Très beau texte costic ainsi que les autres.

Encore un très bon cru cette semaine, joli mélange de plumes, beaucoup d'imagination, de la nostalgie, des peines de coeur, à chaque fois une agréable surprise. On attend la suite, vite des contraintes !!!

Aucun doute, la richesse des interprétations est bien liée à la diversité. Vive la pluralité !
Pour Acratopege je suis bien fourmicidée ascendant pétiolée…

La nouvelle avait finit par faire le tour des cimetières. Depuis le plus profond de leurs trous, tous se levaient alors que le Grand Noir tombait sur leurs sépultures.

C'est fini pour les auteurs! Le puit des âmes en est maintenant plein et l'enfer les renvoit dans le monde des lecteurs. Les prédictions antiques se réalisent tandis que s'écroule le monde.

Assoiffés par l'abstinence de contraintes, les oniriens sortent de leur mortelle léthargie hebdomadaire pour hanter les lieux de leur ancienne vie. On les voit trainer de forums en salons, l'oeil vide, le cheveux cassant et le teint verdâtre. Parfois ils se risquent en chat, commentent furtivement, hantent l'Espace Lecture... Comme quand ils étaient vivants, alors que maintenant, ils ne sont plus que d'improbables pantins mus par un reliquat d'instinct.

Sevrés de leur nourriture du dimanche, les pauvres créatures se sentent abandonnées. Elles errent sans but, psalmodiant "des contraintes, des contraintes"... Que ne feraient-ils pas pour que le temps qui passe ramène à leurs chairs contraintes les plaisirs de les cris, synonymes de félicité et surtout de vitalité ?

"Il faut écrire!" dicte quelque sombre reste de leurs vies très passées... Il savent tellement combien les écrits restent tandis que les paroles s'envolent aux vents pires...

Sommes nous des légendes ?

Oh merci, Palimpseste, il fallait que quelqu'un
Ose en ces lieux maudits dire la vérité,
Faire éclater le manque à gueule de requin
Qui dévore nos cœurs et nous prive d'été!

A Palimpseste j'avais mis un i grec,
Troublé sans doute par le manque et l'absence
De contraintes. Et j'ai corrigé cette affaire
Sans plus m'occuper de raison ni de rimes.

Une maille que l’on saute au tricot de la vie.
Indigence et incomplétude de la semaine.
Manque d’Elle.
Dénuement et détresse oh combien bien brossée dans la peinture de ces spectres à la dérive, je compatis et partage votre détresse.
Et ce temps passe…que deviens notre pourvoyeur ?

devient

Jeudi soir...

Mon poignet n'en peut plus: je n'ai pas eu de contraintes depuis plus de dix jours.... ça me travaille grave...

Avant, toutes les semaines se finissaient en beauté: un p'tit coup de contrainte et hop! ça détend... en plus, c'est bon pour la santé, ai-je lu dans un article scientifique de Paris Match. Et puis y'a pas de mal à se faire du bien, comme c'est publié périodiquement dans Psychologies Magazine.

Mais là, la contrainte n'est pas venue dimanche dernier. J'ai essayé d'appeler le pseudo qui nous met en contact, mais personne n'a répondu. Je me suis fait une raison, en pensant que la contrainte espérée viendrait le lendemain, même s'il faut envisager que c'est un moyen d'augmenter son tarif.

Mais depuis, rien du tout... Pas une visite, pas un mot, que dalle !

J'en peux plus du tout... C'est trop dur, d'être laissé à soi-même sans attention, sans humanité... Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter cette abstinence?

J'ai les tripes prêtes à exploser... Il ne faudrait pas grand chose. Quand je descends dans la rue, le moindre petit empêchement me fait un effet terrible. Je suis dans un tel état de manque que j'irais me jeter dans le premier carcan un peu ouvert, plonger dans certains commandement bien arrondis, mettre la main au panier de n'importe quel impératif suggéré. Mais je suis trop timide... Alors je regarde passer toutes les magnifiques contraintes, bien corsetées dans leurs vêtements d'hivers, déambuler librement et se pendre au cou des autres. Moi, je n'ai droit à rien qu'à les regarder de loin, quand elles embarrassent d'autres auteurs et crée des obligations à des écrivains plus beaux ou riches que moi... La vie, c'est dégueulasse... Pourquoi je n'aurais pas droit à la douceur d'une contrainte? Je suis un être humain comme les autres, pourtant!

Mais je suis un auteur bien, pas le genre de porc qu'on trouve chez certains éditeurs. Peut-être que je devrais, finalement. Choisir une contrainte qui ne se doute de rien, la suivre dans un passage sombre et lui sauter dessus pour y décharger ma plume et noircir mes 2500 caractères! Mais voilà... Je suis trop doux, trop hésitant et surtout trop veule pour adopter un tel comportement de scribouillard agressif.

Je pourrais aussi fermer les yeux... imaginer une contrainte rien qu'à moi et écrire avec... c'est facile... je la prendrais Gironde, genre "écrire avec 33 mots" ou "glisser le nom de trois grands-crus"... Et puis je pourrais aussi prendre plusieurs contraintes en même temps.

Ah! regarder un trio --que dis-je? un quatuor, un heptuor!-- de contraintes s'effeuiller langoureusement face à soi !

Il y a des gens qui n'ont aucune autre vie d'écriture que les contraintes imaginées. Ils se contentent d'une écriture de fantasme... C'est vrai qu'à bien y réfléchir, on se demande si ce n'est pas la meilleure solution, pour les auteurs vivant dans l'isolement. Un peu d'imagination et voilà qu'on peut faire défiler devant ses yeux les cadres les plus rigoureux, les jougs les plus sulfureux et des servitudes multiples, enchevêtrées dans la plus torride des emmêlements...

Sauf que non !

Je serai F-O-R-T et n'irai pas céder à la tentation d'une telle exigence rapide et solitaire....

Je ne me ferai pas d'auto-contrainte... ça ferait tache et je n'aime pas souiller mon page...

Je pose la question en toute simplicité: L'absence de contrainte explicite, exprimée, manifeste, ne serait-elle pas la pire des contraintes, forçant les auteurs désemparés à fouiller sans peur au fond des malles de sentiments funestes qui croissent dans les âmes poétiques laissées en friche, à l'abandon, comme si nous vivions tous, solitaires, sur une île de roc et de sable d'où notre voix n'est entendue de personne?