Parfait maintenant le sonnet Meleagre. Oui, pour ma part je veux bien voir le sonnet dont ces rimes sont issues. Il me semble que c'est peut-être du Verlaine...

Gagné, Mona ! C'est bien du Verlaine. Tu reconnais ça grâce au "comme" à la rime, ou à l'emploi de "consolante" ?


A une femme

A vous ces vers de par la grâce consolante
De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux,
De par votre âme pure et toute bonne, à vous
Ces vers du fond de ma détresse violente.

C'est qu'hélas ! le hideux cauchemar qui me hante
N'a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux,
Se multipliant comme un cortège de loups
Et se pendant après mon sort qu'il ensanglante !

Oh ! je souffre, je souffre affreusement, si bien
Que le gémissement premier du premier homme
Chassé d'Eden n'est qu'une églogue au prix du mien !

Et les soucis que vous pouvez avoir sont comme
Des hirondelles sur un ciel d'après-midi,
- Chère, - par un beau jour de septembre attiédi.

@Méléagre: la consolante, c'est la coupe des vaincus où s'affrontent les éliminés du véritable tournoi.
En effet, c'est un des plaisirs des bouts rimés que de découvrir la diversité des inspirations sur un même exercice.

J'imagine que sur ces rimes ce sera encore le cas

soleil, méchante, pareil, épouvante.
vermeil, inquiétante, réveil, tente.
velours, toujours, dénigre.
fois, bois, tigre


après les loups, le tigre, on monte en puissance

bon courage

Cauchemars

Il est des matins clairs où brille le soleil,
Où la vie, adoucie, omet d’être méchante,
Peut-être qu’un génie, à nul autre pareil,
Chasserait ce démon qui, le soir, m’épouvante ?

Quand le couchant se teinte, à l’horizon vermeil,
D’une lueur de sang jugée inquiétante,
Il me tarde du jour annoncer le réveil,
Même si le sommeil veut m’emporter et tente

De poser sur mes yeux son ombre de velours.
Lorsque survient la nuit je redoute toujours
Le sombre enchantement que la raison dénigre ;

Car je me souviens trop de cette horrible fois
Où je fus dévoré dans le fond d’un grand bois
Par un rêve dément féroce comme un tigre.

Grâce au ciel, Mona ce n'était qu'un cauchemar
Tu es impressionnante de facilité

J'en suis encore à chercher un sujet

Oui Meleagre ce sont les enjambements chers à Verlaine et que dénonçait "comme" qui m'ont fait penser à ce poète, mais d'autres y ont souvent eu recours.

Tizef, j'ai fait un autre sonnet sur ces rimes, mais il me semble plutôt tiré par les cheveux, donc je n'ai pas osé le mettre.

Un thème à ne pas oublier...

Aux Mille collines, la rumeur inquiétante
Se fit bientôt carnage à nul autre pareil
Quand, machette à la main, au lever du soleil
Des monstres sans pitié semèrent l’épouvante…

Et dans chaque village, afin que nul ne tente
De se mettre à couvert, la mort dès le réveil
Imposait à la brousse un long ruisseau vermeil
Né du sang qu’appelait une haine latente.*

Entre voisins parfois, entre amis de toujours
Le meurtre remplaça le regard de velours
Tant le bourreau craignait qu’un frère le dénigre.

Quand cessèrent enfin, dans les villes et bois,
Ces massacres sans nom, le monde cette fois
Comprit enfin que l’homme est pire que le tigre…

Août 2011

M.... ! Je n'ai pas appliqué la diérèse à in-qui-é-tante et j'ai une superbe répétition au dernier tercet, enfin, enfin ! Sorry ladies and gentlemen ! Je reviens bientôt...

Es-tu si sûr de devoir faire la diérèse à inquiétante ?

Je crois que oui, Tizef, in-quié-tante doit faire diérèse. C'est assez controversé : pour les noms en ie on ne la fait pas (ciel, miel, etc) mais pour les verbes on la fait. Comme inquiétante est le participe présent du verbe inqui-éter, je crois que c'est d'usage de l'appliquer.

Bravo à toi Alex, je n'ai même pas trouvé la répétition du mot, c'est tout dire...