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1 Utilisateur(s) anonymes
Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Je n'en suis pas très fière, mais bon...
L'annonce fit grand bruit : le bébé qui permettait aux terriens de parvenir au chiffre au sept milliards d'habitants était né. Pour être tout à fait objectif, il n'était pas certain que ce fut celui-là plutôt qu'un autre mais, en tout cas, sa photo fit la une des journaux télévisés et de la presse. Il n'avait rien d'extraordinaire, c'était un bébé joufflu, qui dormait, les petits poings serrés. Ce qui fut moins ordinaire c'est que, dès le lendemain, des inondations gigantesques couvrirent une bonne partie de l'Asie, emportant avec elles des millions d'habitants qui périrent noyés. Bien sûr cela entraîna des épidémies et la fameuse grippe A fit son apparition quand on ne l'attendait plus et ravagea les continents, entraînant des millions de morts. Comme si ça ne suffisait pas, des révoltes, ici ou là, qui semblaient devoir être jugulées rapidement prirent une ampleur inimaginable et les pays entrèrent en guerre, entraînant le massacre de leurs populations respectives. Peu après une vague de froid atteignit l'hémisphère nord, le seul à peu près épargné jusque-là et les gens tombèrent comme des mouches. En quelques années la population chuta, n'atteignant plus qu'un milliard. Les survivants finirent pas se demander si ce sept milliardième terrien ne leur avait pas tout simplement porté malheur. Pas étonnant que, dix ans après, on entendait encore parler du bébé tueur.
Contribution du : 31/10/2011 10:54
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Expert Onirien
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24/12/2008 15:36 Groupe :
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La résolution
La Tarasque acnéique amaigrie par des insomnies dues à des songes funestes jeta l’éponge et renonça à bouloter les dernières cacahuètes. La gorgone atone les yeux fixes, tripotait machinalement un chiot d’importation. Le dragon bubon, fit craquer ses articulations sulfureuses. Le macaque moucheté, gémissait en tripotant une touffe de poils glanduleux. Un kraken aoûtien, les yeux mi-clos, souffla dans un bambou en dispersant des postillons qui firent tousser l’assemblée. Il y eut un silence, tous adoptèrent à main levée la nouvelle loi de réduction. Bon, passer de sept à trois milliards, s’agit pas de faire d’une mouche un éléphant ! Après tout il fallait bien sauver la terre. L’hydre boulevardière leva la séance. La réunion des six monstres légendaires venait de se terminer.
Contribution du : 31/10/2011 17:44
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Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant. V Hugo |
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Désir de respectabilité
On le sait, la misère existe aussi aux États-Unis, des enfants se retrouvent exclus des réjouissances, réduits par la honte à regarder de loin s’amuser les autres. Marylee avait décidé que cela n’arriverait pas, cette année, à son petit Jason. Elle avait parcouru des kilomètres à pied dans puis hors du bayou en quête d’un accessoire qui permettrait à son fils de se joindre à une joyeuse troupe d’enfants racketteurs, de se sentir enfin membre du groupe malgré ses pieds nus et ses haillons. Mais voilà, dans un coin perdu de Louisiane des années cinquante, quand on est Marylee, membre de ces white trash méprisés depuis des générations, avec encore des restes à la bouche de ce patois français honni, fille et petite-fille d’ivrognes vivant d’expédients, mère célibataire, on n’est pas bien accueillie au bourg. Elle espérait pouvoir obtenir par charité une belle citrouille au drugstore, mais dut essuyer les regards mauvais des ménagères, les quolibets salaces des jeunes gens, les cinglements « facétieux » des gamins sur ses jambes et ses fesses avant de parvenir jusqu’au comptoir où Pop l’attendait, l’œil faussement bienveillant. « Alors, ma pauvre, tu penses à ton fils, c’est ça ? Le moricaud ? » Oui, parce qu’en plus Marylee avait fauté avec un nègre. On l’avait lynché histoire de dire, mais les commères murmuraient que tant qu’à faire on aurait dû pendre la fille aussi, elle n’avait pas dit non sur le coup. Tout le monde le savait. « Allez, je te comprends, ajouta Pop avec un rictus. Tiens, tu n’as qu’à prendre celle-là si tu arrives à la porter ! » Et il montra à Marylee un monstre, la citrouille des citrouilles. Elle traînait dans sa réserve depuis des années, il l’avait ressortie avec une idée derrière la tête. Maintenant il la crachait par la bouche, l’idée. Marylee se confondit en remerciements et repartit, mi-soulevant mi-traînant le fruit mutant. Une fois chez elle, elle empoigna une lame rouillée et entreprit de tailler des masques effrayants dans la paroi orange ; Jason pourrait en distribuer autour de lui, pour une fois il serait celui qui donne. Elle ne comprit pas tout de suite ce qu’il y avait d’anormal. Les vers. Les vers grouillaient, toute une civilisation rampante depuis des générations. Dans la chiche lumière de fin de journée, Marylee crut d’abord que les ombres jouaient des tours à ses yeux fatigués. Mais non. La citrouille avait bougé cette fois, c'était certain.
