travail, comme d'aller à l'usine.
C'est le problème d'aimer ce qu'on fait et de rester maître de sa production. Faut lire Marx pour ça, qui est très intéressant. Enfin sans le lire on le comprend bien aussi. Ainsi, tu fais tout un développement sur le métier artisanal qui pourrait aller à chaque métier fait avec envie.
La différence entre le métier artisanal et les métiers plus courants est autre part. Elle réside dans le fait que tu dois compter sur le succès et sur la chance, que c'est bancal et pas du tout assuré, que tu peux difficilement en vivre et que tu n'as pas les mêmes contraintes : tu travailles chez toi, avec tes heures et ton rythme propres.
Bien sûr qu'il faut avoir envie, c'est même la toute première condition vu dans quoi tu t'engages si tu veux être artiste de nos jours.

Même si il y a de la souffrance à écrire, ça reste du plaisir. C’est donc d’ailleurs peut être du masochisme

Mais pourquoi réduis-tu le plaisir d'écrire à du masochisme ? Penser que l'écriture est d'abord souffrance est une idée reçue, un préjugé qui nous est légué par la longue époque du romantisme. A ce sujet, je conseille à tous les friands de l'histoire et des préjugés littéraires de lire Paul Benichou, Morales du Grand Siècle. Il explique cela avec précision.
Je suis de ceux qui pensent que l'écriture est le sentiment de l'existence mêlé au travail de la langue. Et pour rester toutàfé moi, je citerai Raymond Queneau, qui dit ceci en parlant des gens souffre-douleur dont l'inspiration divine est passée par les larmes de leur vécu : « Il serait temps de se mettre au travail ! »

je voulais juste appuyer ce que Cyberalx disais et que je partage entièrement à savoir qu’au départ nous écrivons seul, souvent très seul. L’écriture est alors avant tout une pulsion de vie, voire de survie.

Dans un cadre strictement personnel, je ne me reconnais pas du tout. Mes premiers écrits, les mignons ridicules à 6 ans à peine, étaient avant tout pour les autres : pour ma fierté, celle d'avoir écrit quelque chose qui peut se lire, une histoire qui peut être dans les livres (genre ^^). Avant même d'en avoir écrit trois, d'histoires, j'étais fermement décidée que plus tard j'habiterais une maison où le deuxième étage serait mon bureau d'écriture, le premier servirait pour l'édition et le rez-de-chaussée pour librairie, où je les vendrais au fur et à mesure. Avant même d'avoir écrit quoique se soit qui se tenait, je pensais déjà à la lecture. Car d'où vient l'envie d'écrire? Quand ce n'est pas juste pour le succès, l'envie vient généralement de la lecture elle-même.
Après, dans mes années de djeuns-pathétique, c'était différent. A ce moment, j'aurais pu dire que l'écriture, c'était une question de survie. Peu importe si les gens me lisaient, si je n'écrivais pas, je mourais. N'importe quoi, j'avais toujours l'envie d'être lue et je n'écrivais jamais sans cette envie secrète. Et si j'ai plus écrit seule, sans montrer, c'est que j'avais conscience que mon écriture était plus ou moins pathétique. Pourtant, jamais, au grand jamais, je n'ai écrit une seule ligne qui fût pour moi uniquement. Un mot ne peut qu'être écrit avec la semi-réflexion de 'comment ça ferait pour des yeux extérieurs'.

Ce qui n'exclue pas pour autant et même pas du tout ce que tu dis ensuite : C'est a mon avis la base même de toute essence artistique... Un cri, pour saisir l'inexplicable qui se mêle à la vie.

