@Méléagre
Le compteur horaire en fait foi, tu n'as guère mis plus d'une demi-heure à composer ton sonnet robinson.
Le sujet doit drôlement te tenir à coeur.

@Alex
Le seul mot sauvage produirait donc le même effet que le goût ( ou le parfum) des madeleines ?

Salut la compagnie !

Tout d'abord et sans flagornerie, ce qui n'est pas de mise en ces lieux, je suis longtemps resté assis au coin de la cheminée du poète que nous a rallumée Mona... Superbe poème s'il en est !

Pour ce qui du mot sauvage, tizef, s'il est accolé à Eau il me rappelle en effet ce parfum que portait mon épouse et dont j'ai "bénéficié" durant des décennies. Tu as raison, c'est un peu comparable à la madeleine de Proust.

Meleagre, bravo pour ta célérité... Outre ce que t'a rappelé Mona, on trouve deux fois le mot "eau" dans le tercet de chute, un piège à éviter si possible. Ca ne m'a pas empêché d'apprécier ta robinsonnade bien tournée...

Bravo Alex, tu as été inspiré sur ce coup-là ! Je n'aurais jamais pensé à l'Eau sauvage... Une belle évocation de la femme aimée. J'accroche un peu moins avec les deux derniers vers, dont je ne saisis pas la portée. Et dans le premier tercet, je mettrais bien un peu plus de ponctuation ( ":" avant le dialogue, et des virgules).

Tizef, j'ai dû mettre bien 3/4h ou 1h ; ce qui a été le plus long, c'est d'essayer d'éviter les hiatus et les fautes de diérèses, Sorgel en main. D'ailleurs, Mona, Sorgel marque (p. 18 sur les hiatus) : "Il existe 4 exceptions admises de tout temps : après les interjections Ah ! eh ! oh !" Alors ? Au départ, je voulais mettre "Et à l'égal..." mais j'ai dû corriger...

Chers amis d'Ouessant, n'en prenez pas ombrage,
Pour naviguer, votre île est un très sale coin.
On dirait que Neptune, en fureur, a pris soin
De semer de récifs votre côte sauvage.

Mais croiser par beau temps le long de ce rivage
Est un plaisir intense. On y vient de très loin,
(Le vieux phoque du Stiff s'en portera témoin)
Dans des coques de noix, sans crainte du naufrage.

Il faut être un peu fou pour cingler en ce lieu
Dans un si frêle esquif. Ou croire qu'un bon Dieu
Se penche, bienveillant, sur notre destinée.

C'est sans doute le cas. Très bientôt je serai
Pagayeur en retraite. Et lors, je me plairai,
Contant d'anciens exploits devant la cheminée.


NB/ Désolé si je sors un peu beaucoup des sujets poétiques.
Mais je manie plus volontiers la pagaie que le calame et si je m'entraine ici, c'est aussi pour bricoler quelques petits pouèms destinés à épater mes copains kayakistes. Je joins en quelque sort l'agréable à l'agréable

Bigre cher Zef, sur ce coup là tu as fait très fort !
Pagayer par le travers d'Ouessant n'est pas chose facile, le vieux phoque du Stiff, un cousin du vieux phoque de Portsall, m'en est témoin, mais écrire ces 168 syllabes de cette manière non plus !
Je ne sais pas ce que tu entends par poésie, mais ce sonnet est enlevé d'une façon magistrale ; je critiquerai (un poil) le dernier vers pour lequel j'aurais bien vu, simple suggestion, :

C'est sans doute le cas. Très bientôt je serai
Pagayeur en retraite. Et lors, je me plairai
A conter mes exploits devant la cheminée.

De plus je n'ai pas détecté la moindre faute de prosodie...
Bravissimoooooooo !

Joindre l'agréable à l'agréable, quel beau concept ! Y a-t-il vraiment des sujets poétiques, ou plus poétiques que d'autres ? Certes, il y a des sujets plus empruntés, plus rebattus en poésie. Mais les autres peuvent avoir une puissance poétique insoupçonnée, et tu nous le montre bien. Ce qui est marrant, c'est que tu reprends la tradition de poésie maritime, de poésie de voyage, mais avec un kayak au lieu d'un voilier, ce qui est pour le moins innovant ! Je ne peux pas juger de la prouesse sportive, mais le résultat littéraire y est. Une préférence pour les vers 3-4, et pour le 1er tercet (et d'accord avec la suggestion d'Alex).

Merci les gars, en premier jet j'avais aussi écrit "A conter mes exploits... ", plus naturel, mais j'ai crains le hiatus avec "plairai"

Je ne savais pas s'il était ou non considéré comme tel lors d'un rejet.

Excuses Meleagre pour le plagiat, mais je n'ai trouvé rien d'autre qui corresponde à un naufrage...

La complainte du survivant

Je suis vraiment tombé sur une île sauvage
Et sans aucun secours, ni l’ombre d’un témoin
Venu se perdre ici dans ce sinistre coin ;
Quelle aventure, aussi, ce stupide naufrage…

Seul rescapé, je crois, je scrute le rivage
Mais ne voit nul bateau se profiler au loin.
Les singes désormais pourront bien prendre soin
De moi, de ma santé, sans que j’en prenne ombrage…

Quand j’aurai visité peut-être m’y plairai,
Car pour combien de temps esseulé j’y serai ?
Il faut me résigner à morne cheminée,

Sans compagnon de route, en d’aussi pauvres lieux !
Si Vendredi m’arrive, envoyé par les dieux,
Je pourrai tolérer ma triste destinée.

Tu es plus savant que moi Meleagre pour les hiatus, j'ignorais ces exceptions et vais en user et abuser à l'avenir, tu peux me croire !

Non Tizef, du moment que tu vas à la ligne cela ne fait pas hiatus (enfin pas à mon sens) c'est dans le corps d'un vers que 2 voyelles ne doivent pas se heurter. Bulle peut-être pourra éclairer notre lanterne ?

Ton sonnet est magnifique. Moi j'avoue être un peu à bout de souffle en ce moment et la muse me délaisse because problèmes de santé... ça ira mieux dans quelques temps, j'espère.