Contribution du : 01/11/2011 07:58
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Maître Cheval fou
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14/10/2007 22:47 De Avignon
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Merci à vous et bravo pour chacun de vos textes. Je suis en retard pour cette semaine désolé.
Moins de fins aussi : - Un jour de retard. Ce fut le début de la fin. - La citrouille inspecta le cadavre. Faîtes venir le vinaigre et vite cria elle sans réfléchir !
Contribution du : 08/11/2011 17:16
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Profitons au mieux de ce que l'on a et ne regrettons pas trop ce que l'on a pas. Pour toute question, voici ma boîte personnelle |
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Tota mulier in utero
Maudit ventre fécond. La pensée a éclaté dans la tête de Martine malgré la censure sévère qu’elle s’impose d’ordinaire. Maudire sa fécondité, vraiment, quelle hérésie quand on est bonne catholique en l’an de grâce 1953 où la France a besoin de bras pour se reconstruire ! Comment ose-t-elle ? Pour un peu, elle croirait voir au-dessus de sa tête, le visage tout de réprobation, sainte Jeanne de Chantal, patronne des mères de famille et grand-mère de la marquise de Sévigné. Ne pas oublier d’en parler à confesse. Elle expliquera aussi comment cette bulle puante a émergé dans le triste marais de son cerveau : le médecin, après l’avoir auscultée pour ses douleurs à la poitrine, lui a dit qu’elle avait le cœur décidément fragile. Elle devait éviter tout effort brusque et tout bouleversement de son équilibre organique. « Vous m’avez compris, madame Olliné… Une septième grossesse vous serait probablement fatale ! » À quoi pense-t-il, ce mécréant ? Martine rentre chez elle et prépare pieusement le repas pour sa superbe famille, son cher époux et ses six petits anges. Ils sont tous si beaux, si adorables ! Elle doit se rappeler sa chance et remercier Dieu… Il y eut un soir, il y eut un matin, il y eut un jour de retard. Ce fut le début de la fin. NOTA : L’idée à la base de ce texte provient d’une planche dessinée de Claire Bretécher, où un toubib conseille à une femme d’éviter toute grossesse à cause de son cœur mais évite soigneusement de lui signaler un moyen contraceptif. À une époque pas si lointaine, en France, les médecins n’en avaient pas le droit. Ils ne pouvaient parler que de la méthode Ogino, parce qu’elle était inefficace. (Mais le toubib en question est simplement un vieux réac dans l'histoire, j'en ai peur.) Le titre aussi vient de Claire Bretécher, pour une autre planche.
Contribution du : 08/11/2011 17:50
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Maître Cheval fou
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14/10/2007 22:47 De Avignon
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Merci à socque qui me sauve la vie :D
Enfin qui a encore fait l'exercice et de belle manière. Mais je ne baisse les bras. Voici les fins : - La police décida alors de laisser fuir le criminel. - Elle était prostituée. Mais pour les élites de la nation. - Quand le couteau s'enfonça, chacun retint son souffle.
Contribution du : 14/11/2011 10:32
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Kloug
Le Championnat des Recettes Imaginaires promettait d’être très serré cette année. Le jury avait pu apprécier la salade d’ananas et de truffes de À la recherche du temps perdu, le gloubiboulga qui revenait tous les ans, bien sûr, les cailles en sarcophages présentées dans Le festin de Babette… C’était éclectique cette année, se disait Armand. Il se demandait si sa fine équipe et lui avaient une chance. Certes l’unique critère d’appréciation, selon le règlement, devait être l’adéquation de la recette avec ce qui en était dit dans l’œuvre, mais un truc résolument dégueulasse pouvait-il emporter l’adhésion ? Heureusement, pour le kloug de Le père Noël est une ordure, le goût n’était pas vraiment évoqué, personne ne serait obligé de l’avaler. On devait obtenir un gâteau cylindrique marronnasse très lourd – physiquement parlant, sans même parler de ses effets sur l’estomac –, fumant, dur comme la pierre sous une couche graisseuse et surtout, surtout, un produit qui, pourfendu par la lame, honorerait l’immortelle réplique de Zézette dans le film : « Oh, le gâteau il a pété ! » Quand le couteau s'enfonça, chacun retint son souffle.
Contribution du : 15/11/2011 11:57
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Justice?
