Vous avez tous bien rempli le contrat. Je ne saurais dire lequel je préfère, l'inspiration est au romantisme c'est vrai. Il fallait penser au Château d'If, Tizef, une rime prise au vol et la muse s'envole ! Bon travail.

Merci Mona et voici le sonnet de Hérédia

Un peintre
A Emmanuel Lansyer.

Il a compris la race antique aux yeux pensifs
Qui foule le sol dur de la terre bretonne,
La lande rase, rose et grise et monotone
Où croulent les manoirs sous le lierre et les ifs.

Des hauts talus plantés de hêtres convulsifs,
Il a vu, par les soirs tempétueux d'automne,
Sombrer le soleil rouge en la mer qui moutonne ;
Sa lèvre s'est salée à l'embrun des récifs.

Il a peint l'Océan splendide, immense et triste,
Où le nuage laisse un reflet d'améthyste,
L'émeraude écumante et le calme saphir ;

Et fixant l'eau, l'air, l'ombre et l'heure insaisissables,
Sur une toile étroite il a fait réfléchir
Le ciel occidental dans le miroir des sables.

Bravo Tizef, belle évocation du gardien de phare, qui est décidément à la mode en ce moment sur Oniris (le sonnet d'Alex, la nouvelle de Gerwal...). Restif de la Bretonne, le Chateau d'If, il fallait y penser !

Voici de nouvelles rimes, si vous les acceptez :


tranquille ---- voici --- ville --- souci
vile --- merci --- servile --- ici
années --- surannées --- souriant
arche --- Orient --- marche

Ave Meleagre ! Je prends et te propose...


Comment diable traiter les rimes que voici ?
J’avais pourtant rêvé d’un samedi tranquille
Depuis que les gamins, repartis pour la ville,
Ont fait de mon logis la villa sans souci.

Mais il n’en sera rien, car je pressens qu’ici
Pour bâtir un sonnet qui ne soit point trop vile
Et remplir mon contrat sans paraître servile,
Méléagre en douceur, me tient à sa merci.

De ces terminaisons quelque peu surannées
Je me serais bien ri voilà quelques années
Et même accommodé du perfide Orient.

Hélas, mes chers amis, en prenant pied sur l’arche
Des septante printemps, la course devient marche
Quand bien même l’écrit vous semble souriant…

Rien ne sert de courir, comme dirait l'autre, et tu es parti à point ! Pas eu le temps encore de me pencher sur ces rimes...
J'aime beaucoup cet humour, Alex, et cet art d'écrire un sonnet sans en avoir l'air et sans vouloir le faire. J'espère que ces rimes ne t'ont pas trop torturé (euh, "un sonnet... vile" ?).

oh ! Alex ! On est bien loin de Baudelaire et de son "Recueillement" (c'est mon poème préféré) et je l'ai tellement dans la tête que je me demande ce que je vais pouvoir construire sur ces rimes-là... Enfin on va essayer ! Le ciel fasse que je m'en sorte aussi bien que toi...

Et oui Meleagre, un vile sonnet si tu préfères ! Ceci dans le sens de méprisable sonnet ou de sonnet à bas prix, je te laisse le choix...

Pardon Alex pour cette vile question, mais ne dit-on pas plutôt un sonnet vil ?
Sauf si c'est une fille bien sûr, mais dans ce cas on dirait plutôt une sonnette.

Spleen

Je n’ai plus de désirs, adieu les nuits tranquilles,
Mon âge me rattrape et vieille me voici.
Je fuis les hurlements, le bruit des grandes villes,
Mais le poids des douleurs me tient à sa merci.

Je ne saurais blâmer les attitudes viles
De ceux qui vivent mal, sans honte et sans souci ;
Ils prennent leur plaisir dans les vices serviles
Mais ils ont une excuse, ils ne sont pas d’ici.

Le temps a filé vite et le poids des années
Accable mon présent, mes amours surannées…
Quand je passe sans bruit, visage souriant,

Nul ne dresse pour moi le triomphe d’une arche !
Que ce soit du Levant ou du bel Orient,
J’entends la douce mort qui s’avance et qui marche.