je trouve que la morale commence à prendre une part inquiétante dans votre débat. La littérature sur le cancer, sur la shoah, sur la pédophilie, sur la zoophilie où n'importe qu'elle sujet qui chatouille notre inconscient ou notre morale est possible.
Je pense à un auteur juif (je vous donnerai le nom quand je serai chez moi devant ma bibliothèque..) qui a décrit son expérience de sa rafle et de sa vie dans un camp dans plusieurs livres. L'un est écrit du point de vu de l'adolescent qu'il était, l'autre de l'adulte qu'il est devenu. Dans les deux cas il y a de l'horreur biensûr mais aussi de l'humour, et à chaque fois dans des situation différentes.
Ainsi écrire sur le plus glauque et le plus piquant pour notre esprit est possible et n'a rien de choquant. La morale n'a rien à voir avec la littérature. Sinon des auteurs comme Sade, Voltaire ou Rousseau n'auraient jamais du être lu à leur époque.

@Agueev
Citation :
pourtant ces auteurs me semblent avoir beaucoup parlé de morale justement, même s'ils dérangeaient leur époque...

On est d'accord, leur morale n'était pas celle de leurs contemporains. Tu fustigerais la pédophilie à des Romains de l'Antiquité, ils te traiteraient de taré.

Bonjour à tous,

Je pense que le problème ne vient pas du sujet et de la nouvelle en elle-même, mais bien du lecteur/commentateur. Je m'explique. Je suis moi-même dans cette situation: je ne voulais pas commenter sur "Le Petit Crabe" parce que, puisque je pensais qu'il s'agissait d'un récit autobiographique, je me suis mis dans l'idée que l'auteur voulait s'épancher et partager un peu de sa peine avec nous autres oniriens. Je n'ai pas pu juger l'oeuvre, puisque l'émotion et la détresse prenait le pas sur la littérature. Mais maintenant que je sais qu'il s'agit d'une fiction, c'est plus facile pour moi. Et là je me pose la question: pourquoi j'ai réagi comme ça, moi et visiblement beaucoup d'autres comme moi? Je pense qu'il est illusoire, pour la quasi majorité de nous, de penser que nous pouvons faire la part des choses et juger une oeuvre sans nous identifier à un récit réputé "authentique" et donc prêtant le flanc au bénéfice du doute par pure empathie. Un exemple que j'ai gardé par devers moi-même: je n'ai jamais trouvé de valeur littéraire au "Journal d'Anne Frank", mais comment le dire sans passer pour le dernier des "sans-cœurs"?

Je médite encore sur ce sujet...

Bonsoir,
J'ai suivi le débat, et vous m'avez convaincue de ma liberté d'expression.
Je suis fière d'être une femme moderne avec des valeurs de tolérance et de respect chevillées au corps, fière d'écrire, de savoir transmettre, partager, offrir, fière de ma dignité, de ma morale, de la simplicité et de l'empathie dans ma relation aux autres.
Que les donneurs de leçons s'inspirent de ce qu'ils prônent, « de la décence », qu'ils jouissent ardemment de leur liberté, celle de ne pas lire, et qu'ils cessent de m'accuser de tromperie, de prise d'otage, de jouer avec leur sensibilité. Je ne suis pas leur sorcière et ils ne me mèneront pas au bûcher !
« Je pense que le problème ne vient pas du sujet et de la nouvelle en elle-même, mais bien du lecteur » : Je remercie aelketta de recentrer ainsi la problématique.
Posez-vous les bonnes questions et cherchez les réponses en vous. Pourquoi vous condamnez-vous après avoir ressenti de l'émotion ? Après vous être identifié à un personnage, à un narrateur, à un auteur ? Pourquoi avez-vous besoin d'accrocher un vécu à une émotion, à une réflexion ? Vous vous êtes trompé tout seul de contexte, pourquoi est-ce grave ou impossible à admettre ? Quelle vérité cherchez-vous ?
Peut-être serez-vous sensibles à ce propos de Luc Lang : « Et je trouve qu’enfermer la littérature dans le binaire fiction/non fiction c’est vraiment revenir à un archaïsme de l’histoire vraie et de l’histoire inventée. Et si l’histoire est inventée c’est forcément pour se distraire, à temps perdu. Et donc c’est une façon de parquer la littérature dans une réserve, celle du loisir. C’est hyperréactionnaire ».
http://next.liberation.fr/livres/2012/11/21/le-chant-du-lien_862116