Pris « la main dans le sac »! Ah cette fois, terminé pour lui. Trois ans qu'il nous échappe de justesse, le gaillard. -Madame, voilà votre porte-feuille. -Je vous remercie vraiment monsieur l'agent, c'est en plus un cadeau de mon défunt mari. -Ohh, toutes mes condoléances madame. Sa disparition est récente? -A peine une semaine, agressé et sauvagement assassiné dans cette même ruelle. J'étais venue me recueillir à son souvenir, et voilà que... -Elle tomba à demi-consciente dans les bras de l'agent, en pleurs. -Allons, allons remettez-vous, nous l'arrêterons votre criminel, promis! Venez donc avec nous au poste confondre le gaillard là. -Assise en face de l'agent, une tasse de thé fumante posée sur le bureau, elle remplit le formulaire de dépôt de plainte fournit par l'agent. -Monsieur l'agent, puis-je vous demander une faveur? -Je vous écoute, madame. -Voilà, j'aimerai aller gifler cet odieux gaillard! Puis vous le remettrez dans la ruelle du crime. Je suis persuadée qu'il a un lien avec l'odieux meurtre de mon mari. Feriez-vous cela pour moi, monsieur l'agent? -Mmmhh, accordé! Je placerai des agents en surveillance, nous ferons peut-être coup double. Ne le blesser pas profondément, s'il vous plaît! -Elle s'approcha du gaillard, lui balança trois ou quatre gifles en lui disant: imbécile, je devrais te laisser entre les mains de ces ignares! Et sans te payer! -Il protesta contre le mode de paiement choisi et demanda son dû. -Elle sorti de son portefeuille une enveloppe qu'elle lui tendit discrètement. -Monsieur l'agent! Merci, merci, j'ai fini, je me sens beaucoup mieux du coup! -A votre service, madame. La police décida alors de laisser fuir le criminel.
Contribution du : 21/11/2011 07:25
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Maître Cheval fou
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14/10/2007 22:47 De Avignon
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Merci socque et sadja. Pour cette semaine voici les fins :
- Il pleurait encore un lundi, mais cette fois il était heureux. - Il retourna une énième fois dans le temps pour récupérer son radis magique. - Les adultes riaient à gorge déployée. L'âge légal minimum du travail venait de passer à 4 ans.
Contribution du : 21/11/2011 13:54
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Re : Idée d'un exercice d'écriture |
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Fan de…
Jean-Pierre vivait pour Cloclo et sa mort le ravagea. Bizarre pour un garçon de quinze ans, non ? Dans sa famille, la seule réaction notable fut celle de son père, devant la télé : « Ah ben ! Quand on sait pas bricoler, faut pas s’amuser avec ça ! » On voit que Jean-Pierre ne pouvait guère espérer de réconfort de ce côté. Curieux, l’esprit, des fois. L’adolescent fit une fixation. Dès le 12 mars 1978, plus rien dans la vie ne put lui arracher un sourire. Bon garçon, il ne voulut pas inquiéter ses parents, continua à aller à l’école, à manger, dormir, se laver. La machine parlante et marchante décrocha péniblement son bac et, sans autre viatique, entreprit de trouver un boulot. La grande distribution embauchait ; il fut caissier consciencieux puis, sans rien demander, monta doucement en grade. Mais, chaque fois que la musique d’ambiance passait Le lundi au soleil ou Le téléphone pleure, il devait s’isoler en catastrophe et imiter ledit téléphone. Vingt ans. Vingt ans de misère mentale totale, sans s’en rendre compte ; de brumes dépressives sans que jamais aucune corne ne la perce. De malheur sans cause, parce qu’il ne pensait presque plus à Claude François, il pleurait comme par réflexe conditionné à tel ou tel stimulus. Pavlov aurait apprécié. Jusqu’à ce jour où une cliente vint lui tenir sa jambe de chef de rayon pour une sombre histoire de yaourts nature égarés dans le rayon des yaourts aux fruits. Du coup, elle ne retrouvait pas facilement sa marque. Archi-trop blonde, elle ressemblait à une Claudette décatie, bouffie. Tandis qu’elle se répandait en considérations sur le manque d’égards du magasin envers les chalands, Jean-Pierre, horrifié, regardait le poireau sur sa joue. Trois poils fiers vibraient avec les muscles de la joue sous-jacente. L’horrible bonne femme, sa diatribe finie, tourna les talons, s’en tordit un et s’étala comme une bouse aux cheveux jaunes. Le mouvement était superbe, une cascadeuse aurait eu du mal à le reconstituer sans se péter les fémurs ! Jean-Pierre éclata d’un rire libérateur, évacua d’un coup, pendant de longues et longues secondes, tout le poison accumulé en lui. En même temps que les larmes de rire dévalaient son visage, il croyait presque voir jaillir de son nez les volutes noires de sa dépression expulsée. Que c’était bon ! Il pleurait encore un lundi, mais cette fois il était heureux.
Contribution du : 21/11/2011 15:05
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