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Re : Contraintes contrastes
Visiteur 
Joli texte, Costic. Elle me plaît, votre Consuelo. La nouvelle contrainte me plaît aussi... un peu de militantisme fait du bien, par ces temps de consumérisme exacerbé.

Contribution du : 30/12/2012 15:44
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Re : Contraintes contrastes
Expert Onirien
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Combien de temps encore ce jardin paradisiaque survivrait-il à la pollution humaine ?

Hier encore, tout n'était que beauté, enchantement des sens et fraternité cosmique. Mais l'apparition de l'homme avait complètement changé la donne. Des papiers gras étaient venus souiller les sols, l'air était parfois irrespirable et l'eau commençait à manquer. Les hivers étaient de plus en plus doux et, en cette fin d'été, le ciel charriait un nouveau cyclone. Ce serait le cinquième de la saison, alors qu'on en comptait un ou deux par année normale, et nettement plus tard.

"de vraies sauterelles", maugréait Caïn. Il ne supportait pas cette humanité absurde qui prenait un chemin catastrophique sans même s'en rendre compte. "à se reproduire pire que des lapins, en combien de temps saturerons-nous nos maigres ressources?" avait-il questionné un matin, voyant son père Adam gâter l'eau d'une rivière en pissant dedans, sa mère Eve jeter la moitié de la nourriture du repas précédent et son frère Abel chercher frénétiquement du pétrole pour faire fonctionner un jouet parfaitement futile.

Il avait pourtant essayé de les sensibiliser. Il avait taggué des slogans, placardé des affiches, mené des happenings. Mais à défaut de conscience, il n'avait éveillé qu'un sourire condescendant chez sa mère, une colère paternelle et le mépris patent de son frangin. Pourtant il voulait les sauver! C'était pour leur bien que tous devaient revenir à une vie plus saine, plus sobre, plus respectueuse de la nature !

Rien n'y avait fait. La coupe fut pleine quand Abel décida d’assécher des marais pour y installer des machines destinées à imiter les oiseaux. Comme si les humains devaient transgresser la nature et se mettre à voler ! Cette arrogance mettait Caïn en rage.

La Raison n'avait été assez forte ? La Force leur rendrait raison !

Caché derrière son arbre, Caïn tenait un cailloux assez gros pour fracasser le crâne d'Abel sans que celui-ci ne souffre. "On peut être déterminé et compassionnel en même temps" se répétait-il en guettant le passage de sa victime.

Il espérait que l'exemple marquerait assez les esprits pour éviter le reste: la flèche pour Adam et le couteau pour Eve...

Parce que s'il faiblissait, l'humanité serait bien capable de croître et de se multiplier jusqu'à cent individus - ou même mille !!!!!

Et là, on ne pourra plus éviter le cauchemar sur Terre...

