Bien vu, Mona et Tizef ; de très bons sonnets à votre actif !
Pour ma part je ne suis point inspiré par cette série et, d'autre part, comme je pars effectuer une petite plongée sous-marine avec les gosses, je pense que je n'aurai pas beaucoup de temps à consacrer à la recherche, à moins que sous l'eau jaillisse l'inspitarion entre deux forêts de goémons... A plus ! Alex

Alors bonne plongée Alex et reviens-nous quand tu l'auras décidé.
Merci pour tes appréciations : il faut dire que "les fleurs du mal" ne peuvent inspirer des pensées très élevées ! C'est ainsi.

Quoique...

On vous connut jadis, viveur invétéré,
Traînant aux cabarets où tout être se grise,
Le regard embrumé, bouffi de gourmandise
( Et ce que bien que déjà grassement restauré )

Mais vous avez enfin saintement respiré :
Rejetant désormais toute liqueur exquise,
Vous avez retrouvé le chemin de l'église
Où l'encens monte au ciel pour un Être adoré.

Vous promîtes céans de déserter l'alcôve,
Renonçant à jamais à vos humeurs de fauve
Et même à ce plaisir qui rend les hommes sourds.

Rejetant désormais toute pensée impure,
Vous avez du noceur rejeté la fourrure
Et préféré la bure au manteau de velours.

Nobody is perfect.
Dans l'émotion de la vertu retrouvée, j'ai commis une répétition au vers 12.
Il faut lire, of course
Fuyant obstinément toute pensée impure

Wouah ! quelle sainteté ! J'en suis abasourdie ! La preuve qu'avec les mêmes mots on peut avoir des pensées tout autres... Bravo Tizef, tu es vraiment le roi de l'imagination !

Au royaume des algues, inspiré par Neptune
Voici ce qu'a tracé en sepia ma plume...

Est-ce le résultat du bon air respiré
Durant cette plongée, ou bien la gourmandise,
Cet humble et doux pêché que condamne l’Eglise,
Me voici de retour, poète invétéré !

Pour ne rien vous cacher je me suis restauré,
Après un long plongeon, de cette vieille exquise
Qui me tint, à ses frais, comme la seiche grise,
Un discours que je n’ai certes pas adoré !

Quel est donc cet intrus aux odeurs de grand fauve
S’exclama le mollusque, au fond de son alcôve,
Lui qui ne connaissait que nos anciens pieds lourds…

Quand le labre avança qu’un vieux phoque à fourrure
N’avait guère sa place en leur belle onde pure,
L’ire alors prit le pas sur patte de velours…

Ah zef, j'aime bien ton dernier "Quoique" à l'exception du vers 4, lequel avec un "que" de trop, le premier, compte 13 syllabes...
Par contre ta référence à l'onanisme au 11 est magnifiquement placée... Bravo !

En effet, ce "que" superfétatoire est une coquille fossile oubliée lors d'une manipulation de ce vers. Merci.

Alex, cette plongée t'a permis de ne plus se(i)cher sur se sujet écrit à l'encre sépia. Tant mieux pour tout le monde.

Pas mal l'idée de mobiliser les scaphandriers de jadis. ( Ton céphalopode a bonne mémoire.)
J'imagine que cette godaille est déjà consommée sinon, bon appétit !

Très chère Mona, j’ai failli ne point voir cette Réminiscence particulièrement exquise tout comme cette heure que le passé vous concède ! J’ai retenu plus particulièrement ce vers :
Oublieuse du temps et de son ombre grise…
sans trop savoir pourquoi si ce n’est que je le trouve magnifique… Bravo aussi pour le dernier tercet de feu qui frise l’érotisme !
Alex le ténébreux...

Désolé, j'avais omis de vous présenter le poème dont étaient tirées les rimes précédentes. Le voici...

A Ronsard

A toi Ronsard, à toi, qu’un sort injurieux
Depuis deux siècles livre aux mépris de l’histoire,
J’élève de mes mains l’autel expiatoire
Qui te purifiera d’un arrêt odieux.

Non que j’espère encore au trône radieux
D’où jadis tu régnais replacer ta mémoire ;
Tu ne peux de si bas remonter à la gloire ;
Vulcain impunément ne tomba point des cieux.

Mais qu’un peu de pitié console enfin tes mânes ;
Que, déchiré longtemps par des rires profanes,
Ton nom, d’abord fameux, recouvre un peu d’honneur !

Qu’on dise : il osa trop, mais l’audace était belle ;
Il lassa, sans la vaincre, une langue rebelle,
Et de moins grands, depuis, eurent plus de bonheur.

Sainte Beuve (1828)

(Tableau de la poésie française au XIVème siècle)