je n'ai jamais trouvé de valeur littéraire au "Journal d'Anne Frank", mais comment le dire sans passer pour le dernier des "sans-cœurs"?

C'est bien là le problème, Aelketta ! Mais Anne Franck n'écrivait pas pour être publiée, juste pour élargir son placard, et la nuance est de taille !
C'est exactement ce que je soulignais au début : certains sujets, dans le contexte d'une publication avec retours des lecteurs sur le texte les prend en otage, dans la mesure où l'on s'interdit de risquer de blesser un auteur peut-être impliqué affectivement dans l'histoire qu'il raconte. Question d'élégance morale.
Je ne sais pas comment l'auteur peut faire l'impasse sur cet aspect de la question.
Cela dit, jamais je ne dirai qu'on n'a pas le droit d'écrire ce qu'on veut.
Mais je pense, Lala que vous n'avez pas évalué l'impact de ce texte dans le cadre d'un site comme Oniris.
Si vous l'aviez publié en édition papier, les choses auraient été très différentes : pas de commentaires, donc pas à se poser la question de blesser ou non si on a trouvé le texte mauvais. L'auteur ignore l'opinion de ses lecteurs. Les lecteurs se fichent que ce soit autobiographique ou non : il y a une mise à distance qui ,n'existe pas ici.
Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un problème de lecteurs, mais bien d'un problème de contexte.
Et je suis contente que cet incident ne vous dissuade pas d'écrire: ce serait dommage.

« on s'interdit de risquer de blesser un auteur » : Je suis entièrement d'accord, c'est « on » le sujet, pas moi ! Je respecte la liberté des lecteurs !

« je pense, Lala que vous n'avez pas évalué l'impact de ce texte» : Non, ce que je n'ai pas évalué, c'est la confusion que quelques lecteurs de ce site, pourtant avertis par la charte, font entre auteur, narrateur, et personnage.

A plusieurs reprises j'ai demandé que soient cessées les accusations à mon encontre, je suis donc sûre que vous êtes capable d'en évaluer l'impact, et je constate que néanmoins vous continuez sciemment et de manière récurrente d'employer des termes tels que prise d'otage !

Non seulement je n'ai jamais eu l'intention d'arrêter d'écrire, mais cette mascarade me convainc qu'il y a urgence à défendre sa liberté d'expression. Je continuerai donc à choisir librement mes thèmes, mes styles et les pronoms personnels que je souhaite employer.

Je pense que vous avez mieux à faire que de vous acharner sur moi, la séquence punching-ball est close.

Quel acharnement, en effet ! Je vous souhaite une bonne nuit.

Mais personne ne s’acharne sur vous, Lala.

Il est bien évident que si nous publions, nous devons nous attendre à recevoir, et pas forcément ce que nous attendions.

Et il se trouve que nous avons la grande chance d’avoir à notre disposition un forum, celui d’Oniris, qui nous permet de donner franchement notre point de vue sur les récits, de débattre, d’échanger, de réfléchir, d’apprendre. Surtout d’apprendre.

Vous êtes blessée, Lala... Dans ce cas, vous avez raison sur tout et il n’est plus possible de poursuivre la discussion.

Automnale

Je pense aussi qu'il serait bon d'arrêter là cette discussion. Tout a été dit et l'auteure du texte en question - qui a ouvert ce sujet - ne désire plus en débattre. Merci de respecter son souhait.