Louis sorti du cabinet de radiesthésie/hypnose avec plusieurs gadgets utiles à assouvir sa vengeance: manteau d'invisibilité, peignes à décapiter et même un pratique anneau enduit de poison.

Mais bien au-delà de ces babioles, le pauvre Louis montra combien il n'était pas doué pour sonder l'âme humaine.

Jane avait eu beau jeu de lui chanter "Ais confiance" en lui roulant des yeux d'émeraudes, Louis s'auto-hyponotisa.

Un brin chancelant, il rentra chez lui sans trop savoir comment. Sur le chemin, il délira sec en racontant des histoires de petits requins ganbadant dans la savane, souriant avec son sac de grille-pains sous l'aileron... Plusieurs policiers tentèrent de l'arrêter pour le conduire dans un lieux aussi fermé que médicalisé, mais sans succès: on les retrouva la gorge tranchée à l'aide d'un instrument difficile à deviner. Grâce à son peigne de la mort et sa télécommande d'invisibilité, la fin de Louis était lointaine.

Bénédicte, qui elle s'y entends à décrypter les hommes, l'entendit revenir et fut prise de panique. Louis était d'humeur homicide et la fin de soirée s'annonçait fort courte.

Prise d'une inspiration, elle se mit à culbuter toutes ses boites à Meuh... réprimant un violent orgasme qui lui mettait le ventre en feu, elle projeta ses phéromones vers son mari furibard, dans le fol espoir que le cocktail sonore et biochimique ait raison de son ire.

Mais qu'ouit l'ouïe de Louis ? Sans doute rien... Il fut insensible au parfum érogène de sa femme, et décida de couper sa moitié en deux.

Il leva la hâche et attendit un peu que le fou-rire nerveux de Bénédicte s'arrêtre. Plus que dix secondes pour mourrir. Certaines personnes l'entendire rire encore quand la cognée l'envoya ad patres.

Jane fur ravie et n'alla pas le dénoncer. Il aurait fallu l'accuser de quelque chose. Elle refusa de porter plainte. Elle voulait se marier avec.

Sauf que Louis en avait marre des épouses et décida de passer un peu de temps en célibat, une pratique dont on lui avait dit grand bien. Pour éviter à Jade les affres d'un divorce avant même la cérémonie, il organisa un simulacre d'épousailles. Il lui passa la bague au doigt, et elle mourut.

Eh bien ! Je vous suis et vous félicite... Belles reprises de volée ! Je ne saurais pas enchaîner avec ce brio, aussi me contenterai-je de vous applaudir.

Jane morte, Louis sentit un vertige s'emparer de lui. Les effets de l'auto-hypnose commençaient à se dissiper : il envisageait de manière beaucoup plus rationnelle les conséquences de l'heure qui venait de s'écouler. Le bilan en était plutôt impressionnant : trois pandores dûment occis, une épouse désossée, une maîtresse gisant encore l'écume aux lèvres.
«Mazette, se dit Louis, peut-être est-il temps d'envisager une année sabbatique à quelques kilomètres d'ici... ». Puis, il s'étonna de ne ressentir aucun dégoût de ses actes. Peut-être était-il fait pour ça, après tout. Débarrasser le monde des fâcheux sans plus d'état d'âme. Se vendre au plus offrant.
Et puisque les requins semblaient l'avoir inspiré, il décida d'aller perfectionner sa technique de l'autre côté de l'Atlantique. Avant de se rendre compte qu'Interpol ne lui laisserait pas le temps de prendre un billet d'avion. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Louis était sportif, endurant, et ses années de stages aux Glénans avaient fait de lui un navigateur habile.
Dissimulé par sa télécommande d'invisibilité, il se rendit à la Trinité sur Mer, emprunta le First 35 de son père sous le prétexte de faire le point sur son couple, et mit le cap à l'ouest. Pour le mois qui suivait, l'océan serait sa vie, serait sa mort si on faisait le lien trop vite entre lui et la disparition de Bénédicte et Jane, réduites en cendres dans son poêle à granulés, technique rebattue mais efficace.

Pendant qu'il naviguait, les médias s'emparèrent du triple meurtre des policiers. Le spectre d'un serial killer de représentants de l'ordre s'étendit dans les postes de police. La peur du prédateur se diffusait à des kilomètres à la ronde, quand éclata l'affaire de la triple disparition de Jane, Bénédicte et Louis.
Louis avait passé les Açores depuis longtemps quand fut émise l'hypothèse d'un tueur polymorphe, de flics et de femmes.
Il était bon. Et tout le monde lui en voulait.