Toutàfé d'accord. Un cri pour saisir l'inexplicable de la vie. La vie dans toute sa complexité, la vie où tu es à la fois seul et avec les autres. Tout se fait dans la relation que tu entretiens avec le monde. Pourquoi tu es là? Pourquoi tu es né? Pourquoi on aime? Pourquoi on meurt? Comment ça se fait, keskispasse, koi,kommen,kan,ki,pourkoi! Et tu seras peut-être étonné, Larivière, que je cite à nouveau Rousseau sur ce point. Sa théorie sur les origines des langues (le langage n'est pas l'écriture mais c'est quand même pas si éloigné que ça, c'est proprement humain) : le cri de l'homme. Il l'appelle plus joliment la « mélopée ». Soit un chant, un chant de sentiments, émanant du plus profond de l'homme, pour exprimer, tenter d'expliquer tout cet inexplicable. Et mon prof de philo de terminale avait joliment émis l'idée que, peut-être, les cris du nouveau-né exprimaient eux-aussi toute cette incompréhension, cette agitation du monde qui l'arrachait du ventre de sa mère.
Quoiqu'il en soit, je suis d'accord alors même que le raisonnement qui précède cette explication est différent du tien.

Moi, au risque regrettable de te choquer encore, je pense que même dans un désert, je continuerais à écrire pour moi-même.

Ne t'en fais pas, tu ne m'as jamais choquée, c'était une de mes regrettables façons de parler. C'est très intéressant ce que tu dis là : moi aussi, dans un désert, je continuerais à écrire pour moi-même. Et je pense à un livre que vous connaissez peut-être : L'Herbe Bleue, auteur anonyme. C'est le journal intime d'une jeune droguée, qui s'est vraiment maintenue en vie grâce à son journal. Le journal intime en lui-même est un phénomène intéressant. On lui donne souvent un nom. Tu parles à quelqu'un, même si tu sais très bien qu'il n'existe pas. L'interlocuteur est imaginaire mais il est aux côtés de ta plume. Imaginons-nous dans un désert, seul pour des millions de kilomètres. On écrit, c'est sûr, mais on écrit toujours avec un lecteur imaginaire au bout de chaque mot. Et même si on a aucune intention de ne jamais le montrer, même si on écrit « pour soi », écrire est l'acte même de communiquer quelque chose.
Et pour aller plus loin encore...
Dans mon dernier journal de bord, il y a un passage où j'écris : « Pour un tel, pour un tel et pour un tel, et pour ces mêmes personnes lorsqu'elles reliront ce journal plus tard dans leur vie, et donc pour moi-même quand je relirai ce journal plus tard dans ma vie... » Parce que nous le savons tous, nous changeons chaque jour, chaque année... C'est particulièrement frappant lorsqu'on relit un vieux texte, on est beaucoup plus objectif et parfois on se demande même « c'est moi qui ai écrit (cette merde) ?! » Alors même en écrivant « pour soi », l'acte d'écrire, c'est figer quelque chose qui vole au bout de nos lèvres et sitôt que ce quelque chose est figé, il est extériorisé, il est exposé, il est pour d'autres regards.

D'ailleurs, quand tu lis un livre c'est ta voix qui résonne dans ta tête au fil des phrases, pas celle de l'auteur.

(je suis d'accord avec tout ce que tu dis avant ça). Et je suis encore d'accord avec ce que tu dis là. Je veux y ajouter une de mes expériences personnelles : lorsque tu lis un livre dont tu connais l'auteur, c'est parfois très difficile. Je parle pas des textes amateurs ou autres que l'on trouve par exemple sur Oniris ou d'un texte d'un copain. Mais de véritables romans dont, par exemple, l'auteur est un membre de ta famille. J'ai expérimenté qu'il fallait inévitablement que ça soit un bon livre, parce pendant une bonne partie de la lecture, tu as certes ta propre voix au creux de l'oreille, mais tu as l'image de cette personne qui se dresse devant toutes les images de l'histoire, et c'est très pénible.

quand j’écris, je ne m’intéresse que peu au lecteur. [...] Pour l’instant, je suis devant ma feuille et je dois prendre plaisir à coucher des idées de façon efficace et sereine.

J'y vois un paradoxe que tu n'as pas remarqué. Ou alors on ne se comprend pas de la même manière. Faire le travail de coucher tes idées de façon efficace et sereine est déjà s'intéresser au lecteur. Embellir, enjoliver et travailler ton écriture, ton texte, c'est penser à la lecture. Ca te procure du plaisir, sinon tu n'écrirais pas, et tu le fais pour le lecteur, que ça soit toi ou quelqu'un d'autre.

