Un rimailleur amoureux

Il rimaillait comme une bête.
Tout au long du jour il cherchait
La rime au tréfonds de sa tête
Pour une ingrate qu'il aimait.

Calame en main dans la tempête,
A son écritoire il usait
Le fond de son jean de poète
Et sa chatte s'en amusait.

- Si ne suffit la poésie,
Puissé-je attraper la phtisie,
Pour qu'Isis s'intéresse à moi,

Clamait-il, surjouant son rôle.
Sa minette le trouvait drôle
Et miaulait : - N'importe quoi !

Entre deux sorties sur l'estran, voici...

Mon Saltimbangue

Gavroche des tréteaux que tout le monde aimait,
Il vivait de son art, n’en faisait qu’à sa tête
Et narguait le chaland en se faisant plus bête
Qu’un vieil âne bâté si quelqu’un le cherchait.

Des mille calembours dont souvent il usait
Il déclenchait partout des rires en tempête
Et jeune troubadour, doublé d’un vrai poète,
Il se donnait sans fard aux gens qu’il amusait.

J’aurais bien pu choisir pour ce bon petit drôle
Une fin moins tragique, un joli dernier rôle
Car ici son destin ne dépend que de moi…

Mais il faut se résoudre à ce qu’en poésie,
Pour la rime souvent, ou bien je ne sais quoi,
Notre héros parfois se meure de phtisie…

Heu... Saltimbanque bien sûr ! J'ai toujours eu des problèmes avec les histoires de banque !

Les tercets sont tout simplement géniaux

Oui vraiment vous êtes doués tous les deux ! Superbe ! En revenant de festoyer, je viens de pondre... ce que j'ai pu !


A trop tirer sur la corde…

Elle était sans arrêt à dire qu’il cherchait,
Pour la mettre en fureur, quelques poux dans sa tête,
Et s’il n’en trouvait point, c’est la petite bête
Qu’il traquait à loisir : elle s’en amusait !

Jusqu’au jour où périt son flegme qu’il usait :
Il attira sur lui la foudre et la tempête,
Et ce ne furent pas ses exploits de poète
Qui purent contenir la femme qu’il aimait.

Privé de sa victime, il ne trouva pas drôle
De trimer à sa place ; elle avait le beau rôle
- Du moins le croyait-il – et ne sachant pas quoi

Faire pour subsister, c’est vers la poésie
Qu’il tourna ses efforts. S’il mourût de phtisie,
Jamais elle ne sut, pas plus que vous, ni moi !

A trop tirer sur la corde, à la fin elle casse !

Perso, et bien qu'étant un homme, je trouve très bien cette petite leçon de morale distillée sans avoir l'air d'y toucher.
Rien ne cloche si ce n'est le doute qui subsiste quant à sa fin tragique quand bien même elle n'est pas avérée...
Ecriture de bonne facture, comme d'hab !

Merci Alex, bien sûr cette phtisie nous a posé quelques problèmes, autant la supposer (ou l'ignorer) puisqu'il faut l'introduire dans le poème... La morale n'était pas intentionnelle, mais effectivement : à trop chercher la bagarre, pour des vétilles... on finit par la trouver !

phtisie, vicieux, babouche, mutinée, escaliers ....etc
Il y a toujours un mot qui coince. Et ce n'est pas forcément le même pour tout le monde.
Et si l'on autorisait un joker ?
( à condition, ça va de soi, qu'il rime avec le mot qu'il remplace)

J' avais déjà songé à cet "arrangement entre amis" et je ne suis pas contre à condition que cela s'arrête à UN joker. L'objectif de cet exercice reste de toutes manières d'écrire un sonnet CLASSIQUE, peu importe qu'un "bout' soit changé pour un autre.
Enfin, c'est mon avis et je suis favorable à cette solution...
Qu'en penses-tu Mona ?

Je pense que oui c'est possible, en tous les cas si l'on veut réutiliser le poème pour autre chose que nos bouts rimés, je dirai même que c'est indispensable. Alors OK pour le jocker, mais alors un seul, sinon c'est plus du jeu...