Contribution du : 02/01/2013 11:31
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La meilleure nouvelle publiée sur ONIRIS : Palimpseste est raide dingue amoureux de Lobia, inoubliable auteure de "Numéro 20"... Nous sommes ensemble depuis deux ans grâce à Oniris, la meilleure agence matrimonialo-littéraire du Monde !
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Re : Contraintes contrastes
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Chaleur
L'ascenseur me cracha au second comme un papier gras. Je n’avais plus qu’à avancer jusqu’à la porte, entrer.
La petite pièce vibrait de reflets bleutés. Les plis sages des rideaux ondulaient comme s’ils respiraient à peine. Antoinette Cazes, assise sur son pliant, tenait entre ses mains un vieux sac en plastique de l’enseigne Mammouth, aujourd’hui éteinte, comme l’espèce représentée sur son logo. Ses yeux fixes ne me voyaient pas.
Je me raclai la gorge. Elle réagit doucement :
_ C’est vous ?
_ Oui, je n’apporte pas de bonnes nouvelles.
_ C’est pas grave. Je n’ai plus peur, d’aucune nouvelle.
_ Le chauffage, cette fois ils vont le couper. Je n’ai rien pu faire.
Toujours sans me regarder elle affirma :
_ Pas grave. Je sais.
_ Vous allez avoir froid !
_ Je n’ai pas peur du froid. Je mettrai une couverture de plus.
_ Et la télévision ?
_Je ne la vois plus. J’écouterai la petite radio. Elle marche à pile.
_ Je suis tellement désolé ! Maintenant avec l’informatique… Je n’ai vraiment pu rien faire. Je fais un piètre Robin des Bois.
_ Vous avez fait ce que vous avez pu. Ils sont passés hier. Un homme, en tunique bleue, mais à la voix moins sympathique que la vôtre m’a prévenu qu’il venait remettre en route le disjoncteur. Il a dit qu’aucun “Robin des Bois” ne passerait plus. Il a bien essayé de me faire un peu parler, de me demander de vous décrire, mais je n’ai rien dit.
_ Merci.
_ C’est moi. J’ai encore un peu de gaz, vous prendrez bien un thé. Asseyez-vous.
Je m’assis sur l’unique tabouret de formica desquamé et je la regardai se lever, se diriger vers sa petite plaque. À tâtons, elle réussit à remplir sa bouilloire au dessus de l’évier délabré. Elle me dit :
— Ça, c’est l’objet le plus précieux que je possède. C’est un samovar. Il est cabossé, mais il est authentique. Mon mari me l’avait ramené de Russie. Il a connu la révolution ! Autrefois on chauffait l’eau avec des braises. Il a connu, comme moi, la vie sans EDF. Ne vous inquiétez pas.
Elle sourit. Je l’aimais ce sourire.
Elle resta debout jusqu’à ce qu’un gargouillis chaleureux glougloute. Je l’aidais à transporter les bols, à les remplir. Elle se rassit.
J’aspirai une gorgée. Trop chaude. Je me mis à tousser un peu.
Elle rit presque aux éclats cette fois, elle m’expliqua :
_ ça me rappelle mes enfants qui passaient, mes élèves, je leur apprenais : « ton thé t’a-t-il ôté la toux disait la tortue au tatou ? » ça leur plaisait.
Je vous embête, je n’ai plus que des souvenirs.
_ J’aime vous écouter.
Je lui pris sa main, blanche, douce, fraîche. Elle continua :
_ Une fois, j’ai connu un cosaque. Un vrai. Un assassin. Il était perdu ici, il languissait les roseaux fragiles des rives de la Volga. Il avait taillé dans le buis, un ours. J’ai perdu ce cadeau. Les tueurs sont souvent des hommes sentimentaux.
Le jour baissait.
Je ne me lassais pas de sa conversation. Le thé était froid. Le ciel à travers les rideaux ressemblait à un édredon gris et velouté. Quand elle s’arrêta et chercha mon regard, je lui dis que je devais partir, qu’elle aussi devrait partir, demander des aides, quitter cet appartement insalubre.
Elle me répondit comme à son habitude :
Pas question ! Ici je suis bien. C’est modeste, mais je ne suis pas capable de vivre dans un pré-cimetière collectif.
__ Je reviendrai. Je vous apporterai une couette, en duvet d’oie.
_ Non, faites-moi plaisir, ne vous en faites pas pour moi.
Je déposai un baiser sur sa joue pâle.
Dans le couloir il n’y avait plus de lumière. J’avançai à tâtons jusqu’au vieil ascenseur.

Contribution du : 03/01/2013 16:39
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Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant.
V Hugo
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Re : Contraintes contrastes
Visiteur 
Devant la psyché, Geneviève agrafe son soutien-gorge puis soupèse ses seins en connaisseuse. La chair frémit dans la dentelle avant d'être nichée dans un cache-coeur en pashmina. Puis, Geneviève fait une pause. Etalés sur son boutis, un collant, un porte-jarretelles et des bas.
Il ne tiendrait qu'à elle, elle voterait pour les bas.
"Tu mets des porte-jarretelles ? Mais tu te rends compte ?
- De quoi ? C'est joli, je trouve.
- Ce sont les hommes qui trouvent ça joli, enfin !
- Ah oui... peut-être...
- C'est certain, Geneviève. Et puis, tu trouves ça pratique ? Confortable ? C'est un véritable harnachement.
- Pas plus qu'un soutien-gorge.
- Tu as raison. C'est pour ça que je n'en mets pas, de soutif."
Sauf que Manon, elle fait un 85 A/2 qui se passe de dispositif anti-gravitationnel. Geneviève, elle, pastèque grave. Et puis flûte, pour aujourd'hui, moitié-moitié. Le haut pour elle, le bas pour Manon. Geneviève enfile son collant, puis une jupe. Elle se dit que pour une fois, les filles auraient pu choisir le pantalon, ça caille dehors, et puis ça lui aurait épargné le choix cornélien qu'elle vient de faire.
"Dérèglement climatique ou pas, on se met toutes en jupe. La jupe est notre étendard, les filles ! » a beuglé Manon pour couvrir les protestations. Quoi qu'il arrive, les réunions finissent toujours en eau de boudin, les unes négocient la tenue, les talons, le décolleté, les autres s'échangent des secrets de beauté. Geneviève aime bien cette ambiance paradoxale, toute de légèreté sur fond de militantisme. Mais tout de même, un pantalon, par le temps qu'il fait, aurait été le bienvenu. Un jean flare, par exemple, avec des escarpins compensés.
Elle allume la télévision et sourit. Le petit énervé pérore, avec son lexique de 357 mots. Le journaliste ne va pas tarder à embrayer sur la dernière saillie de sa challengeuse. C'est sympa, des élections. Ça motive les troupes, et puis ça renforce ce sentiment d'appartenance à un groupe. Lors des after-hours sur canapé, Geneviève a parfois l'impression d'être entrée dans un gynécée, un espace tiède, vaporeux, rassurant, où personne ne lui demande jamais pourquoi son passeport est établi au nom de Jean-Marc.
C'est vrai que les hommes aiment les porte-jarretelles.
Elle retire son collant, enfile les bas, fourre la barbe postiche dans son cabas verni et s'en va à la manif.

