Pas évident de trouver un thème qui tienne la route...

Une vieille renarde, et non des plus ardentes,
Se mourut sans choisir à l’heure où ses petits,
Renardeaux argentés et de grands appétits,
S’en venaient suçoter ses mamelles pendantes.

La source étant tarie et les tétées absentes
Le père à son retour les retrouva blottis,
Affamés de surcroît car point appesantis
Du repas que quêtaient leurs babines luisantes.

Démuni, le Goupil s’en fut voir les grillons,
Amis de bons conseils car vivant de chansons
Sans jamais de laitage et très peu de verdure.

Compère, dirent-ils, en cet endroit désert
S’il n’est plus à cette heure un restaurant ouvert,
Il est maints poulaillers et pitance future…

Bon, ben oui, y a une tite faute ( volontaire!) mais ça va s'arranger ! je vous laisse la trouver...

C'est à la fois rigoureux et complètement déjanté, tout ce que j'aime !
Merci alex pour cette pinte de bon sang.

Très bien Alex l'histoire du renard (la faute... tétées peut-être ?) mais moi je n'ai trouvé qu'une histoire de chat :

La chatte

Elle avait le poil ras couleur de flamme ardente.
Je l’admirais le soir nourrissant ses petits
Qui se gorgeaient de lait, calmant leurs appétits,
Leurs pattes pétrissant sa mamelle pendante.

Ils avaient après coup la babine luisante,
Et repus se tenaient sur leur mère blottis,
Coulant contre son flanc leurs corps appesantis,
Leurs yeux encor fermés sur la prunelle absente.

Pourtant ils entendaient le doux chant des grillons,
La chatte ronronnait, c’était là leurs chansons ;
Bientôt ils chasseraient l’oiseau dans les ramures…

J’ai vu dans le bel œil d’émeraude entr’ouvert
La crainte de ce nid devenu trop désert,
Promis, dès cet instant, aux naissances futures.

Bien vus, vos sonnets ! Je sens qu'on est parti dans le bestiaire, avec cette série-là !
Alors, je continue : après le tigre, la tigresse et ses tigreaux...


Le soleil rayonnait d'une lumière ardente.
La tigresse avançait à pas appesantis,
L'œil perçant à l'affût, la babine luisante,
Et portant sur le dos sa portée de petits.

Les tigreaux étiraient une langue pendante
Sans pouvoir contenter leurs goulus appétits.
L'été, la nourriture était partout absente.
Ils rugissaient de faim, sur leur mère blottis.

La tigresse affamée parcourait le désert,
Scrutant tous les recoins de son œil grand ouvert,
Appréhendant vraiment la famine future.

Les tigreaux allaient-ils manger de la verdure
Ou, les jours fastueux, de modestes grillons ?
Elle trompait leur faim, entonnant des chansons.

Bravo les amis
Des chatons pour Mona, des renardeaux pour Alexandre, des tigreaux pour Méléagre, c'est la première fois que les inspirations sont voisines à ce point. Peut-être à cause de petit/appétit

En ce qui me concerne je n'ai pas encore trouvé d'idée.

Il a le regard vif, la pommette luisante,
Le verbe généreux, un fort bon appétit
( Son ventre au fil du temps s'est bien appesanti )
Et, comme tout gaulois, la moustache pendante.

En ce matin d'avril la traque fut ardente,
Mais il n'a capturé, hélas, qu'un tout petit
Marcassin, sous un if, craintivement blotti.
De ce coin de forêt, la mère semble absente.

- N'aurai-je pour repas que toi, pauvre grillon ?
J'en serai pour ma faim, je connais la chanson,
Il faut t'accompagner d'un monceau de verdure

Et de pas mal de choux à la crème au dessert.
J'espère que Coukix, le boulange est ouvert.
Mon bébé sanglier, pour toi c'est "no-future".

Toute ressemblance avec quelque personnage réel ou fictif est purement fortuite ? Bravo, pour quelqu'un qui n'avait pas d'idée, c'est réussi ! J'aime beaucoup la parenthèse (ou comment ne pas dire qu'il est gros), le nom du boulanger et le joker désert / dessert.

Oui, vous avez été inspirés et Tizef a su s'évader du bestiaire presque obligatoire (because les rimes) et pourtant Baudelaire n'était pas tout à fait dans ce registre. Je vous le livre de suite...

Bohémiens en Voyage


La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s'est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.

Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.

Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,

Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L'empire familier des ténèbres futures.


Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1857)