Plus sérieusement, il y a aussi quelque chose qui me gène dans l’idée de m’adresser directement au lecteur, c’est ce risque alors que représente pour moi la tentation de se croire assez suffisant pour donner la bonne parole.

Tu as peut-être compris ma pensée à présent. Comme toujours, il faut nuancer. Tout est dans la manière de faire et de penser. Si un auteur est prétentieux, il lancera son message sans plus d'explication et il attendra qu'on lui obéisse. Un auteur qui à mon avis se respecte, aura toujours un message, une idée, un sentiment, une pensée à donner à son lecteur, mais il ne lui imposera pas. Il laissera le choix au lecteur et il lui laissera surtout la possibilité, inévitable à un bon texte, d'avoir sa propre interprétation.
Alors, oui, 'morale et artistique' est un mélange difficile à doser. Mais il est inévitable. L'homme qui se prétend tolérent au point de toujours prôner un relativisme parfait me paraît avant tout méchemment hypocrite envers lui-même. Ne pas avoir d'avis sous prétexte qu'on ne peut jamais tout savoir est bête. Ne pas avoir d'avis n'est pas humain. Du coup, ces relativistes se trompent eux-même et pour ma part, ils m'irritent au plus haut point. Etre tolérant, être ouvert, vouloir apprendre et comprendre, garder en tête qu'on n'est ni le meilleur, ni le plus savant, ok. Plus qu'ok même. Mais prôner cette sorte de relativisme comme je l'ai présenté plus haut, ça donne des boutons.
Alors again, oui pour le mélange difficile mais inévitable. Et again, tout est dans la manière de doser et de présenter.

La trinité (je sais que ça va t’énerver puisque tu es athée, si ça peut te rassurer moi, je ne suis pas religieux)

Je t'en prie, je ne suis pas aussi bête ^^ Je suis athée, d'accord, mais je ne suis pas bornée. La religion est quelque chose qui me passionne, je l'étudie tous les jours en cours et je m'en sais moi-même aussi imprégnée que tous les autres athées. Nous avons eu une trop longue histoire religieuse pour être débarassés de la religion aussi facilement. Suffit pas de se dire athée. Bref, les mots Dieu, trinité, saint, vierge, Jésus, ne me mettent pas du tout en colère. D'ailleurs, y a pas grand chose qui me met en colère à part le relativisme xD

Au final, Larivière, nous sommes d'accord sur pas mal de points. Quelques nuances par-ci, par-là. Ce que j'aime dans un débat, c'est l'obligation qu'on a de s'expliquer le plus clairement possible. Non seulement aux autres mais aussi à soi-même. Désolée si ma réponse est un peu longue, on ne finit jamais se genre de textes. Encore une fois, je n'agresse personne, je te respecte autant que les autres et je serais ravie si tu as encore une réponse à me fournir.

Mais spa toutàfé fini! Pattie dit aussi quelque chose d'intéressant.

Je trouve encore plus élitiste de dire que l'écriture, c'est du travail avant tout, parce que ça suppose que ceux qui écrivent moyen ne travaillent simplement pas assez, que c'est, en quelque sorte, "de leur faute".


C'est bien vrai et on a dû mal s'exprimer. Car je fais partie de ces gens qui situent le travail avant tout. Ce qui m'accroche, c'est le mot 'talent'. Le talent est par définition quelque chose que l'on sait faire sans jamais l'avoir appris. Etre doué ne signifie pas la même chose : c'est faire plus rapidement ce que les autres mettent plus de temps à faire. Un élève qui saute deux classes est doué. Quelqu'un qui chante bien sans jamais avoir appris une seule note de musique, en théorie, c'est une personne talentueuse. Or je crois qu'on est plus ou moins doué pour ceci ou pour cela. Selon ce qu'on a intégré depuis notre naissance. Certains sont plus doués pour écrire que d'autres. Avec le travail en plus, ils peuvent être reconnus.
Et là, on retombe sur un autre problème dont nous avons déjà parlé : la reconnaissance. De nos jours, on sait très bien que c'est compliqué, vachement marchandisé, et qu'il faut pas forcément écrire bien pour être connu et qu'on n'est pas forcément connu lorsqu'on écrit bien...