L'histoire du tueur multi-proie fit le tour du monde en moins de temps qu'une annonce de dégradation de la dette grecque...

Louis, mis au courant par sa radio VHF, se dit qu'il serait inopportun de se rendre dans des pays aux conditions d'extraditions trop simples. Il mit dans le cap sur la mer des Sargasses, où il pourrait couler son bateau ainsi que des jours heureux. Il pourrait s'arranger avec le monarque local qu'il connaissait bien pour avoir fomenter déjà quelques mauvais coups ensembles.

Louis avait oublié qu'il avait eu une sombre histoire adultérine avec la femme dudit monarque qui lui vouait une haine farouche.

A peine débarqué sur un paquet de goémon, il fut arrêté et conduit devant le souverain. Comprenant qu'il risquait sa vie, Louis se mit à phosphorer trouver une histoire convaincante.

Il raconta qu'en fait, il avait sauvé la femme du roi d'une détestable habitude: c'était la roulette russe. La tradition qu'elle s'était imposée chaque année. La liaison lui avait permis de rompre cette dangereuse habitude.

Il se produisit un miracle: le tyran l'épargna... Ce dernier lui raconta même comment la roulette russe avait déjà eu raison de la moitié de son harem. Louis était mythomane mais, cette fois-ci, il avait dit vrai par le plus grand des hasards.

Malheureusement, le souverain se souvint d'une autre sale histoire à propos de Louis: celui-ci avait tenté de l'écraser avec un mouchoir en béton armé placé en équilibre sur la porte de sa chambre. Quand le roi sorti de sa chambre, le mouchoir chuta avec un fracas démesuré, ce qui permis au roi de s'en tirer en faisant un bond de côté.

Du coup, Louis fut attaché à un paquet l'algues pendant que le roi écrivait à Zeus pour qu'il apporte son concours (n°11) à transposer le mythe de Prométhée. Louis fut donc enchainé et un rapace désigné pour venir lui bouffer un morceau de foie chaque jour. Dès le lendemain, un vautour géant survolait la Terre, l'oeil vif. Le repas était prêt.

Louis, venait de passer quelques heures à rôtir au soleil des Sargasses et à se cramer la cornée en essayant de scruter l'horizon, quand soudain, semblant crever le ciel et venant de nulle part, surgit une ombre noire. Il avala ce qui lui restait de salive.
« C'est quoi ce truc ? Il n'a tout de même pas dressé un condor géant tchernobylisé pour boulotter les amants de ses femmes, ce roitelet de pacotille ? »
Mais l'ombre s'étendait, et Louis dut se rendre à l'évidence. Un vautour géant s'apprêtait à lui rappeler combien le mythe peut être encore vivace dans nos sociétés pourtant tout entières vouées au plus prosaïque des consumérismes.
Louis tenait à son foie, pourtant sérieusement amoché à coup d'éthanol depuis la mort cruelle de Bénédicte. Il se rappela Albert, le chien de son enfance, ainsi nommé en raison de la passion de son père, dont la carrière s'était déroulée au C.E.A., pour les sciences dures.
« Couché, le vautour ! ».
Son autorité toute relative fonctionna à merveille. L'oiseau s'aplatit sur le sol et se mit à cabrioler en tirant la langue comme ce cabot d'Albert. Louis sombra dans un état semi-comateux, et confondant les effets de la force de Coriolis sur les eaux vertes des Sargasses avec une vulgaire bonde, crut voir le chien moqueur rentrer dans le lavabo et faire une pirouette en arrière, sous le regard médusé d'un lampadaire.