Contribution du : 04/01/2013 12:07
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Re : Contraintes contrastes
Chevalier d'Oniris
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OYE OYE joyeux lurons et inconsolables âmes en peine!
Désolé pour ce temps de latence, j'étais empêtré dans une boue humide, froide, et pourtant particulièrement chaleureuse.
Bravo à tous pour vos textes qui sont tous originaux, par contre misumena je ne décèle pas l'évènement historique dans ton texte... Serait-ce une lacune dans ma culture féministe?

Contribution du : 15/01/2013 12:32
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C'est la beauté du monde qui a fait naître la conscience des hommes...
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Re : Contraintes contrastes
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Les bottes biens campés dans la boue
Et l'esprit débordant de rêve
Ils attendent, le souffle court, la troisième somation

Ils ne sont pas soldats, puisqu'ils ne détruisent pas
Ils ne sont même pas combattants
Ils sont la nature, et elle se défend

A la lisière de cette forêt
Autour des marais et des champs
Les moteurs, de leur voix rauque, chantent la destruction

De banquets en commune
Il y a des fois des lieux
Qui s'émancipe du chaos

Il faut croire que celui-ci en est
A Notre-Dame-des-Landes, sur le bord des chemins
Les genêts sont en fleur, en plein mois de Janvier

Contribution du : 15/01/2013 12:39
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Re : Contraintes contrastes
Visiteur 
Citation :
misumena je ne décèle pas l'évènement historique dans ton texte... Serait-ce une lacune dans ma culture féministe?

Allons, allons, tankipass, penchez-vous sur le petit énervé au lexique réduit et au discours analogique, sur son adversaire et sur les élections. Ça y est ? Bien sûr, cela n'est valable que si l'on considère qu'une élection présidentielle est un évènement historique.

Contribution du : 15/01/2013 12:40
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Re : Contraintes contrastes
Chevalier d'Oniris
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LA NOUVELLE CONTRAINTE SERA D'ECRIRE UN TEXTE SUR LE THEME "LES JOIES DE LA NEIGE" (a prendre au premier ou second degrés selon que vous ayez une âme d'enfant ou des pneus usés...) EN Y INCLUANT AU MOINS TROIS ONOMATOPEES.
RAMASSAGE DES COPIES DIMANCHE PROCHAIN, DES RETARDS D'UN OU DEUX JOURS SERONT ACCEPTES.
MERCI A TOUS POUR VOS CONTRIBUTIONS.

Contribution du : 15/01/2013 12:54
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Re : Contraintes contrastes
Visiteur 
Shebam !
Je l'ai prise pleine tronche. Un peu sonné, je parviens à trouver ma narine gauche avec mon index droit. T'as vu, chérie ? Trop fort.
Putain, je saigne !
Chérie, je saigne !
Chérie ?

Wiiizzz !
Elle est posée par terre, hilare après une glissade d'anthologie.
Et elle se marre comme une baleine.
Ou comme un bossu.
Soyons consensuel : j'accepte la baleine à bosse.

Tilt...
La baleine évolue avec grâce dans le salon, et gratte sa bosse sur toutes les aspérités des murs. Moi, je m'en fous, je suis le capitaine Achab et je vais lui faire la peau dès que j'aurais mis la main sur le stock de harpons, dans le placard de la cuisine.
Y'a pas à dire, c'était de la bonne.

Contribution du : 15/01/2013 13:07
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Re : Contraintes contrastes
Chevalier d'Oniris
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Ok. Oui c'est vrai c'est un évènement historique, je voyais plus le coté livre d'histoire (révolution, waterloo, tout ça...) mais ça fonctionne également. Du coup c'est l'élection de Sarko j'imagine? C'est la seule qui ait donné lieu à des manif je crois...

Contribution du : 15/01/2013 13:07
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