Contribution du : 06/08/2007 18:27
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Re: Qu'est-ce qu'un écrivain?
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Je t’aime bien Ama.

En fait, comme tu le dis si bien à la fin de ta réponse, on est d’accord sur l’essentiel.

Ta dernière contribution m’avait certes un peu incommodé par son caractère tranché, mais je comprends maintenant que c’était ta façon de répondre avec rigueur et sincérité, ce à quoi j’attache énormément d’importance. C’est ton caractère en somme, et c’est tout à fait louable.

L’homme est un être de communication, et on se rend bien compte que beaucoup de conflit proviennent en fait de malentendu. Laissons de coté le pouvoir et le reste, qui ont aussi leur rôle à jouer…
Ma vision de l’homme est, je crois pouvoir le dire sans trop me tromper, la même que la tienne. Je porte le même regard sur la place de celui-ci et sur la société. Juste, ma vision de l’artiste et de l’écrivain diffère légèrement sur des détails qui n’ont pas d’importance.

Par exemple et sans vouloir relancer la polémique, je te jure que quand j’écris je ne pense pas au lecteur, je sais qu’il peut ne pas être loin, voire même parfois je l’aperçois qui plane brièvement par-dessus mon épaule, mais ce qui me fait viscéralement améliorer et travailler un récit ou n’importe quoi d’autre en matière artistique, c’est le modelage et la forme que je veux, moi, et moi seul, donner à l'oeuvre, cela pour des raisons qui sont celles de l'artisan (rigueur, joie du travail bien fait...).
Ensuite, bien sur que je fais tout pour que cela coïncide avec le plaisir du lecteur ou du spectateur.

Quand je soigne, c’est différent, ma satisfaction passe en second, je me consacre entièrement à ma fonction sociale.

Mais on ne va pas chipoter et se disputer le bout de gras pour si peu.

Je te dis, on est d’accord sur tous, sauf sur certains cheminements…

Gardons ce qui nous réunit et jetons très loin, ce qui nous sépare.

Sans rancune, et au plaisir de te lire.

Contribution du : 06/08/2007 19:05
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Re: Qu'est-ce qu'un écrivain?
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Moi aussi, je t'aime bien Lariviere xD

Contribution du : 06/08/2007 19:10
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sapeupa nonplu réucir atou lécou, défoi sa réuci bien oubien alore secsa foir défoi safoir sécome tou défoi sava pa ipouce rien du tou, fopa pleuré poursa
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Re: Qu'est-ce qu'un écrivain?
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si c'est pas mignon

Contribution du : 06/08/2007 19:28
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Re: Qu'est-ce qu'un écrivain?
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C'est bien vrai et on a dû mal s'exprimer. Car je fais partie de ces gens qui situent le travail avant tout. Ce qui m'accroche, c'est le mot 'talent'.
Le talent est par définition quelque chose que l'on sait faire sans jamais l'avoir appris.
Etre doué ne signifie pas la même chose : c'est faire plus rapidement ce que les autres mettent plus de temps à faire.
Un élève qui saute deux classes est doué.
Quelqu'un qui chante bien sans jamais avoir appris une seule note de musique, en théorie, c'est une personne talentueuse.


Je parle bien d'inné. Je ne dis pas que l'inné suffit, mais certains ont des prédispositions pour écrire/chanter/autres sans que rien ne puisse l'expliquer dans le contexte dans lequel il vit. Si en plus la personne est douée (moi je dis : "a des facilités", ça aide nettement. Et si en plus elle bosse, alors cette personne a de fortes chances d'arriver à un certain niveau de son/ses arts, si elle le veut. L'inné ne suffit pas, mais je pense qu'il fait la différence entre les p'tits auteurs (genre moi) et les grands écrivains (genre Stephen King - j'en suis au dernier volume de la Tour sombre). Même en bossant, je n'arriverais pas à la moitié de son talent. Même en bossant BEAUCOUP.

Maintenant, c'est clair que sans le boulot, le talent inné ne suffit pas du tout du tout, il reste en friche.

Pattie

Contribution du : 06/08/2007 21:11

Edité par Nico le 6/8/2007 23:37:25
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