Près de la côte, sur la Calypso restaurée aux frais du roi des Sargasses qui soignait sa com, Liliane B., détachée par le CNRS pour faire du comptage d'anguilles, vit un vautour homérique planer au-dessus d'elle avant d'aller se rouler comme un chat devant un type qui avait forcé sur l'huile solaire, à quelques kilomètres de là. N'en croyant pas ses jumelles et prise de panique, cette scientifique consulta une voyante, seule personne qui lui semblait capable d'interpréter un symbole aussi puissant.
La pythie des Bermudes, qui noyait l'absence de clients dans un Trois Rivières qu'elle extorquait à son monarque en échange de la non-divulgation de quelques secrets honteux lus dans le marc de café, fut formelle : compte tenu du fait que le lion entrait avec la vache dans la constellation du vampire, on pouvait s'attendre au pire en matière de vautour quantique. La venue de ce Quelzacoatl new age, même pitoyablement domestiqué, ne présageait rien de bon. Les mayas avaient tort. Mais le 21 décembre 2012, tous les humains étaient morts, et on n'en parlait plus. Et comme c'était dans pas longtemps, autant noyer ses regrets et son angoisse dans le fruit de la canne à sucre et du travail des hommes.
Liliane s'en fut, consternée et passablement éméchée après deux heures passées à écouter les élucubrations de la vieille en partageant sa bibine de luxe. Le varech envahissait la plage, craquant sous ses pieds. Elle ne pourrait retourner à la Calypso dans cet état. Il était trop déraisonnable de voir sur la plage une armée de lamas magnétiques version mini jupe s'avançant dans cette purée de limaces à deux têtes.

Les Primates Socialisés
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Louis et Bénédicte décidèrent d'honorer la vie démocratique de France, étant entendu que leurs amis d'outre-Quévrain avaient résolus leurs problèmes gouvernementaux d'une façon originale mais malheureusement peu duplicable chez leur voisin du Sud.

Lilianne B., invitée à se joindre à la troupe, décida finalement de rester tranquille. Sa fille lui tenait compagnie.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? s'étaient demandés les Primates pour choisir qui deviendrait leur prochain chef. Dans le camp d'en face, le vautour géant survolait la Terre, l'oeil vif. Son repas était déjà prêt.

Les candidatures furent requises. On en compta 123, soit 3 de trop.

Quelques coups tordus plus tard, il n'en resta que six, bien déterminés à devenir chef de la tribu des Primates.

Alors tout commença...

La campagne peut se raconter en peu de phrases:
(le jeu consiste à relier la bonne phrase au bon candidat)

Sa méchanceté fit l'admiration de tous.
La gentillesse était son pire défaut.
Elle fut applaudie par tout le monde. Elle l'avait tué.
Ils se serrèrent entre ennemis jurés, des armes plein les yeux.
Son infidelité fut approuvée par tous.
Il était bon. Et tout le monde lui en voulait.
La peur du prédateur se diffusait à des kilomètres à la ronde.
Il était mythomane. Mais cette fois ci, il avait dit vrai.
Il se produisit un miracle. Le tyran épargna sa vie.
Son autorité toute relative fonctionna à merveille.
C'était la roulette russe. La tradition qu'elle s'était imposée chaque élection.

Au soir du premier tour, tout le monde était content et pensait que la secte avait dit vrai. Ils nous avaient sauvé. Mais les plus pessimistes attendaient le deuxième tour, avec la peur du ventre que finalement, tout le monde tombe d'accord pour s'entretuer.

Mais tout compte fait, quelques mois plus tard, le mal fut vaincu. C'est alors que le (la) héros apparut. En retard (une funeste erreur d'un calendrier emprunté à Maya l'abeille)...

Sauf que les mayas avaient torts. Mais le 21 avril 2012, tous les humains étaient morts de rire.


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(tout ce qui précède n'est que de l'humour - et d'ailleurs je prends soin de faire le post AVANT 19h ... )

Bénédicte ? Bénédicte ? Mais vous l'avez tuée, Bénédicte !

Si j'ai bien compris, c'est un entracte ?

Bénédicte est au Paradis... C'est elle qui y guide Dante Alighieri, après que Virgile n'eut oeuvré pour l'Enfer et le Purgatoire...

Sa robuste constitution la sauvera et peut-être reviendra-t-elle d'entre les morts, comme Hagard Saint Lazare ?

Parce qu'elle a son cours de tricot mardi prochain, de toutes les manières... pas question qu'elle le loupe !

Ha mince, mais c'est bien sûr, j'oubliais la puissance vitale du tricot.

Merci pour votre participation à cette semaine spéciale. Le duo misumena palimpseste s'est amusé et ça a fait plaisir à tout le monde. Bravo :)

Pour cette semaine, retour à la normale avec des phrases de fins trés sobres.

- Il remporta le concours de cuisine avec seulement trois ingrédients !

- GH36 avait peut être trouvé le dernier homme.

- Le roi fut condamné à l'exil. Un jour par an.

- A la saison des quatre pluies, les princesses de l'Orion zébraient le ciel d'un espoir retrouvé.